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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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ne plus les rouvrir. Il dit, «   Morris, si je ne passe pas la nuit, je veux que tu continues avec la solution.
    â€” Ne pensons pas à ça. Tu devrais te reposer pour le moment.
    â€” Je me suis dit que si tu enduisais ta peau de graisse de porc avant de pénétrer dans l’eau, cela limiterait sans doute les dégâts.
    â€” Très bonne idée, Hermann.   »
    Il suffoqua. Puis dit, «   J’ai l’impression que nous nous connaissons depuis longtemps.
    â€” Moi aussi.
    â€” Et je regrette vraiment que tu aies dû mourir avant.
    â€” Ça va mieux à présent.
    â€” Je voulais t’aider. Je pensais qu’on pourrait être amis.
    â€” Nous sommes amis.
    â€” Je suis, dit-il, je suis.   » Il ouvrit grand la bouche et un son étrange sortit de ses entrailles, comme si quelque chose en lui s’était brisé. De quoi s’agissait-il   ? Je ne crois pas qu’il ait souffert, car il n’a pas poussé de cri de douleur. Je posai ma main sur sa poitrine et sentis son cœur palpiter. Une bouffée d’air s’échappa de sa bouche, son corps eut un sursaut puis il redevint immobile, et le temps s’arrêta pour Hermann Kermit Warm. Son bras droit tomba du lit de camp, et je le remis en place. Lorsqu’il tomba à nouveau je le laissai là où il était, et sortis de la tente. Charlie était toujours assis près du feu. Tout le reste était comme avant, à l’exception d’un détail d’importance.

 
    Une demi-douzaine d’Indiens étaient à présent en train de parcourir notre campement. Ils fouillaient dans nos sacs et examinaient nos chevaux et nos mulets, à la recherche de tout objet de valeur. À l’instant où je sortis de la tente, un Indien qui tenait un fusil me fit signe du canon de son arme de m’asseoir près de Charlie, ce que je fis. Ni mon frère ni moi n’étions armés, puisque nous avions laissé nos ceinturons roulés sous nos selles posées par terre, comme nous en avions l’habitude lorsque nous bivouaquions. Mais même si Charlie avait été armé, je ne sais pas s’il aurait réussi à dégainer. Il resta assis, à l’écart, à regarder les flammes, en jetant de temps à autre un regard à nos visiteurs, mais sans la moindre intention de les affronter.
    Le seau d’or était posé entre nous, et je pense qu’il serait passé inaperçu si Charlie n’avait pas essayé de le dissimuler sous son chapeau, ce qui éveilla les soupçons de l’Indien au fusil qui s’avança vers nous et envoya valdinguer le chapeau. Son expression était grave, et il ne sourcilla pas lorsqu’il vit le contenu du seau, qu’il trouva néanmoins suffisamment intéressant pour appeler ses congénères et leur dire d’abandonner leurs recherches. Tous s’accroupirent alors autour du feu pour observer ce qu’il y avait à l’intérieur du seau. L’un d’entre eux éclata de rire, ce que les autres n’apprécièrent guère, et ils lui demandèrent, sauf erreur de ma part, de se tenir tranquille. Un autre me regarda et m’interpella avec brusquerie. Je crus qu’il me demandait où nous avions trouvé tout cet or, et je lui montrai du doigt la rivière   ; il me jeta un regard méprisant. Ils déversèrent en parts égales le contenu du seau dans des sacs en peau de veau. Après quoi, ils se levèrent et entamèrent une conversation des plus sérieuses, en nous désignant tour à tour, Charlie et moi. L’Indien au fusil pénétra dans la tente de Warm et tressaillit. À y repenser à présent, cette réaction n’était pas digne d’un Indien. Mais c’est pourtant exactement ce qu’il fit. Il tressaillit comme une vieille femme et se précipita hors de la tente en trébuchant, les mains sur la bouche et les yeux écarquillés d’horreur. Il fit signe aux siens de reculer vers la rivière, et leur décrivit ce qu’il venait de voir. Ils firent demi-tour tous ensemble et disparurent dans la pénombre. Je trouvai curieux qu’ils ne nous aient pas pris nos pistolets, nos chevaux ou nos vies, mais ils devaient nous tenir pour des pestiférés ou des lépreux. Ou peut-être avaient-ils

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