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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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»
    Son regard erra de l’autre côté de la cour. Il y eut un autre grondement de tonnerre, après un éclair qui illumina son visage à l’expression mélancolique. « Mon mari me manque encore, bien que sa mort remonte à trois ans. On raconte que je l’ai épousé pour son argent, mais je l’aimais. Et nous étions amis.
    — C’est une chose qui compte, dans un mariage. »
    Elle inclina la tête et sourit. « Mais il m’a laissé les souvenirs du temps que nous avons passé ensemble, et un statut de veuve. Je suis une femme indépendante, messire Shardlake, et c’est un grand privilège.
    — Je suis sûr que vous en êtes digne, madame.
    — Tous n’en diraient pas autant. » S’écartant un peu, elle alla se mettre à côté de la fontaine, face à moi dans la pénombre.
    « Le sergent Marchamount vous admire, hasardai-je.
    — Je ne l’ignore pas. Comme vous le savez, je suis née Vaughan. J’ai passé le début de ma vie à apprendre le maintien, la broderie et à lire suffisamment pour avoir quelque talent de conversation. L’éducation d’une femme bien née est fort ennuyeuse. J’avais envie de hurler tant je me morfondais, alors que la plupart des jeunes filles semblent bien s’en accommoder. Voilà, maintenant, vous allez me trouver insolente. C’est vrai que je n’ai jamais pu résister à l’envie de mettre mon nez dans les affaires des hommes.
    — Loin de moi l’idée de vous trouver insolente. Au contraire, je partage votre avis. » Brusquement, l’image des filles Wentworth me traversa l’esprit. « Je trouve moi aussi les jeunes filles accomplies très ennuyeuses. » À peine avais-je prononcé ces mots que je le regrettai, car ils pouvaient lui laisser croire que je cherchais à lui faire la cour. Je trouvais beaucoup de charme à lady Honor, mais je ne souhaitais pas du tout qu’elle s’en doutât. Après tout, elle figurait encore au nombre des suspects.
    « Lady Honor, poursuivis-je, j’agis au nom de lord Cromwell. Si… si quelqu’un tente de faire pression sur vous, de vous arracher des informations concernant ces papiers, il vous donnera sa protection.
    — Certains disent qu’il ne sera bientôt plus en mesure de l’offrir à qui que ce soit s’il ne réussit pas à trouver une solution aux difficultés conjugales du roi.
    — Ce ne sont là que des rumeurs. La protection qu’il peut vous offrir pour l’heure est bien réelle. »
    Je la vis hésiter un moment. Elle m’adressa un sourire, au demeurant fort réservé. « Je vous sais gré de votre sollicitude, mais je n’ai pas besoin de protection. » Elle se détourna quelques instants, puis me regarda à nouveau avec un sourire qui avait retrouvé sa chaleur. « Pourquoi n’êtes-vous pas marié, messire Shardlake ? Est-ce parce que toutes ces femmes ordinaires vous ennuient ?
    — Sans doute. Mais… je ne suis pas un parti très séduisant.
    — Pour des yeux aveugles, peut-être. Certaines personnes attachent un grand prix à l’intelligence et à la sensibilité. C’est la raison pour laquelle je m’efforce de mettre une compagnie choisie autour de ma table. » Je vis qu’elle me regardait avec attention.
    « Certes, mais le mélange est parfois instable, dis-je, pour détourner la conversation vers la plaisanterie.
    — C’est le prix à payer lorsqu’on met en présence des hommes aux opinions différentes, dans l’espoir qu’une discussion devant une bonne table pourra permettre de les surmonter. »
    Je levai un sourcil « Peut-être certaines discussions offrent-elles aussi un amusant spectacle ? »
    Elle rit et leva un doigt : « Vous m’avez percée à jour. Mais d’habitude, cela ne prête pas à conséquence. Le duc peut être charmant en société, lorsqu’il est à jeun.
    — Vous aimeriez voir votre neveu retrouver certaines prérogatives de la famille. Une place à la cour, aux côtés du roi ? »
    Norfolk pouvait offrir cela, contre des informations sur le feu grégeois, peut-être ? Était-ce la raison pour laquelle il avait d’abord fait bonne figure au jeune garçon, avant de l’ignorer ?
    Elle pencha la tête. « J’aimerais que ma famille retrouve ce qu’elle a perdu. Mais peut-être mon jeune neveu n’est-il pas celui par qui cela se produira. Il n’est exceptionnel ni par l’intelligence, ni par la robustesse. Je le vois mal aux côtés du roi.
    — On dit que les manières du roi sont parfois plus rudes que celles du duc. »
    Lady Honor haussa les sourcils. «

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