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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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gauche. Königsegg retint son souffle pour mieux entendre, s’avança à pas de loup et jeta un œil dans la cuisine.
    Une table, deux chaises et un placard complétaient un fourneau maçonné dans un coin. Une discrète odeur de poisson pourri empestait l’atmosphère, mais elle ne semblait pas provenir du fourneau. À travers les vitres sales, il aperçut une corde à linge tendue au-dessus de l’arrière-cour.
    Il se retourna, l’arme toujours au poing, traversa le couloir et pénétra dans la chambre en apparence tout aussi négligée que la cuisine. Ici, l’aménagement se limitait à une table, un lit, une table de chevet, une armoire et un poêle en fonte éteint. Lorsqu’il s’avança au centre de la pièce, il faillit lâcher son revolver en apercevant, entre le mur et le lit, les deux cylindres en cuivre dans lequel le miracle de la coagulation avait eu lieu. Pendant un court instant, il nourrit l’espoir fou de trouver le collier dans l’un des deux. Mais celui de gauche était vide et celui de droite ne contenait qu’une bobine de fil épais et noirâtre.
    Naturellement, pensa-t-il, il était fort improbable que le professeur conservât un collier de cette valeur et une quantité équivalente d’or dans un appartement aussi mal protégé, un appartement qu’il n’avait sans doute loué que pour recommencer son numéro. Cela étant, on n’était jamais sûr. Rien ne lui interdisait de poursuivre son inspection.
    Il s’agenouilla en gémissant pour jeter un coup d’œil sous le lit. Rien. Ensuite, il souleva le matelas et le palpa avec soin, sans plus de résultat. Il regarda dans le tiroir de la table de chevet, mais n’y découvrit qu’un tire-bouchon et des couverts. Il contrôla les deux livres posés sur la table de nuit pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’attrapes – il ne fallait pas le prendre pour un imbécile, tout de même –, mais non, c’était une vraie bible et un vrai roman français. Pour finir, il prit une fourchette pour forcer le tiroir de la table, ouvrit le poêle et remua les cendres froides à l’aide du tison. Rien. Il ne restait plus que la penderie.
    L’intendant en chef s’approcha de l’armoire, tourna la clé vers la droite d’un geste prudent, entendit le déclic de la serrure et constata que la porte s’ouvrait d’elle-même, comme si le sol était en pente. De toute évidence, le meuble devait être plein à craquer. Il donna un coup d’épaule pour repousser dans le fond ce qui menaçait de tomber, mais en vain. La pression parut au contraire s’amplifier. Il fit donc un pas en arrière et lâcha la clé.
    À ce moment-là, il vit une tête, puis des épaules et, enfin, un corps recroquevillé qui s’abattit sur le terrazzo dans un bruit sourd. C’était la première fois qu’il trouvait un cadavre dans un placard. Il lui fallut par conséquent un certain temps avant de comprendre que celui qui gisait à ses pieds n’était autre que le professeur.
    Celui-ci avait basculé sur le flanc, mais sa tête était tournée vers le plafond, manifestement sous l’effet d’une grande violence. La bouche et les yeux grands ouverts lui donnaient une expression de surprise. Königsegg pensa sans le vouloir à un homme qui suit la trajectoire d’une fusée pendant un feu d’artifice. Comme on pouvait supposer que le professeur n’était pas entré de plein gré dans l’armoire où il se serait brisé la nuque en essayant de fermer la porte, le général en conclut cependant qu’il avait été assassiné.
    La première pensée qui lui traversa l’esprit fut de quitter l’appartement aussi vite que possible. La deuxième fut de fouiller malgré tout les poches du mort. Il n’eut pas le temps d’en concevoir une troisième car il entendit soudain des pas dans le couloir, des pas lourds et traînants. Königsegg se retourna, sortit à nouveau le revolver de sa poche et ôta la sécurité. Quand la silhouette apparut dans l’embrasure, il baissa le chien.
    La femme qui s’était arrêtée de marcher tout à coup et le fixait à présent de ses yeux écarquillés pouvait avoir une cinquantaine d’années. Elle tenait à la main un panier contenant du pain et une bouteille de vin. Et il ne fallait pas beaucoup d’imagination pour deviner ce qui lui traversait l’esprit. Elle avait devant elle un homme qui la menaçait avec un revolver et, par terre, le professeur immobile, la bouche béante et la tête tournée dans une position

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