Les Mystères de Jérusalem
empruntaient.
Avant d'arriver à l'intérieur du b‚timent, il se trouva pris dans une foule compacte de visiteurs : vieux, jeunes, femmes ou 339
hommes, familles avec enfants, Arabes ou juifs.,.. Loin sur la droite, devant une autre entrée, il vit arriver des ambulances, toutes sirènes hurlantes, qui disparaissaient dans l'immeuble. En écoutant les conversations autour de lui, il comprit qu)il s>agissait là des urgences, le lieu o˘ l'on soignait les malades etles blessés récemment admis, et pensa qu'Ahmed se trouvait probablement dans cet immeuble-là. Au moment o˘
il se dégageait de la foule, un jeune garçon de l'‚ge d'Ahmed vint à sa hauteur et lui prit doucement le bras.
Le vieil homme s'immobilisa; le garçon murmura
- R ch‚tie qui R décide, Ilpardonne à qui R décide, Allahfort au-dessus de tout.
En d'autres circonstances, Salem Chahin el-Husseini se serait contenté de reconnaître la sourate V. Mais, en l'occurrence, il reconnut surtout la phrase prononcée au téléphone par ceux qui l'avaient prévenu que son petit-fils venait d'être blessé et qu'il lui fallait se rendre à l'hôpital.
Néanmoins, presque machinalement, il répondit :
- Soit béni. Allah akbar. (Puis il ajouta:) je suis venu comme on me l'a demandé, et je voudrais voir Ahmed.
- Pas maintenant, chuchota le garçon. Tu ne dois pas entrer dans l'hôpital.
- Pourquoi?
- Les policiers israéliens sont avec ton petit-fils. Si tu y vas, ils t'arrêteront. Viens, tu dois me suivre.
- O˘ ça ?
- Pas loin. Ne fais pas d'histoires, tu vas nous faire remarquer. Suis-moi.
Le garçon fila devant Salem Chahin sans se retourner. L'un derrière l'autre, ils parvinrent dans l'immense parking de l'hôpital. Aussi vite que le vieux pouvait avancer, le garçon se glissait entre les voitures immobiles. Parvenu à hauteur d'un minibus Mazda, il se retourna vers Salem Chahin et, du bout des doigts, frappa doucement contre la carrosserie. La porte coulissante s*ouvrit sur le côté du minibus. Salem Chahin se trouva face à deux hommes.
- Monte, dit le plus ‚gé en l'invitant de la main.
Salem Chahin el-Husseini regarda son guide disparaître entre les innombrables voitures. En fait, depuis qu'il avait reçu le coup 340
de téléphone lui donnant la phrase de reconnaissance, il se doutait bien que cela finirait ainsi. Il n'avait pas besoin d'observer longtemps ces deux hommes pour reconnaître des militants du Hamas.
Le plus ‚gé était courtaud et rond. Sa moustache, pareille à un petit cube noir accroché sous son nez busqué, lui donnait l'air inoffensif, mais ses iris, si noirs qu'ils engloutissaient les pupilles, disaient toute la détermination et l'attention de leur possesseur. L'autre, plus grand et plus jeune, présentait un beau visage qu'abîmait cependant une cicatrice lui remontant du cou jusqu'à l'oreille, curieusement tranchée en deux.
Celui-là, on ne l'oubliait pas après l'avoir vu. Salem Chahin était certain de l'avoir entendu, un jour, haranguer les clients d'un café de Bethléem.
- Monte vite, répéta l'homme en tendant la main pour l'aider.
Salem Chahin se rendit compte que le moteur tournait. Il S'engouffra dans le minibus et, tel un vieil oiseau repliant ses ailes, arrangea délicatement les pans de sa djellaba en prenant place sur la banquette qu'on lui désignait. Aussitôt, la porte coulissante se referma, et le minibus quitta sa place. Un rideau à carreaux bruns empêchait de voir le conducteur depuis les sièges arrière.
L'homme à l'oreille coupée dit
- Nous savons que ton petit-fils Ahmed a été blessé par la police. Ce n'est pas très grave, une blessure à la cuisse ou à la hanche. Si la police Isra'il ne le tue pas, il survivra.
- Pourquoi? Pourquoi l'ont-ils blessé?
- Il a essayé de voler une valise à un juif étranger. C'était un piège, Dans son mouvement de surprise, le keffieh de Salem Chahin el-Husseini avait glissé sur son front. Il le releva de ses doigts tordus par les rhumatismes. Ses grands yeux étaient noyés de douleur et d'incompréhension.
- Pourquoi Ahmed irait-il voler un juif?
L'homme à la moustache répondit d'une voix douce
- Il y avait quelque chose de très important dans cette mallette. quelqu'un a demandé à ton petit-fils de la voler. Il ne l'a pas fait pour lui-même.
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Il y eut un long silence pendant lequel Salem Chahin réfléchit à ce qu'il venait d'apprendre, tandis que les deux hommes du Hamas le regardaient. E
se rendit
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