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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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sot préjugé, et j’étais fort content
que le vent ayant tourné, la Cour meshui portât aux nues l’ingéniosité et la
dextérité que Louis mettait à ces travaux.
    S’il parlait peu à son habitude, il parlait moins encore
quand il était ainsi occupé. Toutefois, tout en fabriquant ces fusées, il
demeurait fort attentif à son entourage, prêtant l’oreille à ce qui se disait
autour de lui. C’est ainsi qu’oyant le docteur Héroard me demander à voix basse
des nouvelles de ma seigneurie d’Orbieu, il reprit à voix haute la question. En
peu de mots, sachant qu’il aimait que les récits fussent brefs, je lui contai
l’incident de mon bois de Cornebouc et le bannissement des deux incendiaires.
    — Vous fîtes bien de punir ces méchants, dit-il sans
lever les yeux de sa tâche. En mes enfances, un confesseur me voulut persuader
que la mansuétude était la première vertu d’un roi. Mais moi qui me ramentevais
que mon père n’avait pas fait grâce au maréchal de Biron, je lui répondis qu’à
mon sentiment, le premier devoir d’un roi, c’était la justice.
    Pour Louis, c’était là un long discours dont la philosophie,
à y penser plus tard, me paraît expliquer les sévérités de son règne, que
d’aucuns trouvèrent excessives et qui ne l’eussent pas, se peut, été autant, si
la rigueur de Louis ne s’était pas trouvée mariée à l’implacabilité du cardinal
de Richelieu.
    Je vis bien que tous ceux qui étaient alors avec Louis se
trouvèrent comme étonnés que Louis fût d’humeur à prononcer ce jour-là trois
phrases de suite. C’est qu’à la vérité, il ne se sentait plus d’aise et non
sans raison. En obtenant le rappel de Monteleone, le renvoi des dames
espagnoles et en interdisant le libre accès au nouvel ambassadeur des appartements
de la reine, il avait enfin réussi à despagnoliser son épouse. Ne
demeuraient, en effet, auprès d’elle de son ancienne patrie que son médecin,
son confesseur et une vieille femme de chambre.
    Toutefois, contrairement à notre attente, le succès politique
de Louis n’eut pas tout de gob la conséquence privée que nous en attendions.
Nous fûmes donc déçus qu’en dépit des promesses faites par lui à Don Fernando
de Giron, Louis, après le partement des dames espagnoles ne fit pas la moindre
tentative pour mettre fin au « délaissement » de la reine en
accomplissant ce que le nonce Bentivoglio appelait en termes galants la perfezione de son mariage.
    Le père Arnoux, par des conseils chuchotés en les
confessions du roi, le nonce, par des paroles jusque-là discrètes, Don
Fernando, par un silence pesant, et par-dessus tout Luynes, tous continuaient à
exercer sur Louis une forte et quasi quotidienne pression. Mais plus encore que
ces objurgations, les événements eux-mêmes, par une très étonnante coïncidence,
paraissaient, par la force de leur exemple, pousser Louis à répondre à
l’attente générale : en cette fin d’année 1618 et en ce début de l’année
1619, la Cour de France n’était, en effet, occupée que de mariages. Chrétienne,
l’aînée des deux sœurs cadettes de Louis, devait épouser le prince de Savoie et
une autre de ses sœurs, mais celle-ci, comme on dit, « naturelle » , Mademoiselle de Vendôme, fille d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées,
devait s’unir au duc d’Elbeuf.
    Ma belle lectrice se ramentoit peut-être que j’ai déjà
mentionné dans les pages de ces Mémoires [24] à l’occasion du sacre de Louis
Treizième, le jeune et charmant duc d’Elbeuf, lequel se trouvait (il est vrai
de la main gauche) quelque peu mon cousin, étant un Guise de la tige d’Aumale.
De cinq ans plus âgé que Louis, il avait souvent en ses enfances joué avec lui
à Saint-Germain, à Vincennes et au Louvre.
    Marquis d’Elbeuf à sa naissance, à cinq ans il fut nommé duc
et pair. C’est en cette capacité qu’il dut aller, lors du sacre de Louis qui
avait alors neuf ans, déposer un baiser sur les joues du petit roi. Survint
alors un incident qui fit sourire les uns et toucha fort les autres. Louis, qui
commençait à se lasser des accolades ducales, et d’autant qu’il savait par son
défunt père ce que valait l’aune de ces grimaces-là, fut tout content de voir
surgir devant lui le jeune duc d’Elbeuf. Et retrouvant, à voir son compagnon de
jeu, l’espièglerie de son âge, il affecta de s’essuyer la joue à l’endroit où
le duc d’Elbeuf lui avait baillé un

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