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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Quand bien même ils l’eussent fait, la mère n’y aurait prêté
aucune attention.
    Ayant la chance d’être moi-même un homme, je supposai
qu’il me fallait me ranger à cette opinion, apparemment majoritaire, selon
laquelle les hommes étaient infiniment supérieurs aux femmes et devaient donc
être choyés comme tels. Il n’en demeurait pas moins que j’avais acquis une
expérience certes modeste mais effective dans le domaine sexuel et qu’elle
m’avait permis de comprendre que, sous ce rapport, une femme ou une fille était
aussi désirable que fonctionnelle. Si elle n’était ou ne pouvait rien être de
plus en ce monde, en tant que réceptacle au moins, elle était
incomparable, voire nécessaire, et même indispensable.
    Pas le moins du monde, insistèrent les garçons, à
nouveau pliés de rire devant ma faiblesse d’esprit. Même comme réceptacle,
n’importe quel musulman mâle était, au plan sexuel, bien plus réactif et plus
savoureux qu’une femelle musulmane, dont la sensibilité avait été émoussée par
la circoncision.
    — Attendez un instant, là..., implorai-je. Vous
voulez dire que la circoncision masculine conduirait en quelque sorte à...
    Non, non, non. Ils faisaient des signes catégoriques
de dénégation. C’est bien de circoncision féminine qu’ils parlaient. Je secouai
la tête à mon tour, incrédule. Je ne pouvais m’imaginer comment une telle
opération pouvait être pratiquée sur une créature qui ne possédait pas le candelòto des chrétiens, le zab des musulmans, cet infantile bimbin, le
minuscule organe des nourrissons. J’étais totalement mystifié et ne le leur
cachai pas.
    D’un air d’indulgence amusée, ils pointèrent du doigt
leurs propres organes tronqués et indiquèrent que l’ablation du prépuce chez le
jeune garçon n’était effectuée que pour l’identifier en tant que musulman.
Mais, dans toute famille au statut supérieur à celui de mendiant ou d’esclave,
les jeunes filles subissaient le même traitement, destiné cette fois à garantir
leur décence. Il était par exemple terriblement infamant de traiter un autre
homme de « fils d’une mère non circoncise ». Cela ne m’éclairait
guère plus.
    — Toutes les bonnes femmes [21] ...
tabzir de leur zambur, répétaient-ils
inlassablement.
    Ils expliquaient que le tabzir (quelle que fût
la signification du mot) devait dépouiller le nourrisson féminin de son zambur (Dieu sait ce que c’était) afin que, arrivée à l’âge adulte, la femme n’ait
point ces désirs lascifs qui auraient pu la conduire à l’adultère. Elle serait
ainsi à jamais chaste et au-dessus de tout soupçon, comme toute bonne femme devait
l’être aux yeux de l’islam : une chair passive, destinée à mettre au monde
le maximum de garçons durant le cours de sa morne existence. C’était certes là
un louable résultat, mais qui ne m’informait cependant guère plus, en dépit des
tentatives d’explication des garçons, sur les moyens employés par le mystérieux tabzir pour y parvenir.
    Aussi passai-je à une autre question. En admettant
que, comme pour les jeunes hommes de Venise, Ibrahim, Dahoud ou Nasser aient désiré une femme, plutôt qu’un homme ou un garçon, qui n’aurait pas été vouée dès
la naissance à l’engourdissement et à la torpeur... comment s’y
prendraient-ils, dans ce cas, pour en trouver une ?
    Nasser et Dahoud piaffèrent avec un souverain mépris.
Ibrahim leva très haut les sourcils d’un air de suprême dédain et en même temps
refit avec son majeur le geste de bas en haut, interrogateur.
    — Oui, appuyai-je, hochant affirmativement la
tête. Cette sorte de femme-là, si c’est la seule en qui subsiste un reste de
vie.
    Bien que limités dans les moyens de communication, les
garçons ne firent pas mystère que si l’on voulait absolument trouver à Acre ce
genre honteux de femme-là il fallait chercher parmi les chrétiennes qui y
résidaient. Ce ne serait pas bien difficile, sous-entendaient-ils, car ces
traînées abondaient. Je n’avais qu’à aller voir (ils me le montrèrent du doigt)
dans ce bâtiment, situé au bout de la place du marché où nous étions alors. Je fulminai,
indigné :
    — Vous plaisantez ? Il s’agit là d’un
couvent ! Un établissement de nonnes chrétiennes !
    Haussant les épaules, ils se caressèrent d’imaginaires
barbes, affirmant par là qu’ils avaient dit la vérité. Et, au même instant, la
porte du

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