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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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précaution des gants, ils n'auraient pas échappé
aux écorchures. Nicolas disposa le sac de jute sur le faîte.
Par chance, les tessons dépassaient à peine du
revêtement et il put se hisser sans dommage. Il s'assit avec
précaution et se jeta dans le vide. Il tomba mollement sur un
tapis de feuilles mortes et de terre décomposée. Il
s'écarta et aussitôt Bourdeau le rejoignit. Nicolas lui
fit signe de le suivre en longeant le mur.

    Ils atteignirent
sans encombre l'angle du parc où se trouvait la cabane du
jardinier. La porte en était ouverte et Nicolas alluma la
petite lanterne sourde après avoir fait entrer Bourdeau et
repoussé la porte. Sa lueur éclaira chichement des
outils et des semis en pots. L'échelle était là,
appuyée à la cloison. Ils s'en emparérent et,
après avoir éteint la lanterne, repartirent vers la
gauche afin de rattraper l'aile qui abritait les écuries et
l'appartement du vicomte. Nicolas reconnut le pavé sous ses
pieds et décela à l'odeur qu'ils longeaient la première
porte des écuries. Il avait oublié les rosiers de
pleine terre entre les deux ouvertures. Il buta et se prit une botte
dans les épines, manquant tomber et entraîner Bourdeau.
Une extrémité de l'échelle heurta le mur. Un
long hennissement et le bruit de sabots d'un cheval réveillé
déchirèrent le silence. Ils retinrent un moment leur
respiration, puis tout se calma. Il était heureux, pensa
Nicolas, qu'aucun chien ne hantât l'hôtel de Ruissec, car
ils eussent été faits ! Il évita le deuxième
massif de rosiers, situé précisément à la
verticale du cabinet de toilette.

    L'échelle
fut dressée au jugé et appliquée contre le mur.
Nicolas prit la précaution d'enlever ses bottes, à la
fois pour être plus à l'aise et pour éviter le
bruit et les traces. Il se trouva à bonne hauteur du premier
coup. Il sentit sous ses doigts la vitre de l'œil-de-bœuf
et la poussa doucement après avoir repéré sa
moulure inférieure. L'ouverture n'était pas très
large et il comprit qu'il lui serait impossible de se glisser à
l'intérieur : l'extrémité de l'échelle
était trop basse. Après un instant de réflexion,
il redescendit et expliqua la situation à Bourdeau. Celui-ci
décida de rapprocher la base de l'échelle du pied du
mur tout en la décalant vers la gauche. De cette manière,
Nicolas aurait les pieds à la hauteur de l'œil-de-bœuf
et, de côté, pourrait s'introduire dans la pièce.

    La deuxième
tentative fut la bonne ; en se tenant à la force des bras et
sans que le cadre ne cède, il parvint à se glisser,
puis à progresser jusqu'à l'instant où il sentit
le dessus de la table de toilette. Des objets roulèrent, il
remettrait de l'ordre ensuite. L'essentiel était atteint, il
était à pied d'œuvre.

    Debout en
équilibre instable sur le meuble fragile, il allongea
prudemment les jambes jusqu'au sol. Il s'accorda quelques minutes
pour calmer les battements de son cœur. Après quoi, il
ralluma la lanterne sourde, s'orienta et poussa la porte donnant sur
la chambre. Rien n'avait bougé depuis sa première
visite. Tous les objets étaient demeurés en place. Il
observa seulement que la lampe bouillotte sur le bureau avait
retrouvé un emplacement plus normal. Il traversa la chambre
et, de l'autre côté de l'alcôve, poussa la porte
dissimulée dans la boiserie qui donnait accès au petit
réduit-bibliothèque.

    Nicolas entreprit
un inventaire systématique de son contenu, comparant certains
titres avec la liste d'auteurs qu'il avait relevée dans la
bibliothèque de M. de Noblecourt. L'ensemble mêlait dans
le plus grand désordre ce qu'on s'attendait à trouver
chez un homme jeune de bonne famille, officier de surcroît –
ouvrages d'escrime ou d'équitation, Mémoires d'hommes
de guerre, littérature légère et même
galante - et des livres de scolastique. Nicolas nota avec intérêt
que nombre d'entre eux étaient dus à des jésuites.
La régularité avec laquelle il retrouvait ces volumes
religieux ou polémiques l'intrigua. Des signets et des marques
à la mine de plomb signalaient les passages qui exposaient les
justifications du meurtre légitime des rois. Il frémit
d'horreur

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