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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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des Gaulois, Concilium Galliarum , et que des concours d’éloquence et des jeux sanglants se dérouleront dans l’amphithéâtre.
    Quelqu’un crie : « Les chrétiens aux lions ! »
    Toute la foule hurle, obligeant les porteurs de torches à remonter vers la demeure du légat.
    Les mots battent les murs, les ébranlent.
    « Ordonne leur arrestation ! Maintenant, maintenant ! Juge-les, livre-les au bourreau ! »
     
    Je vois Martial Pérennis entouré des centurions de la XIII e cohorte urbaine. Il s’arrête devant chacun d’eux, les dévisage. Les officiers se taisent. Seul le tribun Numisius Clemens dit qu’il faut accorder au peuple de Lugdunum ce qu’il réclame.
    « Les chrétiens, ajoute-t-il, ne font pas partie de la communauté humaine, celle des citoyens de l’Empire. Ils se conduisent comme des animaux pervers et incestueux, et leurs superstitions nuisent à l’Empire. Ils refusent de prendre les armes pour défendre Rome. Ils ne sacrifient pas en l’honneur des dieux protecteurs de la cité. Ils ne reconnaissent pas la divinité de César.
    « Ne pas les arrêter, conclut le tribun Clemens, c’est créer le trouble dans la cité. Notre cohorte et tes prétoriens ne suffiront pas à contenir la foule des Gaulois. Ils sont des milliers qui viennent de toutes les provinces de Gaule. À leur retour, ils raconteront ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont fait. Toute la Gaule sera touchée. Ce que tu vas décider ici, Martial Pérennis, aura des conséquences chez tous les peuples de Gaule, les Éduens et les Helvètes, les Arvernes et les Belges. »
     
    Je me rappelle que Martial Pérennis s’est avancé vers moi.
    J’ai soutenu son regard qui me scrutait. Il exigeait un avis. J’ai cité les pensées de l’empereur qu’il répétait si souvent devant moi :
    « Garde la tête froide – voilà ce que dit Marc Aurèle. Il ajoute : Révère les dieux et secours les hommes. »
    Martial Pérennis a eu un mouvement d’humeur, haussant l’épaule gauche, sa bouche tordue par une grimace.
    « Tu ne me dis rien !, m’a-t-il reproché.
    — Tu es le légat impérial, tu décides seul.
    — Mais toi, l’un des plus proches compagnons de Marc Aurèle, tu dois savoir ce qu’il veut ?
    — Il dit : "Que toutes nos actions servent à accomplir totalement la vie sociale."
    — On ne peut être plus clair », a alors lancé le tribun Clemens.
    Martial Pérennis a encore hésité, tête baissée, mains derrière le dos, oscillant d’un pied sur l’autre comme s’il avait voulu que le mouvement de son corps reflète son indécision.
    Puis, tout à coup, il s’est raidi, a écarté les centurions, s’est avancé sur la terrasse.
    Les torches éclairaient le moutonnement noir de la foule. Elle a hurlé en apercevant le légat que des prétoriens, portant eux aussi des torches, escortaient.
    Martial Pérennis a de nouveau tendu les bras et quand le silence s’est rétabli, il a martelé qu’à compter de cet instant, tous ceux qui célébraient le culte de Christos et propageaient sa superstition ne devaient plus paraître ni aux thermes, ni sur le forum, ni dans aucun lieu public, ni même se présenter dans des maisons privées. Ils étaient exclus de la cité, puisqu’ils avaient choisi de ne plus faire partie de la communauté humaine.
    La foule a hurlé, puis a commencé à s’engouffrer dans les rues conduisant de la cité de Fourvière aux faubourgs d’Ainai, là où vivaient au bord du fleuve les Orientaux, Syriens ou Phrygiens, et où se retrouvaient les chrétiens.
     
    Martial Pérennis a quitté la terrasse.
    Il s’est arrêté devant moi et a murmuré :
    « La chasse a commencé. »

 
     
43
    Combien de chrétiens sont morts sur les quais d’Ainai, dans les rues et sur le forum de Fourvière, roués de coups, lapidés, écartelés par la foule qui les pourchassait avec la rage d’une meute poussant des clameurs plus sauvages que des aboiements ?
     
    Je ne me souviens pas d’avoir assisté à cette chasse, et pourtant les visages de cette femme, de ce vieillard sont devant moi, ensanglantés. On a brisé leurs dents, écrasé leurs lèvres en les frappant à coups de pierres. On a ainsi voulu effacer leur sourire, la douceur de leurs traits.
    Il ne faut plus qu’ils puissent prier, chanter, remercier Christos de les appeler à Lui.
    Il faut qu’ils cessent de répéter « Christianus sum ».
    « Tu es chrétien ?, hurle la foule. Alors tu vas

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