Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
qui voulait l’entendre qu’il ne ferait jamais appel à ce faux jeton et confiait toutes ses affaires au notaire Boileau de Chambly. Malgré la réputation douteuse du notaire de Pointe-Olivier, Ovide était curieux de connaître les motifs de cette invitation.
    Pétrimoulx habitait { l’opposé de la demeure des Johnson, au nord de l’église, donc { l’entrée du village lorsqu’on arrivait du côté de Saint-Hilaire.
    Après une chevauchée de plusieurs heures, Ovide fut heureux d’attacher son cheval devant une maison en bois pièce sur pièce. Cherchant son mouchoir, il épongea son front dégoulinant de sueur avant d’enfiler sa veste qu’il avait enlevée pour être plus { l’aise, puis toqua { la porte. Au bout d’un moment, une femme maigre et sèche, au visage résolument fermé, vint lui ouvrir.
    — Oui ? fit-elle du bout des lèvres.
    — Votre maître est-il à la maison ?
    — Vous parlez sans doute de mon mari, répondit madame Pétrimoulx, vexée.
    Ovide se confondit en excuses.
    — Je n’avais jamais eu l’honneur de vous être présenté, madame Pétrimoulx, fit-il en tentant de baiser la main de la dame, qu’elle s’empressa de retirer.
    Ursule Pétrimoulx détestait tous ces gens qui débar-quaient chez elle { toute heure. C’était un trait de caractère plutôt malencontreux pour une épouse de notaire, et malheureusement, il n’améliorait guère son humeur.
    — En effet, je ne vous connais pas.
    Ovide déclina son nom qui n’impressionna pas plus la dame. «Pas commode, la bonne femme Pétrimoulx», constata le jeune homme. La rumeur faisant état de la mésentente du ménage du notaire s’avérait. Leurs disputes dépassaient trop souvent des murs de leur maison pour que personne, à Pointe-Olivier, n’ignore les déboires conjugaux du ménage. Madame ne se gênait guère pour laisser voir la petite estime dans laquelle elle tenait son mari et lui, par conséquent, avait parfois la main prompte.
    — Mon mari est occupé avec notre engagé. Il ne peut vous recevoir.
    Ovide insista.
    — Si vous aviez l’obligeance de simplement l’avertir de ma présence à votre porte, chère madame, je ne le retiendrai pas longtemps.
    Sans répondre, madame Pétrimoulx lui referma la porte au nez. Stupéfait, Ovide resta un moment à contempler le heurtoir de bronze à tête de lion qui ornait la porte. Il hésita. Attendre un moment ou rebrousser chemin ? Il allait remonter en selle lorsqu’il entendit la voix essoufflée du notaire.
    — Monsieur de Rouville, attendez !
    Le notaire, chapeau de paille sur la tête, sabots de bois aux pieds et vêtu simplement d’une culotte et d’une chemise, { l’habitant, secoua ses mains pleines de terre.
    — Vous me surprenez pendant mes travaux de jardinage, s’excusa-t-il. Vous avez fait bon voyage à Québec ? Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer, je vous reviens dans une meilleure tenue.

    Une demi-heure plus tard, Ovide de Rouville faisait lentement tourner un verre en cristal fin afin d’admirer la robe d’un porto millésimé que venait de lui servir son hôte.
    Il le huma longuement, en amateur.
    Pétrimoulx était bien décidé à flatter le jeune Rouville pour l’attirer dans ses griffes, sachant que celui-ci y trouverait largement son compte. La plupart des habitants de Pointe-Olivier étaient clients { son étude. Rien n’échappait au notaire, détenteur de tous les secrets importants, et si Rouville père lui tenait la dragée haute, c’était une grave erreur que le fils saurait éviter en choisissant de s’allier au seul notaire du village. Pétrimoulx savait que le vieux militaire détestait les embarras administratifs et négligeait la gestion de ses terres ; le jour viendrait où il faudrait bien remettre de l’ordre dans tout ce fatras. Et ce jour-l{, l’héritier des fiefs Rouville serait heureux de l’avoir de son côté.
    — Eh bien, notaire ! Vous savez choyer vos invités, commenta Ovide de Rouville en dégustant le vin à petites gorgées.
    — Je pourrai volontiers vous en procurer quelques-unes, avança son hôte de sa voix doucereuse en désignant la bouteille de porto. On n’en trouve pas de cette qualité à Montréal. Il faut le faire venir des Etats-Unis. .
    discrètement.
    — Lorsque l’occasion se présentera, je vous en serai redevable.
    Pétrimoulx fit un signe de tête indiquant que Rouville pouvait compter sur lui. Il laissa s’installer le silence avec nonchalance, un

Weitere Kostenlose Bücher