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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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robes à tissus unis et foncés l'hiver, et les imprimés légers pendant la saison chaude. Sa robe brune, coupée simplement, était ornée d’un ruban de velours noir, comme celui qui retenait sa capote assortie.
    EIle portait par-dessus un élégant mantelet, plutôt coquet et d’un fort joli bleu. Chez la fille aînée des Boileau, pas de colifichet ou de rubans colorés, mais des yeux charbonneux où un regard ardent brillait d’intelligence.
    Julie de Rouville examinait Marguerite en se demandant ce que les demoiselles Boileau trouvaient d’intéressant dans la compagnie d’une paysanne. «Elles ont sans doute pitié de cette parente de la campagne», songea-t-elle.
    — Préparez-vous votre mariage, mademoiselle Lareau ?
    demanda Julie pour se rendre aimable, car, c’était bien connu, les filles de la campagne se mariaient jeunes.
    — Je n’ai aucun cavalier, rétorqua vivement Marguerite, et je ne veux pas me marier non plus, mademoiselle. J’ai bien assez de m’occuper de mes frères et sœurs, ajouta-t-elle, surprise par son audace à répondre à une noble demoiselle.

    La présence de ses cousines expliquait sans doute sa témérité.
    — Alors explique-nous de suite ce que tu faisais tantôt au bras du docteur Talham, l’asticota Sophie.
    Cette fois, Marguerite fut si embarrassée qu’elle rougit violemment.
    — Je ne faisais rien du tout, rétorqua-t-elle, ne sachant pas trop quoi répondre.
    Emmélie vint à son secours.
    — Le docteur est un gentilhomme qui a offert le bras à Marguerite. Pourquoi aurait-elle refusé ?
    — Ma chère sœur, toujours empressée de défendre le docteur, la taquina Sophie.
    Ce fut au tour d’Emmélie de rougir, sans toutefois se laisser démonter par les sarcasmes de sa sœur. Sophie se moquait souvent des manières désuètes du docteur, qui était pourtant son parrain, et Marguerite riait avec elle, mais Emmélie, qui admirait l’homme pour son dévouement envers les pauvres gens, les faisait taire.
    — Que tu es frivole ! Et sotte. Tu tiens tant que ça à jouer à la marieuse avec les uns et les autres ? Serais-tu si pressée de te marier ?
    — C’est toi qui es sotte, l’interrompit Sophie en lissant soigneusement le tissu de son manteau de son adorable petite main gantée. Moi, j’ai hâte de me marier et de mener ma maisonnée comme il me plaira. Mais avant cela, j’aurai de très longues fiançailles avec un riche prétendant qui m’apportera chaque jour des bouquets et des cadeaux.
    Le duel verbal des deux sœurs commençait { amuser Julie, trop souvent seule et sans amies. Elle se lança malicieusement dans la mêlée.
    — Et combien de temps, selon vous, ces fiançailles doivent-elles durer, mademoiselle Boileau? demanda la demoiselle de Rouville d’un ton faussement sérieux.
    Sophie réfléchit un instant.
    — Diriez-vous que deux ans soit un délai raisonnable ?
    — Tout dépend. Si vous êtes très amoureuse de votre fiancé, vous souhaiterez vous marier plus rapidement, badina Julie. Et vous, mademoiselle Boileau, demanda-t-elle à Emmélie, que pensez-vous du mariage ?
    — Ma chère demoiselle, je ne songe guère au mariage, je n’ai même pas vingt ans ! Avant tout, je désire m’instruire, lire, apprendre tout ce que je peux. Je souhaite surtout prendre le temps de trouver un mari pour qui j’aurai de l’affection et de l’inclination. Croyez-vous { l’amour dans le mariage ?
    - J’espère sincèrement que cela existe, soupira Julie en pensant { ses parents qui n’avaient aucun plaisir { vivre ensemble.
    Au mieux, monsieur et madame de Rouville se suppor-iaient, mais de toute évidence, il n’y avait pas la moindre trace d’affection entre eux.
    — Mais bien sûr que cela existe, la rassura Emmélie. Nos chers parents en sont la preuve.
    — Alors mesdemoiselles, quels sont les messieurs qui occupent vos cœurs? coupa la rieuse Sophie, pour qui la discussion devenait trop sérieuse.
    — Aucun, je viens de le dire, répondit Marguerite, la première.
    — Tu nous gênes, vilaine curieuse ! rétorqua sa sœur en riant aussi. Et toi, mademoiselle la coquette, à quel malheureux as-tu offert ta dernière œillade ?

    *****
    Marie-Anne-Julie Hertel de Rouville - elle signait toujours son nom entièrement, sans omettre un seul prénom, d’une écriture étonnamment minuscule - se plaisait beaucoup en compagnie des demoiselles Boileau, les rares jeunes filles de Chambly fréquentables de par leur âge et leur

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