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Mélancolie française

Mélancolie française

Titel: Mélancolie française Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Zemmour
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onusienne. Villepin avait ainsi renoué avec la politique traditionnelle de la monarchie française de protecteur des « petits » et des faibles contre l’empire ; mais il avait modernisé cette antique stratégie en la parant des atours modernistes du droit international. Un mariage paradoxal entre le cardinal de Richelieu et Aristide Briand. L’alliance continentale ne dura pas ; les Américains entreprirent méthodiquement de la rompre, renouant avec la vieille tactique britannique du « diviser pour régner ». Le chancelier Schröder fut remplacé par Angela Merkel, qui ramena l’Allemagne dans les bras américains ; le Russe Poutine ne prit pas au sérieux les seuls Français.
    À la veille de l’élection à l’Élysée de son ancien élève Nicolas Sarkozy, Édouard Balladur avait au contraire défendu, dans un livre passé inaperçu, l’alliance des démocraties rassemblées au sein d’un Occident assiégé démographiquement, et demain économiquement, voire militairement. Ce concept d’« alliance démocratique » réinventé par les néoconservateurs américains avait déjà servi à l’Angleterre au XIX e siècle pour glorifier le rôle du lieutenant français contre les régimes autoritaires et archaïques allemand et russe, qui menaçaient sa domination industrielle (Allemagne) et géostratégique (le grand jeu avec la Russie autour de l’Afghanistan, pas loin de l’Inde), comme aujourd’hui les pays autoritaires, Chine, Russie (sans oublier l’Iran islamique) contestent la suprématie des États-Unis. Alors qu’il défendait son choix otanien, Nicolas Sarkozy devenu président n’hésita pas à affirmer qu’il réintégrait ainsi « la famille occidentale ». Louis-Philippe l’emportait sur Napoléon et Talleyrand sur Richelieu.
    Les balladuriens comme les chiraquiens paraient leur stratégie des oripeaux glorieux de l’Europe. Jacques Chirac et Gerhard Schröder avaient tendu la main à Vladimir Poutine, pour fonder une Europe réellement indépendante des États-Unis, après que les Britanniques et les pays d’Europe centrale eurent rallié l’intervention de George Bush en Irak. Le président Sarkozy décida le retour de la France dans les instances militaires intégrées de l’OTAN, pour convaincre des alliés européens rétifs qu’il n’y avait pas conflit mais complémentarité avec une défense européenne.
    Dans son plaidoyer, le président Sarkozy insista beaucoup – au contraire de sa dilection habituelle pour la spectaculaire rupture – sur la continuité de son action par rapport à ses deux prédécesseurs, François Mitterrand et Jacques Chirac. Il n’avait pas tort. À la chute du mur de Berlin et de l’Union soviétique, le président Mitterrand jugeait que la fin de la guerre froide rendait vaine l’Alliance atlantique. L’Europe de la défense devait dans son esprit la remplacer. Il ne trouva personne pour l’édifier avec la France. Au contraire, la première guerre du Golfe trouva les soldats français aux côtés de l’allié américain au nom de la défense du « droit international » mis à mal par l’invasion du Koweït par les troupes irakiennes. En 1993, les troubles en Bosnie conduisirent le président Mitterrand à accepter que les avions français fussent déployés en Italie sous commandement de l’OTAN ; puis le chef d’État-major des armées assista aux réunions du comité militaire de l’Alliance pour chacune des opérations militaires où nos forces étaient engagées. Un engrenage que décrit l’amiral Lanxade, alors chef d’État-major des armées françaises : « C’était la première fois que la France participait à une opération de l’OTAN. Mitterrand a accepté, bien malgré lui, de se rapprocher du commandement intégré, parce qu’on ne pouvait engager nos forces dans le cadre de l’Alliance sans être impliqués dans la planification. » En 1995, le président Chirac rendit cette participation permanente. Au Kosovo, puis en Afghanistan, Chirac participa de nouveau aux opérations militaires sous l’égide de l’OTAN. Allant au bout de cette logique, Chirac envisagea sérieusement de ramener officiellement la France dans les instances intégrées de l’Alliance atlantique. Il finit par y renoncer, devant le refus hautain des Américains d’accorder à un général européen la direction du commandement sud et en particulier de la fameuse 6 e flotte basée à Naples. Encore et toujours Mare nostrum ! En 2004,

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