Mémoires de 7 générations d'exécuteurs
n’avaient, pas été trouvées chez mon grand-père, mais bien dans le corps de bâtiment occupé par Rozé, et qui était entièrement séparé de la maison. Quant au parti que les aristocrates auraient pu tirer des services et des talents de Charles-Henry Sanson, s’ils eussent été les plus forts, en voyant tout à l’heure celui que vont en tirer messieurs les démocrates au milieu de leurs victoires, nous serions tentés de nous demander si leurs adversaires eussent pu être de cette force-là.
A un autre :
Courrier de Paris dans les provinces et des provinces à Paris , par M. GORSAS, citoyen de Paris , de l’imprimerie de Quillau :
Il s’est beaucoup agi de l’exécuteur des arrêts criminels dans les dernières séances (Assemblée nationale du 24 décembre 1789). Pendant que l’on s’occupait fort à propos de son éligibilité et de sa non éligibilité, il s’occupait, lui, des moyens de se rendre éligible. Par exemple, il avait chez lu. des presses où s’imprimaient tous ces abominables libelles qu’on faisait circuler dans les provinces, pour les exciter à la révolte et au meurtre. C’était dans la laide et tortueuse rue Saint-Jean, dans la maison odieuse d’un bourreau, que se tenaient des assemblées dont les honorables membres s’occupaient utilement à rédiger leurs pensées ; c’était de ce foyer impur que s’élançaient ces écrits incendiaires qu’on faisait circuler ensuite sous le cachet respectable de l’Assemblée nationale…. Quels sont les auteurs de ces exécrables produits ? On n’en sait rien ; mais, nous le répétons, ils circulaient sous le cachet de l’Assemblée.
Ces presses sont enlevées, et l’honorable bourreau est arrêté ; il a été constitué prisonnier dans les prisons de la Force. On assure cependant qu’il se tirera d’affaire ; il a des amis puissants, qui prouveront peut-être qu’on a commis en sa personne un crime de lèse-citoyen, et qui le prouveront avec autant d’éloquence qu’on a prouvé à l’Assemblée nationale qu’il devait être éligible.
L’Espion de Paris et des provinces, ou nouvelles les plus secrètes du jour , sans nom d’auteur, imprimé chez GUILLAUME JUNIOR, à Paris :
L’exécuteur des hautes œuvres a subi avant-hier son interrogatoire ; ses réponses n’ont rien de satisfaisant pour ceux qui voudraient avoir des renseignements sûrs et certains touchant la fatale conspiration dont sa maison était le foyer. C’était là que se tenaient des assemblées nocturnes présidées par des aristocrates qui ne rougissaient pas de s’associer à un homme qui, tôt ou tard, aurait été obligé de se venger par état, sur cette horde de Catilina, des maux qu’ils préparaient aux amis de la Constitution. C’était dans ce repaire que s’imprimaient les libelles incendiaires qui tendaient à soulever le peuple. Cet agent aristocratique, bien préparé, a soutenu que son emplacement étant trop grand, et le nombre des pauvres qui venaient l’assaillir trop multiplié, il en avait loué une partie pour faire l’aumône à son aise ; en vérité, cette action est digne des plus grands éloges. Après un trait aussi .humain, nous serions tenté de croire qu’il n’est point coupable ; mais suivons son interrogatoire, écartons, toute animosité, et nous prouverons sans, crainte ce que nous avons avancé : l’hôte aristocratique ne connaissait pas ses locataires, ni leur état, et n’avait pris aucune information. Cette réponse-ci ne vaut pas la première ; sa conscience commençait déjà à lui reprocher son forfait, et si l’on n’eût pas craint d’abuser de l’embarras où il se trouvait, peut-être nous eût-il mieux informé. Ne perdons pas courage, dans quelques jours nous en saurons davantage.
Ce charmant journal anonyme, dont le titre, rempli d’atticisme, se complétait par cette gracieuse épigraphe : le mot d’espion ne fait peur qui aux coupables, pensait sans doute que le mot de bourreau ne devait effrayer que les innocents, et c’est pour cela qu’il faisait à Charles-Henry Sanson une guerre si loyale. Du reste, ce numéro, le second de sa publication, fut son chant du cygne ; il cessa de paraître. Il annonçait des nouvelles si secrètes, qu’elles étaient ignorées même de ceux qu’elles concernaient, car le prétendu interrogatoire subi par mon aïeul est complètement imaginaire.
Nous allons pourtant retrouver cette
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