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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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nécessaires, il communiqua son plan à plusieurs personnes dont il reçut plus d’éloges que d’espèces.
    Trois racoleurs, nommés Morel, Turcati et Marquies le dénoncèrent, et, dans la nuit du 25 décembre, le comité institué par l’Assemblée nationale pour rechercher les crimes de lèse-nation, faisait arrêter le marquis et la marquise de Favras, à leur domicile de la place Royale.  
    Dès le lendemain de l’arrestation de M. de Favras, une main anonyme donna à la conspiration un chef, ou un complice d’un rang bien autrement élevé, que l’ancien lieutenant des gardes suisses de Monsieur.  
    Voici la circulaire qui fut répandue par milliers dans la ville :
    « Le marquis de Favras a été arrêté avec madame son épouse la nuit du 24 au 25, pour un plan qu’il avait fait de soulever trente mille hommes, pour faire assassiner M. de Lafayette et le maire de la ville, et ensuite nous couper les vivres. Monsieur, frère du roi, était à la tête.  
    « Signé BARAUX. »  
    Cette dénonciation anonyme, car il était probable que le sieur Baraux n’existait que sur le papier, n’en excita pas moins une vive émotion dans la ville, et l’opinion publique avait acquis un tel prestige que M. le comte de Provence ne dédaigna pas de répondre à l’accusation. Cette dernière se corroborait, du reste, par le bruit beaucoup mieux fondé que, dans quelques unes des démarches qu’il avait hasardées auprès des banquiers, M. de Favras s’était dit autorisé par le prince, pour souscrire en son nom un emprunt de deux millions.
    Le 26 au soir, M. le comte de Provence se rendit à l’Hôtel-de-Ville, et adressa le discours suivant à la commune.
    « Messieurs,
    « Le désir de repousser une calomnie atroce m’amène au milieu de vous. M. de Favras a été arrêté avant-hier par ordre de votre comité des recherches, et l’on répand aujourd’hui, avec affectation, que j’ai de grandes liaisons avec lui. En ma qualité de citoyen de la ville de Paris, j’ai cru devoir venir vous instruire moi- même des seuls rapports sous lesquels je connais M. de Favras.  
    « En 1772, il est entré dans mes gardes suisses, il en est sorti en 1775, et je ne lui ai pas parlé depuis cette époque. Privé depuis plusieurs mois de la jouissance de mes revenus, inquiet sur les paiements considérables que j’ai à faire en janvier, j’ai désiré pouvoir satisfaire à mes engagements sans être à charge au trésor public. Pour y parvenir, j’avais formé le projet d’aliéner des contrats pour la somme qui m’était nécessaire : on m’a représenté qu’il serait moins onéreux à mes finances de contracter un emprunt. M. de Favras m’a été indiqué, il y a environ quinze jours par M. de la Châtre, comme pouvant l’effectuer par deux banquiers, MM. Schaumel et Sartorius. En conséquence, j’ai souscrit une obligation de deux millions, somme nécessaire pour acquitter mes engagements du commencement de l’année, et pour payer ma maison ; or, cette affaire étant purement de finance, j’ai chargé mon trésorier de la suivre, je n’ai point vu M. de Favras, je ne lui ai point écrit, je n’ai eu aucune communication avec lui, ce qu’il a fait d’ailleurs m’est parfaitement inconnu. »
    Cette déclaration que le frère du roi appuyait de chaleureuses protestations de patriotisme, en rappelant habilement les sentiments libéraux qu’il avait montrés dans l’Assemblée des  notables, fut accueillie avec enthousiasme non seulement par la Commune, mais encore par la foule qui stationnait devant l’Hôtel-de-Ville
    Le peuple n’était pas encore accoutumé, à rencontrer des princes du sang parmi ses courtisans. La démarche de MONSIEUR caressait les premiers élans d’orgueil que la nation puisait dans la conscience de son importance. Le comte de Provence regagna le Luxembourg au milieu des cris qui l’amnistiaient de tout soupçon, mais ces cris préludaient à ceux qui allaient exiger la mort de M. de Favras.
    Dès le 8 janvier, il s’était formé devant le Châtelet un attroupement considérable qui demandait la tète de l’accusé.
    Le 18 février, il comparut devant ses juges.
    Au moment où on l’introduisait dans le prétoire, quelques clameurs, que le respect dû au tribunal comme à l’accusé était impuissant à contenir, éclatèrent parmi les assistants, et à la contenance de l’auditoire, à l’attitude morne et défaite des magistrats, M. de Favras

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