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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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vêtement.
    — Tu ne l'as pas vu partir ?
    — Je dormais.
    Hibou saisit ses épaules, mais elle lui donna un coup de genou dans le bas-ventre. L'homme se plia en deux et s'écroula.
    — Mon mari te tuera si tu oses me toucher ! hurla-t-elle en partant.
    Œuf Moucheté leva le poing.
    — Dis à ton mari que c'est ce que je pense des Chasseurs de Baleines.
    Puis il s'accroupit près de Hibou.
    — Je ne suis pas blessé, grommela Hibou en grinçant des dents.
    Œuf Moucheté secoua la tête, enfila son parka et quitta l'ulaq en hâte.
    — Je vais sur la plage voir s'il nous a laissé notre ik ! Viens dès que tu peux.
    Waxtal s'installa sur la fourrure de phoque et mit ses mains au-dessus de la petite flamme de sa lampe de chasseur. La défense de morse sculptée gisait à sa droite, l'autre à sa gauche. Il se trouvait sur un îlot à l'est de l'île des Chasseurs de Baleines et avait repéré une saillie à flanc de montagne. Il y avait dressé son camp à un endroit d'où il pouvait surveiller la mer. Le vent soufflait vers les terres, froid et humide, le mordant jusqu'à l'os.
    Comme son suk en fourrure des Premiers Hommes était usé, il se planta, la lampe entre ses jambes, puis se rassit, les bords de son vêtement contre le sol. La chaleur de la lampe enveloppait ses jambes. Il ferma les yeux tandis que la chaleur gagnait son ventre et sa poitrine.
    Quand il s'installa de nouveau sur la peau de fourrure, il entonna une incantation, des mots de louange dont il espérait qu'ils plairaient aux esprits proches.
    Dans le froid, ses lèvres étaient raides et sa voix ténue, presque comme celle d'une femme.
    Pourquoi les esprits rendaient-ils les choses si difficiles ? Pourquoi envoyer la pluie et le froid le premier jour de son jeûne ? Comment vivre sans manger au milieu d'un vent qui ôtait toute chaleur au corps ? Il était déjà assez dur d'oublier un ventre vide. Comment rester en prières quand on tremblait de froid ?
    Waxtal arrondit ses mains sur la lampe à huile et poursuivit sa mélopée. Son chant de grâce pour la mer, pour les animaux marins, monta de sa poitrine, coula de sa bouche et lui revint en tournoyant avec le vent. Les mots parvinrent à ses oreilles, faisant jaillir des images en lui — loutres, prestes et fluides ; phoques, gras et sombres ; lions de mer, immenses et valeureux. Il vit des morses et des baleines, des oiseaux marins et des poissons. Enfin, il vit les présents qu'apportaient ces animaux : cuirs et peaux fourrées, viande et graisse, huile, dents pour les colliers, os pour se chauffer, ivoire pour sculpter.
    Il posa les mains sur ses défenses. Elles étaient chaudes comme si elles se rappelaient la chaleur de l'ulaq Chasseur de Baleines où elles avaient reposé la dernière fois. Sous les doigts de sa main droite, Waxtal sentait les lignes qu'il avait ciselées. Leur pouvoir gagna son poignet, son avant-bras — et la chaleur se répandit de ses épaules à son cœur.
    De nouveau, il vit des animaux marins avec l'œil d'un commerçant : trois dents de lion de mer pour une griffe d'ours, un ventre de phoque d'huile pour un grattoir en os de caribou, une peau de fourrure de phoque pour trente peaux de macareux ; six ventres de lion de mer d'huile pour une cape en plumes de cormoran. Il se vit porter le parka et les jambières de caribou, les colliers et une cape en peaux d'oiseau, il se vit avec une nouvelle femme chaque nuit. Il se vit avec un ik neuf, suffisamment grand pour contenir les choses qu'il achèterait et dont la plupart des gens ne soupçonnaient même pas l'existence. Il entendit les femmes louer ce qu'il apportait ; il lut la peur dans les yeux des hommes quand ils commençaient à comprendre le pouvoir de son commerce ; il goûta la nourriture que les femmes déposaient devant lui ; il sentit leurs mains caressantes sur son bas-ventre.
    Ses chants lui revenaient toujours aux oreilles pour se perdre dans les visions de ce qu'il espérait obtenir ; ainsi, Waxtal parlait mais n'entendait pas ce qu'il disait. Et ses remerciements devinrent des remerciements à un collier de griffes d'ours ; ses prières devinrent prières à un ik de commerçants ; ses louanges, des louanges aux beaux parkas.
    — Fais ce qu'une femme est censée faire. Couds. Tresse un panier, dit Roc Dur avant de passer ses mains sur son visage. Je reviens.
    Il laissa Nombreux Bébés en pleurs dans leur ulaq.
    Il se rendit dans celui des commerçants. Ne trouvant personne, il alla

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