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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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l’ai pas vu, et il a peut-être
changé. Qu’avez-vous pensé de lui ?
    — Ma foi... Il était si occupé à chercher à savoir qui j’étais
d’abord, et ce que je faisais ensuite, qu’il n’a rien dit sur lui ; mais peut-être
ne faut-il pas voir dans cette curiosité voilée à l’égard de son interlocuteur une
indication significative et révélatrice de son caractère. Le trouvez-vous bel homme,
Margaret ?
    — Non ! Certainement pas. Et vous ?
    — Moi non plus. Mais je m’étais dit que vous seriez peut-être
d’un autre avis. Vient-il souvent ici ?
    — Sans doute, quand il est à Londres. Depuis mon arrivée,
il était en tournée. Mais, Mr Bell... arrivez-vous d’Oxford ou de Milton ?
    — De Milton. Ne voyez-vous pas que je suis fumé comme un
hareng ?
    — Si, si. Mais je croyais que c’était l’effet des antiquités
d’Oxford.
    — Allons, un peu de bon sens. A Oxford, j’aurais pu venir
à bout de tous les propriétaires de la ville deux fois plus facilement que de votre
propriétaire de Milton, qui par-dessus le marché a eu gain de cause. Il ne veut
pas nous libérer du bail de la maison avant juin de l’année prochaine. Heureusement,
Mr Thornton a trouvé un locataire. Pourquoi ne me demandez-vous pas des nouvelles
de Mr Thornton, Margaret ? Il s’est conduit en ami très fidèle, je vous
l’assure. Il m’a épargné la moitié des tracas.
    — Comment va-t-il, alors ? Comment va Mrs Thornton ?
demanda Margaret avec précipitation et d’une voix étouffée, malgré ses efforts pour
parler haut.
    — Je suppose qu’ils vont bien. J’ai logé chez eux jusqu’à
ce que les jacasseries incessantes à propos du mariage de la fille Thornton me chassent.
C’en était un peu trop pour Thornton lui-même, bien qu’il s’agisse de sa sœur. Il
allait se réfugier sans cesse dans sa chambre. Il a passé l’âge de se passionner
pour ce genre de choses, que ce soit comme principal intéressé ou comme auxiliaire.
J’ai été surpris de voir la vieille dame suivre le courant et se laisser emporter
par l’enthousiasme de sa fille pour la dentelle et les fleurs d’oranger. Je croyais
Mrs Thornton d’une étoffe plus rude.
    — Elle est femme à faire mine de s’y intéresser pour cacher
la faiblesse de sa fille, dit Margaret à mi-voix.
    — C’est possible. Vous l’avez étudiée de près, dirait-on.
Elle ne semble pas vous porter dans son cœur, Margaret.
    — Je sais. Oh ! Voici enfin le thé ! s’exclama-t-elle,
comme si elle était soulagée.
    Et avec le thé arriva Mr Henry Lennox, qui, après un dîner
tardif, avait marché jusqu’à Harley Street, s’attendant manifestement à y trouver
son frère et sa belle-sœur. Margaret le soupçonna d’être aussi heureux qu’elle de
la présence d’un tiers, car c’était la première fois qu’ils se revoyaient depuis
le jour mémorable où, à Helstone, il lui avait proposé de l’épouser et où elle avait
refusé. Au début, elle ne sut trop que dire et se réjouit de devoir s’affairer à
servir le thé, ce qui lui fournit un prétexte pour ne pas parler et donna à
Mr Lennox le temps de se ressaisir. Car à la vérité, il s’était quelque peu
forcé à se rendre à Harley Street ce jour-là, espérant pouvoir se débarrasser de
cette rencontre gênante, même en présence du capitaine Lennox et d’Edith – et il
fut d’autant plus gêné lorsqu’il découvrit que Margaret était la seule femme présente
et qu’à ce titre il était obligé de lui adresser l’essentiel de ses propos. Elle
fut la première à reprendre ses esprits et, après les premiers instants de gêne
et de timidité, se mit à parler de ce qui la préoccupait le plus.
    — Mr Lennox, je vous suis extrêmement obligée de tout
ce que vous avez fait à propos de Frederick.
    — Je regrette seulement que mes entreprises aient eu si
peu de succès, répliqua-t-il en jetant un rapide coup d’œil à Mr Bell, essayant
de deviner ce qu’il pouvait dire en sa présence. Comme si elle avait lu dans ses
pensées, Margaret s’adressa à Mr Bell pour l’inclure dans la conversation et
faire comprendre qu’il était parfaitement au courant des démarches en vue d’innocenter
Frederick :
    — Ce dénommé Fforrocks, le dernier de tous les témoins,
s’est avéré aussi indisponible que les autres. Mr Lennox a découvert qu’il
s’était embarqué pour l’Australie pas plus tard qu’en d’août

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