Notre France, sa géographie, son histoire
roués, pendus,
envoyés aux galères, etc. »
8 Le bazvalan était celui qui se chargeait de demander
les filles en mariage. C'était le plus souvent un tailleur, qui se présentait
avec un bas bleu et un blanc.
II
MAINE - ANJOU - TOURAINE
Nous pouvons suivre le monde celtique, le long de la Loire, jusqu'aux
limites géologiques de la Bretagne, aux ardoisières d'Angers ; ou bien
jusqu'au grand monument druidique de Saumur, le plus important peut-être qui
reste aujourd'hui ; ou encore jusqu'à Tours, la métropole ecclésiastique
de la Bretagne, au moyen âge.
C'est à Saint-Florent, au lieu même où s'élève la colonne du vendéen
Bonchamps, qu'au IX e siècle le breton Noménoé, vainqueur des
Northmans, avait dressé sa propre statue ; elle était tournée vers
l'Anjou, vers la France qu'il regardait comme sa proie 1 . Mais l'Anjou devait
l'emporter. La grande féodalité dominait chez cette population plus
disciplinable que les Bretons, plus vaillante que les Poitevins et Aquitains.
La Bretagne, avec son innombrable petite noblesse, ne pouvait faire de grande
guerre ni de conquête. Les Angevins, au contraire, poussèrent au Midi jusqu'à
Saintes.
La noire ville d'Angers porte, non seulement dans son vaste
château et dans sa Tour du Diable, bâtie par Foulques-Nerra, le vrai fondateur
de la puissance des comtes d'Anjou (1100), mais sur sa cathédrale même, ce
caractère féodal. Cette église de Saint-Maurice est chargée, non de saints,
mais de chevaliers armés de pied en cap : toutefois ses flèches boiteuses,
l'une sculptée, l'autre nue, expriment suffisamment la destinée incomplète de
l'Anjou. Malgré sa belle position sur le triple fleuve de la Maine, et si près
de la Loire, où l'on distingue à leur couleur les eaux des quatre provinces,
Angers dort aujourd'hui. On ne lui en veut pas de cette apathie. C'est bien
assez d'avoir quelque temps réuni sous ses Plantagenets, l'Angleterre, la
Normandie, la Bretagne et l'Aquitaine ; d'avoir plus tard, sous le bon
René et ses fils, possédé, disputé, revendiqué du moins les trônes de Naples,
d'Aragon, de Jérusalem et de Provence, pendant que sa fille Marguerite
soutenait la Rose rouge contre la Rose blanche, et Lancastre contre York.
Elles dorment aussi au murmure de la Loire, les villes de Saumur et de
Tours, la capitale du protestantisme, et la capitale du catholicisme en France
sous les Mérovingiens. Saumur, le petit royaume des prédicants et du vieux
Duplessis-Mornay, contre lesquels leur bon ami Henri IV bâtit la Flèche aux
jésuites. Son château de Mornay et son prodigieux dolmen font toujours
de Saumur une ville historique, mais combien déchue depuis la révocation de
l'édit de Nantes, qui réduisit sa population de moitié. C'est sur le border
breton, les landes d'Anjou, population mixte chargée de garder le pays, que
poussèrent les Plante-Genets, — nom expressif pour qui a vu la Loire, — les
futurs rois d'Angleterre. Ces bruyères comme celle de Macbeth saluèrent les
deux royaumes.
Là aussi vécut le bon roi Renée , l'innocent peintre et poète
qui finit par vouloir se faire berger. Cette aimable maison d'Anjou contribua,
plus qu'aucune autre, à rapprocher tous les princes français, à réconcilier la
France avec elle-même.
Bien autrement historique que Saumur est la bonne ville de Tours, et
son tombeau de saint Martin, le vieil asile, le vieil oracle, le Delphes de la
France, que les rois mérovingiens consultent à chaque instant sur leurs
affaires et sur leurs crimes ; grand et lucratif pèlerinage pour lequel
les comtes de Blois et d'Anjou ont tant rompu de lances. Mans, Angers, toute la
Bretagne, dépendaient de l'archevêché de Tours ; ses chanoines, c'étaient
les Capets, et les ducs de Bourgogne, de Bretagne, et le comte de Flandre et le
patriarche de Jérusalem, les archevêques de Mayence, de Cologne, de
Compostelle. Là, on battait monnaie, comme à Paris ; là, on fabriqua de
bonne heure la soie, les tissus précieux, et aussi, s'il faut le dire, ces
confitures, ces rillettes, qui ont rendu Tours et Reims également
célèbres ; villes de prêtres et de sensualité. Mais Paris, Lyon et Nantes
ont fait tort à l'industrie de Tours. C'est la faute aussi de ce doux soleil,
de cette molle Loire ; on peut dire que cette ceinture de la France est
détendue, flottante ; le travail
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