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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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roués, pendus,
     envoyés aux galères, etc. »
    8 Le bazvalan était celui qui se chargeait de demander
     les filles en mariage. C'était le plus souvent un tailleur, qui se présentait
     avec un bas bleu et un blanc.

II
    MAINE - ANJOU - TOURAINE
    Nous pouvons suivre le monde celtique, le long de la Loire, jusqu'aux
     limites géologiques de la Bretagne, aux ardoisières d'Angers ; ou bien
     jusqu'au grand monument druidique de Saumur, le plus important peut-être qui
     reste aujourd'hui ; ou encore jusqu'à Tours, la métropole ecclésiastique
     de la Bretagne, au moyen âge.
    C'est à Saint-Florent, au lieu même où s'élève la colonne du vendéen
     Bonchamps, qu'au IX e siècle le breton Noménoé, vainqueur des
     Northmans, avait dressé sa propre statue ; elle était tournée vers
     l'Anjou, vers la France qu'il regardait comme sa proie 1 . Mais l'Anjou devait
     l'emporter. La grande féodalité dominait chez cette population plus
     disciplinable que les Bretons, plus vaillante que les Poitevins et Aquitains.
     La Bretagne, avec son innombrable petite noblesse, ne pouvait faire de grande
     guerre ni de conquête. Les Angevins, au contraire, poussèrent au Midi jusqu'à
     Saintes.
    La noire ville d'Angers porte, non seulement dans son vaste
     château et dans sa Tour du Diable, bâtie par Foulques-Nerra, le vrai fondateur
     de la puissance des comtes d'Anjou (1100), mais sur sa cathédrale même, ce
     caractère féodal. Cette église de Saint-Maurice est chargée, non de saints,
     mais de chevaliers armés de pied en cap : toutefois ses flèches boiteuses,
     l'une sculptée, l'autre nue, expriment suffisamment la destinée incomplète de
     l'Anjou. Malgré sa belle position sur le triple fleuve de la Maine, et si près
     de la Loire, où l'on distingue à leur couleur les eaux des quatre provinces,
     Angers dort aujourd'hui. On ne lui en veut pas de cette apathie. C'est bien
     assez d'avoir quelque temps réuni sous ses Plantagenets, l'Angleterre, la
     Normandie, la Bretagne et l'Aquitaine ; d'avoir plus tard, sous le bon
     René et ses fils, possédé, disputé, revendiqué du moins les trônes de Naples,
     d'Aragon, de Jérusalem et de Provence, pendant que sa fille Marguerite
     soutenait la Rose rouge contre la Rose blanche, et Lancastre contre York.
    Elles dorment aussi au murmure de la Loire, les villes de Saumur et de
     Tours, la capitale du protestantisme, et la capitale du catholicisme en France
     sous les Mérovingiens. Saumur, le petit royaume des prédicants et du vieux
     Duplessis-Mornay, contre lesquels leur bon ami Henri IV bâtit la Flèche aux
     jésuites. Son château de Mornay et son prodigieux dolmen font toujours
     de Saumur une ville historique, mais combien déchue depuis la révocation de
     l'édit de Nantes, qui réduisit sa population de moitié. C'est sur le border
     breton, les landes d'Anjou, population mixte chargée de garder le pays, que
     poussèrent les Plante-Genets, — nom expressif pour qui a vu la Loire, — les
     futurs rois d'Angleterre. Ces bruyères comme celle de Macbeth saluèrent les
     deux royaumes.
    Là aussi vécut le bon roi Renée , l'innocent peintre et poète
     qui finit par vouloir se faire berger. Cette aimable maison d'Anjou contribua,
     plus qu'aucune autre, à rapprocher tous les princes français, à réconcilier la
     France avec elle-même.
     
    Bien autrement historique que Saumur est la bonne ville de Tours, et
     son tombeau de saint Martin, le vieil asile, le vieil oracle, le Delphes de la
     France, que les rois mérovingiens consultent à chaque instant sur leurs
     affaires et sur leurs crimes ; grand et lucratif pèlerinage pour lequel
     les comtes de Blois et d'Anjou ont tant rompu de lances. Mans, Angers, toute la
     Bretagne, dépendaient de l'archevêché de Tours ; ses chanoines, c'étaient
     les Capets, et les ducs de Bourgogne, de Bretagne, et le comte de Flandre et le
     patriarche de Jérusalem, les archevêques de Mayence, de Cologne, de
     Compostelle. Là, on battait monnaie, comme à Paris ; là, on fabriqua de
     bonne heure la soie, les tissus précieux, et aussi, s'il faut le dire, ces
     confitures, ces rillettes, qui ont rendu Tours et Reims également
     célèbres ; villes de prêtres et de sensualité. Mais Paris, Lyon et Nantes
     ont fait tort à l'industrie de Tours. C'est la faute aussi de ce doux soleil,
     de cette molle Loire ; on peut dire que cette ceinture de la France est
     détendue, flottante ; le travail

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