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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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refuges car ils n’apparaissent pas, mais plus tard on retrouvera parmi eux de nombreuses victimes.
    Dans la soirée, Ninh-Binh est tombée, une centaine de survivants viets se sont rendus. Une brève enquête apprend aux légionnaires que les renseignements étaient bons : Ho Chi Minh et son état-major se trouvaient bien dans la citadelle. Ils ont passé la matinée à entasser des archives dans un vieux car Citroën. Le véhicule et une trentaine d’hommes sont partis en direction du sud (la seule possible) au moment où les premiers abris du rocher tombaient aux mains de la Légion.
    La poursuite des chefs de la rébellion se révèle des plus aléatoires, et pourtant le commandant Laimay n’hésite pas. Le bataillon prendra quatre heures de repos, pas une minute de plus, et s’élancera sur les traces des fugitifs à travers la jungle et les rizières.
    Les légionnaires sont exténués ; couchés çà et là, la plupart d’entre eux n’ont même pas la force de manger. Les civils sortis par enchantement se pressent pour leur apporter quelques bouteilles de bière ou de schoum, et les officiers leur donnent l’ordre d’enterrer les morts qui jonchent les rues.
    Dans l’arrière-salle d’une épicerie le commandant Laimay entouré des chefs de compagnie étudie les cartes et tente d’imaginer le chemin qu’ont emprunté Ho Chi Minh et son état-major. Mattei est absent, il se trouve à quelques centaines de mètres, dans une école où l’antenne chirurgicale a été dressée en toute hâte.
    Aidé du médecin-capitaine, Osling vient d’extraire les balles de l’épaule et de la hanche de Bellemare, il se retourne satisfait vers le lieutenant qui a suivi l’opération.
    « Il vivra, annonce-t-il, mais il faut l’évacuer. Les plaies sont pleines de sable, il faut le suivre de près.
    –  Je vais y veiller personnellement, réplique Mattei. Nous lui devons tous une sacrée chandelle.
    –  Un beau soldat », conclut simplement Osling.
    Le lieutenant parcourt les rues à la recherche du groupe Klauss. Il finit par découvrir ses légionnaires sur les marches d’une maison en ruine ; le petit Santini est toujours en slip, il se fige dans un garde-à-vous grotesque devant l’officier.
    « Tu crois que tu vas continuer à faire la guerre en caleçon ? Qu’est-ce que tu as foutu de tes fringues ? questionne Mattei.
    –  Mon lieutenant, le chef et deux hommes ils sont partis chercher mon pantalon et mon fusil. J’ai tout laissé dans la caverne.
    –  Bon, le commandant veut te voir. Dès que tu seras présentable rejoins-nous. Ça n’a pas été trop dur ?
    –  Mon lieutenant, la cuiller de la grenade elle s’était prise dans les poils… Ça m’a fait mal quand j’ai tiré… »
     
    Une heure avant le départ prévu, Mattei demande audience au commandant Laimay. Les deux hommes sont seuls.
    « Mon commandant, déclare Mattei, vous savez aussi bien que moi que lancer le bataillon à la poursuite des fugitifs est une entreprise vouée à l’échec. Un millier d’hommes se déplaçant sur ce terrain sera repéré sans mal un jour à l’avance et tombera dans toutes sortes de traquenards.
    –  Je sais, mais nous devons tout risquer, ce sont les ordres, je dois poursuivre.
    –  Je pense avoir mieux à vous proposer : laissez-moi précéder le bataillon de quarante-huit heures avec une vingtaine d’hommes de ma compagnie. Donnez-moi carte blanche. Je serai plus mobile et plus rapide ; seule une patrouille légère peut passer inaperçue. »
    Le commandant reste un instant songeur.
    « Ça paraît terriblement risqué. Et le ravitaillement ? il faudra vous parachuter des vivres par Morane, ça vous fera repérer. Cette poursuite risque de durer des semaines, peut-être un mois ou deux.
    –  On n’emportera rien, à part du café et des cigarettes. Vous ne nous parachuterez rien. Il y a des villages ; on vivra sur eux. Ce que les viets font, nous pouvons le faire.
    –  Ça, je vous fais confiance, mais nous sommes des soldats, pas des pirates.
    –  Parfait. Si ça peut vous rassurer, nous ne mangerons que des racines pendant le temps qu’il faudra.
    –  Je crois que je vais vous laisser tenter le coup, Mattei ; nous pourrons établir un contact radio par un avion qui nous survolera tous les deux jours.
    –  Je ne veux aucun contact ! Je ne sais pas où je vais ; vous ne pourriez que nous gêner en cherchant à nous survoler.
    –  C’est bon !

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