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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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les paniers.
    — Il n’a pas été heureux tant qu’il n’a pas su lire, non seulement la Loi et les prophètes, mais les livres chrétiens et les écrits païens, et il s’était aussi mis en tête de lire les livres de ces diables de Maures. Honnêtement, je vous le demande, cela sert à quoi à un boulanger de pouvoir lire de telles infamies ? Oh, pardon, jeune messire, s’empressa-t-il d’ajouter quand il se souvint, un peu tard il est vrai, que Yusuf se tenait devant le comptoir de la boutique.
    Yusuf se redressa et hocha la tête avec raideur.
    — Cela n’a aucune importance, messire, murmura-t-il.
    Le boulanger demeura un instant silencieux.
    — Cela l’a détruit, fit-il à voix basse. Tout ce savoir, ça l’a détruit.
    — Je dois aller voir votre femme, dit Isaac. Yusuf ?
    Le jeune garçon vint se placer auprès de son maître.
    — Je suis ici, seigneur.
    Isaac posa la main sur l’épaule de Yusuf et se laissa guider dans le petit escalier.
     
    Quand Judith et Raquel pénétrèrent dans la chambre à coucher, Esther était allongée sur son lit. Pâle, l’air malheureux, elle offrait une bien triste image d’elle-même. Daniel était assis à côté d’elle. Il lui tamponnait le front avec un linge humide et tentait de la convaincre de manger un peu de bœuf bouilli. Il s’empressa de se lever quand il les vit.
    — Emporte ça, Daniel, je t’en supplie, dit Esther d’une pauvre voix rauque. Je ne puis manger cela.
    — Je suis désolé, maman, murmura-t-il. Je vous apporterai autre chose un peu plus tard.
    Il prit le bol, s’inclina devant Judith et Raquel et s’en alla.
    — Naturellement que vous ne pouvez pas avaler cela, dit Judith en fondant sur Esther comme un oiseau de proie qui nourrit sa couvée. Nous vous avons apporté de bonnes choses à boire, chaudes et réconfortantes, que Naomi a préparées rien que pour vous ce matin même.
    Elle déposa les deux bols sur la table et découvrit le vin à l’œuf.
    — Ceci glissera dans votre gorge avec tant de douceur que vous ne le sentirez même pas.
    Elle leva la main pour faire taire toute réponse de sa part.
    — Et ne me dites surtout pas que vous ne voulez pas aller mieux, avec Daniel qui est assis là depuis des heures en bon fils qui aime sa mère. Que ferait-il si vous vous laissiez aller ? Vous devriez avoir honte !
    Elle s’arrêta assez longtemps pour reprendre son souffle.
    — Je n’ai pas…
    — Je sais, mais vous allez tout de même prendre quelque chose, n’est-ce pas ?
    Elle approcha le bol de la bouche d’Esther.
    — Buvez un peu, ordonna-t-elle.
    — Vous feriez bien d’obéir, maîtresse Esther, conseilla Raquel, sinon vous ne vous débarrasserez jamais d’elle. Je connais ma mère.
    La femme du boulanger eut un pâle sourire et but. Après l’équivalent de trois ou quatre cuillerées, Judith retira le bol.
    — Là, fit-elle. J’entends le pas d’Isaac dans l’escalier. Il ne veut pas que je sois ici, à occuper toute la place. Je vais descendre cela à la cuisine et le garder tiède jusqu’à ce qu’il en ait fini avec vous.
     
    — Elle doit se reposer et rester au chaud, dit Isaac en revenant dans la boulangerie. J’ai laissé un sirop apaisant pour sa toux et des embrocations pour sa poitrine ainsi que des mixtures d’herbes contre la fièvre. Votre fils m’a promis de la veiller et de l’aider à se nourrir.
    — Je ne peux pas passer mes jours et mes nuits à m’occuper d’une femme malade, dit Mossé, sur la défensive. J’ai mon travail. Et je me suis levé bien avant l’aube pour allumer les fours.
    — En effet. Ma femme l’encourage à prendre un peu de bouillon. Elle vous fera parvenir d’autres plats susceptibles de tenter son appétit.
    — Merci, murmura Mossé, combien dois-je pour…
    — Ma femme ne monnaye pas ses services, l’interrompit Isaac. Bonjour. Je reviendrai voir comment se porte maîtresse Esther. Faites-moi appeler si son état empire.
     
    — Mossé est de plus en plus renfermé chaque jour, dit Isaac.
    — Oui, acquiesça Judith. Si ce n’était un bon boulanger, il serait difficile de continuer à le fréquenter.
    Elle prit le bras de son mari, comme au bon vieux temps, alors qu’ils étaient de jeunes mariés, et elle ramassa ses jupes de l’autre main.
    — Il a toujours été assez cupide, fit-elle remarquer. Et puis aussi très satisfait de lui-même. Il a réussi à obtenir de son beau-frère qu’il paye pour

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