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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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vont se l’arracher ! ajouta-t-il en souriant.
    — Les hommes ?
    — Il a l’intention de mettre une robe à paniers. De cette manière, dit-il, son arme de service se verra moins.
    — Pour quelle raison, au nom du Ciel, a-t-il besoin d’un revolver ?
    — À cause de Stumm. Il ne lui inspire pas confiance.
    — Comme si le colonel pouvait passer à l’action en plein bal ! s’exclama la princesse dans un éclat de rire. C’est juste une excuse pour porter une crinoline.
    — Peut-être, concéda le commissaire. Cela étant, il n’aurait pas été très délicat de ma part de le souligner. De plus, il me l’a avoué lui-même de façon indirecte. Il a dit qu’il aimerait essayer une robe à paniers car la robe de promenade lui donnait l’air un peu enveloppé.
    — Il a dit cela ?
    — Oui, ce sont ses termes. Enveloppé . Ça lui a échappé. Néanmoins, je crois qu’il était tout à fait sérieux.
    — Je me demande, lâcha la princesse, ce qui se cache derrière ce goût pour les déguisements féminins. Des tendances inavouées ?
    — Un bal masqué est fait pour se déguiser. Comme tu le sais, Bossi va toujours au fond des choses.
    — Il aurait pu aller au fond des choses en costume d’empereur romain, répliqua Maria. Il n’aurait pas eu moins de place pour son arme sous une toge.
    Tron n’était pas en mesure de répondre immédiatement car il venait d’engloutir une nouvelle cuillerée de salade de fruits. Il n’en fallait plus qu’une ou deux pour qu’il eût la nausée.
    — Et quand bien même il aimerait se déguiser en femme ? dit-il après avoir dégluti les morceaux d’ananas et de mangue. Nous avons tous notre jardin secret.
    Il reposa sa cuillère dans la coupelle et constata qu’il avait soudain envie d’un banal petit pain fourré d’un hareng mariné.
    — Et toi, poursuivit-il, tu sais en quoi tu vas te déguiser ?
    — La comtesse estime que je fais partie de la maison, répondit Maria. J’échappe donc à la mascarade. De toute façon, je me serais contentée d’une bautta .
    Elle repoussa sa coupelle contenant un reste de salade de fruits et saisit son étui à cigarettes.
    — À ce propos, j’ai rencontré la baronne cet après-midi.
    Son fiancé hésita un moment.
    — La baronne ? Quelle baronne ?
    — La baronne Spaur, l’ancienne Mlle Violetta. Une personne vraiment charmante.
    — Où l’as-tu rencontrée ?
    — Place Saint-Marc, répondit la princesse sur un ton anodin.
    Puis elle ajouta d’un ton encore plus anodin :
    — Nous sommes allées boire un café à l’ Oriental .
    Tron ne prit pas la peine de cacher sa surprise.
    — Vous avez bu un café ensemble ?
    — Nous avions tant de choses à nous raconter !
    La princesse alluma une Maria Mancini et exhala un nuage de fumée au-dessus de la table.
    — Pourquoi me fixes-tu de cet air indigné ?
    — Je ne m’indigne pas, je m’étonne simplement. C’est la première fois que tu entres dans un café sans être accompagnée par un homme. D’habitude, seules les étrangères font preuve d’une telle audace.
    — Si tu veux dire par là que les Vénitiennes ont du retard dans ce domaine, je ne peux que t’approuver, riposta-t-elle en le fusillant du regard. En tout cas, la baronne m’a révélé dans quelle tenue son époux et elle comptaient se rendre au bal.
    — Dis-moi !
    — Ils vont se déguiser en Marc-Antoine et Cléopâtre.
    Tron ferma les yeux et s’efforça d’imaginer le commandant de police en général romain. En vain.
    — Mlle Violetta sera une charmante Cléopâtre, dit-il, mais je vois mal Spaur déguisé en Marc-Antoine.
    — Il ne va pas se déguiser en Marc-Antoine, expliqua Maria en riant. Il va se déguiser en Cléopâtre. C’est la baronne qui s’habille en général romain.
    L’espace d’un instant, Tron fut persuadé d’avoir mal entendu.
    — Spaur va se déguiser en Cléopâtre ?
    Elle acquiesça.
    — Oui, avec de longs traits noirs autour des yeux, une couronne en carton ornée de cornes de vache, de plumes de faucon et d’un disque solaire. Plus une fausse vipère en peau de serpent.
    — Et Mlle Violetta ? Que va-t-elle mettre ? Une toge ?
    La princesse secoua la tête, toujours en riant.
    — Non, elle portera une tunique serrée à la taille, des bas en fin cachemire et des sandales. Sans oublier un glaive.
    — Une tunique ? N’est-ce pas un peu… court ?
    — Pour une femme, peut-être, mais

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