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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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s’agit de Zélia. Depuis longtemps, nous allons
herboriser ensemble, au Salève et ailleurs. Souvent, le docteur Vuippens vient
avec nous. Il s’entend très bien avec Zélia et c’est lui qui l’encourage à se
faire herboriste. Elle a l’instinct des plantes, comme beaucoup de gens de son
peuple, mais ton ami lui enseigne la science des plantes et leurs noms savants
et comment les utiliser pour soigner telle ou telle affection. Manaïs a demandé
à son pharmacien de faire travailler Zélia dans son laboratoire, de temps en
temps, pour qu’elle se familiarise avec la fabrication des onguents et des sirops.
Naturellement, Zélia aurait dû te demander la permission de faire cela et, moi,
j’aurais dû t’en avertir.
    — Elle aurait dû en effet, concéda Axel.
    — Tu ne vas pas lui faire des remontrances ! Tu
sais, je n’ai plus besoin d’une gouvernante pour m’accompagner partout. Zélia
est une femme intelligente, plus instruite qu’il ne paraît. Je l’aime beaucoup
et je veux l’aider à sortir de la condition domestique. Dans un an, jour pour
jour, j’aurai vingt ans et j’entrerai en possession de tous mes biens. J’ai
décidé que j’achèterai une boutique, en ville, pour créer une herboristerie, dont
Zélia aura la libre disposition. Qu’en penses-tu, parrain ?
    — Si tu as décidé, comme tu dis, qu’importe ce que j’en
pense. À ta majorité, tu seras libre, en effet, de dépenser ton argent à ta guise.
Mon rôle de tuteur sera terminé. Et, d’ailleurs, tu es déjà mademoiselle
Alexandra Cornaz-Laviron, fille de banquier, répliqua Axel.
    Alexandra perçut l’amertume du propos et en fut bouleversée.
Elle prit Axel par le cou et l’embrassa plusieurs fois.
    — Tu es ce que j’ai de plus cher au monde et ce que tu
penses compte plus que tout ce que d’autres, ensemble, peuvent penser, murmura-t-elle,
câline.
    M. Métaz se dégagea doucement de l’étreinte de sa
filleule.
    — En ce qui concerne tes projets pour Zélia, je pense
que tu es généreuse. Ce sera une bonne action que lui offrir une herboristerie…
à condition qu’elle n’abandonne pas tout pour retourner dans ses Carpates
natales. Car elle est fantasque, Zélia ! Comme tous les Zigeuner. Je les
connais !
    — Je sais, parrain. Je sais que tu connais bien les
Tsiganes. Je sais même qu’un jour tu es allé chez eux, loin, au milieu de l’Europe.
Il y a longtemps déjà que je sais cela, dit Alexandra, attendrie.
    — C’est Zélia qui t’a raconté ça ?
    — Oui. Mais je sais qu’elle ne m’a pas tout dit. Qu’il
y a des secrets entre les Tsiganes et toi. En tout cas, elle t’aime, Zélia. Pas
comme une femme amoureuse, ne va pas t’imaginer ! Plutôt, elle te vénère, Zélia.
Elle m’a dit, un soir : « Axou – c’est comme ça qu’elle t’appelle,
quand on n’est que nous deux – je le suivrais jusqu’en enfer, s’il avait
besoin de moi ! »
    — Eh bien ! C’est une agréable perspective, dit
Axel, affectant de prendre sur le mode badin la déclaration de la Tsigane, ainsi
rapportée par Alexandra.
    Il mit le pied sur le chemin-planche, se préparant à
embarquer sur son bateau dont le bacouni avait déjà largué une amarre. La jeune
fille le retint par le bras.
    — Tu sais, moi aussi, je te suivrais jusqu’en enfer, parrain,
dit-elle avec fougue.
    Axel se retourna vers elle et, à son tour, lui prit la main.
    — Tu serais même capable de m’y envoyer, dit-il, avant
de sauter sur le pont du voilier.
    Elle attendit que le bateau s’éloignât du quai, voiles
déployées en oreilles. Axel lui fit un signe de la main, auquel elle répondit
en lui envoyant un baiser du bout des doigts.
    — Vous avez là une bien jolie demoiselle, et bien
écarabillée [150] bien alanguée [151] ,
monsieur Métaz, dit le marin.
    — Nous devons nous hâter, pour attraper le morget [152] dès son premier souffle, dit Axel, pour couper court à ce genre de considérations
privées.
    Les vignerons de Lavaux passèrent décembre dans leurs vignes.
Il s’agissait de parfaire la remise en état des parchets hâtivement remblayés
après la tempête de juillet. Par temps sec, Axel, appliquant les principes
inculqués par Simon Blanchod, faisait enlever la terre sur trois pieds de large
et un demi-pied de profondeur, au bas de chaque parchet. Chargée dans des
hottes, la terre était ensuite montée en haut de la vigne et étalée. Ce travail
était plus délicat qu’il

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