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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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punis doivent s’accroupir, après avoir baissé culotte, sur le chevalet où sont distribués les coups de matraque sur les fesses. Le bourreau, venu de Sachsenhausen, tape fort avec son gummi. Le puni est contraint de compter les coups : ein, zwei, drei… souvent jusqu’à vingt-cinq, parfois plus selon la fantaisie du S. S. » Mais les choses les mieux réglées se dérèglent quelquefois. Un mercredi soir de septembre 1944, Pierre Genty écarquille les yeux : « Le bourreau ne peut venir à Sachsenhausen. Les S. S. obligent les hommes les plus forts, les cuisiniers, à le remplacer. Aucun ne veut frapper, aucun ne frappe. Le camp commence à s’agiter. Tant et si bien que les S. S. arrêtent la séance et que plus jamais on ne reverra le chevalet sur la place… »
    Inséré en quelque sorte dans la vie de Berlin, le camp de Lichterfelde, plus que tout autre kommando de Sachsenhausen, est sensible aux événements qui secouent la capitale du Reich. Trois semaines après leur arrivée, les Français en sont témoins avec l’attentat raté du 20 juillet 1944 contre Hitler, qu’ils n’apprennent que le 21 juillet par le biais d’une journée exceptionnelle. Pas de rassemblement pour les kommandos de travail, une journée chômée, une journée au cours de laquelle les têtes s’échauffent. Allemands antifascistes et Français résistants multiplient les contacts. Si Berlin bouge, que faire ? Leur honneur d’anti-nazis engagé, ils se demandent déjà comment attaquer les miradors, forcer les portes. Mais Berlin ne bouge pas et chacun reste sur sa soif de romantisme révolutionnaire. Ce n’est qu’une journée de répit, une journée de repos inattendu pour Louis Dupuy : « Oui, c’est un beau jour pour nous. Inexplicablement, la machine si bien réglée (lever, appel, travail, retour, appel, coucher) a une défaillance. Nous restons tout le jour au camp sans travailler. Mais, le lendemain, il faut déchanter, tout repart comme avant… Le système nazi est trop parfait dans son organisation de la contrainte pour laisser une faille s’ouvrir. Le complot du 20 juillet est à peine une fêlure… Nous comprenons que notre libération ne peut venir que des succès des armées alliées… »
    Espérances folles et cruelles déceptions se succèdent pour les Français de Lichterfelde aux aguets des informations. Victor Daum, quant à lui, ne peut apprécier comme il convient la libération de Paris le 25 août 1944 : « À ce moment-là, je suis “musulman”, c’est-à-dire tellement épuisé physiquement que je suis jugé inapte au travail et condamné à passer par la cheminée du crématoire. Le toubib norvégien de l’infirmerie en décide autrement, me camoufle tant et si bien que, trois mois après, je peux retourner au chantier… C’est à l’infirmerie que je découvre tout ce que mon “agence Havas” a de rudimentaire. La vraie centrale d’informations sûres est à l’infirmerie, sous la direction de son chef : le docteur Daa, d’Oslo. Indicible ce que les Français lui doivent à tous points de vue : des vies, des vies, encore des vies… » La première lettre de France fait le tour du camp en janvier 1945. Son destinataire est Gaston Despoux : « Il faut préciser que j’ai envoyé à ma femme, dès le 2 juillet 1944, de Lichterfelde, une lettre en allemand rédigée par mon camarade Marcel Dominique. Cette lettre arrive à destination le 15 septembre 1944. Ma femme sait donc où je me trouve et elle a mon adresse exacte, ce qui lui permet de me faire parvenir des messages par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. Elle m’en expédie un par semaine, de Figeac ou de Capdenac où elle habite chez ses parents. Le premier message daté du 25 septembre 1944 m’est remis le 13 janvier 1945. Un deuxième, daté du 18 octobre 1944 me parvient le 5 avril 1945. C’est tout et, si mes réponses du 31 janvier et du 8 avril n’arrivent jamais, les deux messages reçus me redonnent un moral de fer et un courage à toute épreuve… »
    Sous le couvert de la Croix-Rouge, des colis sont également distribués à trois reprises en novembre et décembre 1944, puis le 1 er  février 1945, mais la faim est toujours obsédante. Un soir, des tonneaux sont déposés devant les blocks. Ils contiennent des « tripes » de harengs avariés.
    Nourriture répugnante ! Pourtant, quelle aubaine pour des affamés qui peuvent y puiser à volonté… Toute la nuit, le camp

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