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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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laisser croire à Zénon
qu’en détenant mon crétin de fils Recitach, il m’a soumis et me tient en
respect. Je préfère le laisser s’imaginer que je suis son humble et servile
sous-fifre. Car lorsqu’il aura besoin de quelqu’un pour reprendre le contrôle
des terres possédées par Odoacre… qui mieux que son fidèle et loyal féal
Thiudareikhs Triarius pourrait s’acquitter de la tâche ? Niu ? Ensuite…
veux-tu parier que Zénon conservera son empire bien longtemps ? Niu ?
     
    *
     
    Les choses étaient claires. Je m’étais laissé capturer
uniquement dans le but de percer à jour les desseins et ambitions de Strabo,
c’était fait. Son but était d’une simplicité biblique : dominer le monde.
Cela semblait si crédible, si possible et si vraisemblable que je fus tenté de
lancer sur-le-champ mes préparatifs d’évasion, afin de filer au triple galop
prévenir Théodoric.
    Néanmoins, restaient encore certains détails à éclaircir.
Une chose en particulier m’intriguait depuis mon arrivée à Constantiana. Aussi,
une nuit, lorsque Strabo, couvert de sueur, hors d’haleine et pantelant, fut
étendu à mon côté, ramolli et somnolent, j’abordai le sujet.
    — Vous avez évoqué l’invincibilité de votre armée, et
la crainte qu’elle inspirait à Zénon. Mais je n’ai pas vu d’armée par ici, à
part cette garnison bien plus petite que celle que Théodoric possède à Novae.
    —  Skeit ! [11] grogna Strabo avec sa
délicatesse habituelle. Mon armée est bien réelle, qu’est-ce que tu crois, pas
un essaim de faux bourdons ! La vie de garnison a vite fait de transformer
les soldats en fainéants et en bons à rien. Les miens sont presque tous
constamment sur le terrain. Je les maintiens en exercice, comme il sied à des
guerriers. Ils combattent, parce que c’est leur raison d’être.
    — Ils combattent ? Mais contre qui ?
    — N’importe qui.
    Il poursuivit, endormi, comme si la chose avait peu
d’importance :
    — Récemment, dans les marécages du delta du Danuvius,
là-bas vers le nord, deux des tribus soumises à mon autorité, deux branches
mineures des Hérules, se sont brutalement affrontées. Comme ça, soudain, sans
me demander mon avis, elles ont entamé une ridicule petite guerre. Eh bien j’ai
envoyé mon armée y mettre bon ordre.
    — Et comment ont-ils choisi leur camp ?
    — Quoi ? Mais je leur ai ordonné de liquider tous
les combattants, cette bonne blague ! Et de réduire en esclavage leurs
femmes et leurs gosses. Comment crois-tu que l’on doive punir ce genre de
désobéissance ?
    Il s’étendit languissamment, et péta.
    — Comme on pouvait s’en douter, une bonne partie de ces
courageux rebelles se sont rendus avant d’être mis à mort. Une partie de mon armée
est d’ailleurs en train de me ramener ces couards comme prisonniers de guerre,
trois cents de chaque camp, paraît-il. Je vais les faire exécuter de façon à
offrir du spectacle aux gens de Constantiana, tu peux me croire. La tunica
molesta [12] ,
peut-être. Ou les bêtes sauvages. Ou pourquoi pas le patibulum [13]  ?
Je ne sais pas, je n’ai pas encore décidé.
    Je persistai dans ma quête de renseignements :
    — Mais si vous maintenez votre armée en exercice, et
n’entretenez ici qu’une modeste garnison, qu’est-ce qui pourrait empêcher
Théodoric, ou n’importe quel autre ennemi, d’assiéger Constantiana ? Il y
a fort à parier que votre petit parti et tous les citoyens de la ville se
verraient contraints de capituler avant que vos troupes ne puissent venir les
secourir.
    Il renifla de dégoût.
    —  Vái ! Les paroles des femmes sont comme
le vent ! Toutes les armées d’Europe coalisées ne parviendraient pas à
venir à bout de la résistance de cette ville. Tu as remarqué qu’elle est dotée
d’un port ? Grâce à lui, par la mer Noire, les bateaux peuvent apporter de
la nourriture à Constantiana, l’armer et l’approvisionner pour des décennies,
s’il le faut. Pour qu’un blocus devienne véritablement nuisible, il faudrait
une coalition de toutes les flottes d’Europe. Et pour que celles-ci parviennent
jusqu’ici, il faudrait d’abord qu’elles se faufilent dans l’étroit passage du
Bosphore. Cela me laisserait tout le temps d’être averti de leur approche, et
de réfléchir au moyen de les repousser.
    —  Ja, j’aurais pu y songer de moi-même.
    — Écoute, cervelle d’oiseau. La seule chose qui
pourrait

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