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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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avoir bu toutes les jarres de vin et de bière
de la maison et qu’en reproche Horeb me tape amicalement sur la tête avec les
roches de sa montagne.
    — Veux-tu de l’eau ? D’autres
coussins.
    — Rien du tout. Ta présence suffit.
    Il rouvrit les yeux, ses prunelles brillant
dans l’ombre.
    — Réba est un bon garçon. Digne du
devoir qui l’attend. Il possède de la curiosité à l’égard du monde et le goût
de la justice. Il sait séparer l’illusion du vrai. Ce matin, j’ai eu honte
quand il est parti. Moi, Jethro, pour la première fois depuis bien longtemps
j’ai eu honte. De moi et de mes filles !
    — Père ! Je n’avais pas
l’intention de…
    Les doigts durs serrèrent plus encore la
main de Tsippora.
    — Pas si fort. Les mots aussi
deviennent des pierres si tu me les lances trop fort.
    — Ne croyez pas que j’aurais pu
empêcher Orma de rendre son tissu à Réba. En ce moment, elle ne déteste
personne plus que moi.
    Jethro grogna sans que l’on sût si cela
venait de son corps douloureux ou des paroles de Tsippora.
    — L’étranger, soupira-t-il. Est-ce
vrai qu’il y a un étranger chez nous ? Il t’a sauvée des mains des fils de
Houssenek ?
    — Oui.
    — Hier ?
    — Oui, au puits d’Irmna.
    — Et tu ne m’en as rien dit.
    — Nous étions sauves. Et, hier soir,
il y avait Réba. Je vous en aurais parlé aujourd’hui.
    — Oh oh…
    Le rire secoua la poitrine de Jethro.
    — Après ta longue promenade ?
    La vieille avait dit vrai. La tisane
commençait déjà à faire son effet. Les joues du vieux sage reprenaient des
couleurs et sa voix de la netteté jusque dans le persiflage. Tsippora serra les
lèvres sans répondre. Elle ne sentait pas coupable, mais vexée. Jethro s’en
rendit compte et lui tapota la main.
    — Selon Orma, l’étranger serait un
prince d’Égypte. Que fait un prince d’Égypte sur les terres de Madiân ?
    — Il est peut-être prince, mais il
n’est pas égyptien.
    — Ah ?…
    Il attendit qu’elle poursuive. Cela prit un
moment car, là, devant Jethro, le souvenir des doigts de Moïse sur son visage
emplissait Tsippora de gêne.
    — Il me l’a annoncé ce matin.
    — Voilà une bonne nouvelle : Orma
ne profère donc pas que des bêtises.
    — Je lui ai porté de la nourriture et
de la bière.
    — Pourquoi ne vient-il pas ici, que je
le remercie de ce qu’il a fait pour mes filles ?
    — Je l’ignore.
    Jethro lui jeta un coup d’œil acéré. Elle
répéta :
    — Je l’ignore.
    Tsippora hésita. Durant le trajet du
retour, elle avait pensé qu’elle ne pouvait rien cacher à son père, qu’elle
devait tout lui confier. Jamais encore elle n’avait cherché à lui dissimuler
quoi que ce soit. Pourtant, maintenant, elle ne pouvait s’y résoudre. Les
phrases, les aveux, même ses craintes, rien ne parvenait à franchir ses lèvres.
Elle révéla la seule vérité dont elle était capable :
    — Ce matin, si je n’ai pas dit où
j’allais, c’était pour éviter que Orma m’accompagne.
    Jethro lâcha un gémissement avant de
secouer la tête, précautionneux.
    — Mes filles !
    — Orma est Orma. Je ne suis pas comme
elle.
    — Pour ce qui est de l’orgueil, on
pourrait croire que vous avez eu le même père et la même mère !
    Tsippora haussa les épaules, sa large
tunique ondula en une molle draperie jusqu’à ses pieds.
    — Qu’est-il, alors, cet étranger, s’il
n’est pas égyptien ? insista Jethro.
    — Hébreu.
    — Oh !
    — Il le dit.
    La stupéfaction tira Jethro de son
engourdissement.
    — Un fils d’Abraham ?
demanda-t-il.
    — Il dit : d’Abraham et de
Joseph. Jethro opina.
    — D’Abraham et de Joseph, bien sûr. Un
Hébreu d’Égypte.
    Un instant, ses yeux fixèrent l’ombre des
poutres et des palmes de sa couche, où quelques mouches s’agaçaient. Puis il
s’inclina, saisit le gobelet d’eau laissé par la servante et le but à petites
gorgées.
    — Cela se peut. Ceux qui font le
commerce avec Pharaon racontent qu’en Égypte les Hébreux sont des esclaves
durement menés. Si ce Moïse est un esclave d’Égypte, Orma est encore plus sotte
que je ne le pense de l’avoir pris pour un prince.
    — Non, déclara doucement Tsippora. Je
ne crois pas qu’il soit un esclave.
    — Ah ?
    — Sefoba et moi, nous l’avons nous
aussi pris pour un prince. Il en a l’allure. La manière qu’il a de se battre
n’est pas non plus celle d’un

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