Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
en peinture que toi."
-- C'est la pure vérité, conclut Apelle. Je jure que tout cela s'est produit ainsi.
--Et lui ? demanda Héphestion.
--Lui ? Il a haussé les épaules et a dit: "Ah ! Vous avez tou jours raison. Pour cette fois, fais-toi payer. Maintenant que tu l'as terminé, je le garde."
Tout le monde applaudit, et Eumène confirma le paiement du tableau dont tous les invités louèrent l'excellente facture, même si certains ne l'avaient jamais vu.
Se sentant le centre de l'attention, Apelle s'employait à occuper la scène comme un acteur plein d'expérience. -.
Alexandre pria alors ses convives de l'excuser: il devait se lever tôt le lendemain, afin d'inspecter les fortifications mari times. Il s'éloigna tandis qu'on servait des boissons plus fortes
et que des " compagnes " plus audacieuses faisaient leur appa rition.
quand il pénétra dans ses appartements, il trouva Leptine qui l'attendait, une lanterne à la main et une moue sur les lèvres. Pendant qu'elle lui tournait le dos pour éclairer le cou loir menant à sa chambre, il s'interrogea sur les raisons de cette bouderie~ mais il s'abstint de lui poser la moindre question.
Il lui suffit de pousser la porte de sa chambre pour com prendre.
Campaspé était allongée sur son lit, entièrement nue, dans une position qui évoquait une héroÔne mythique: Danaé, peut-être~ attendant une pluie d'or, ou Léda avant que le cygne n'arrive.
La jeune femme se leva et vint vers lui. Elle le déshabilla s'agenouilla sur le tapis et couvrit de baisers son ventre et ses cuisses.
" Le point vulnérable de ton ancêtre Achille était le talon murmura-t-elle en plongeant ses yeux bistrés dans les siens Voyons voir si je me rappelle le tien. "
Alexandre sourit en lui caressant les cheveux. A force de fré quenter Apelle, la jeune femme ne s'exprimait plus qu'en termes mythologiques.
12
Alexandre quitta …phèse au milieu du printemps pour se diriger vers Milet. Lysippe, qui avait compris ce que le souve rain attendait de lui, repartit pour la Macédoine en possession d'un ordre écrit destiné au régent Antipatros: Alexandre lui demandait de mettre à la disposition du sculpteur les moyens nécessaires à l'oeuvre gigantesque qu'il s'apprêtait à réaliser.
Il débarqua d'abord à Athènes, o˘ il rencontra Aristote qui donnait à
présent des leçons dans les locaux de son académie. Le philosophe le reçut dans un salon privé et lui fit servir du vin frais.
" Notre roi m'a chargé de te présenter ses salutations et ses hommages, et de te dire qu'il t'écrira une longue lettre dès que possible.
--Je te remercie. L'écho de son entreprise est bien vite parvenu à
Athènes. Les trois cents armures qu'il a envoyées sur l'Acropole ont attiré
des milliers de curieux, et leur dédi cace, excluant les Spartiates, a couru comme le vent jusqu'aux Colonnes d'Héraclès. Alexandre sait comment faire parler de lui.
--quelle est l'humeur des Athéniens ?
--Démosthène dispose toujours d'un ascendant considé rable sur eux, mais les aventures du souverain ont profondé ment marqué l'imagination des habitants. En outre, nombre d'entre eux ont des parents qui se battent en Asie, dans l'an~ ou dans la flotte, ce qui les amène à réclamer la prudence en Dolitique. Mais il est inutile de se faire des illusions: si le roi devait tomber sur le champ de bataillej il y aurait aussitôt un soulèvement~ et ses amis seraient persécutés, à commencer par moi. Dis-moi plutôt comment s'est comporté Alexandre 5usqu'à présent ?
--D'une façon très juste, à ce que j'en sais: il a été clément vec les ennemis vaincus et s'est contenté de restaurer la émocratie dans les villes, sans exiger aucune modification de leurs règlements internes. "
Aristote hocha la tête et se lissa la barbe en signe d'appro ~bation: l'élève semblait mettre à profit les leçons du maître. Il se leva. "
Aimerais-tu visiter l'académie ?
--Avec grand plaisir ", répondit Lysippe.
Ils gagnèrent le portique intérieur et se promenèrent autour de la cour centrale, à l'ombre d'une élégante colonnade de marbre pentélique à
chapiteaux ioniques. Au centre se trou vait un puits bordé de briques, au niveau du sol. Le va-et-vient de la corde y avait creusé un profond sillon.
Un domestique y plongeait un seau.
" Nous avons quatre esclaves, deux pour le ménage et deux autres pour le service de la table. Il nous arrive fréquemment de recevoir des invités
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