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Au temps du roi Edouard

Au temps du roi Edouard

Titel: Au temps du roi Edouard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sackville-West
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les ombres du grand lit et gisait là, comme une dépouille inutile, image de tout ce que Sébastien avait désiré dans sa vie.
    1   En français dans le texte.
    2   En français dans le texte.
    3   En français dans le texte.

VI
    Anquetil
    Cinq années avaient passé quand, pour la seconde fois dans cette histoire, mais probablement pour la millième fois dans sa vie, Lucie épancha son cœur dans le sein de miss Wace.
    — Je suis sûre qu’il peut en sortir quelque chose, Wacey ! dit-elle triomphalement, mais en baissant la voix comme si elle craignait qu’un esprit malin ne l’entendît. Hier, ils ont joué au tennis tout l’après-midi, et, en ce moment, ils se promènent dans le parc. Cela veut bien dire qu’il a quelque projet dans la tête. Et puis, vous connaissez la haine qu’il a pour les jeunes filles en général. Naturellement, je n’ose pas l’interroger : il tournerait les talons et irait rejoindre Viola, ou pis encore. Cela pourrait détruire tous nos espoirs. C’est une charmante fille, Wacey. Pas jolie, mais je crois que cela vaut mieux. D’ailleurs, elle est assezbien née pour se dispenser de l’être ; elle est docile, et il est évident qu’elle l’adore. Je pourrais m’occuper de ses robes, quand sa vieille grognon de mère ne sera plus là… Eh bien, Wacey, pourquoi restez-vous là sans dire un mot, muette comme un poisson ?
    Lucie tourna les talons et alla trouver Mme Lewison, laissant miss Wace se lamenter sur la piètre apparence de la future fiancée. Tous ses espoirs du « jeune couple radieux » étaient anéantis. La jeune fille était définitivement laide, et miss Wace ne pouvait croire que Sébastien fût amoureux d’elle. Il y a loin du « jeune couple radieux » à une liquidation. Sébastien voulait liquider sa vie passée. C’est ainsi que miss Wace l’entendait. Et elle soupira.
    Le point de vue de Mme Lewison était plein de bon sens.
    — Si j’étais à votre place, Lucie, je serais enchantée. Vous n’aurez jamais aucun ennui avec cette jeune fille, et c’est ce qu’on peut souhaiter de mieux pour une belle-mère. Je ne vois pas pourquoi vous ne resteriez pas ici après leur mariage. Vous savez bien que ce serait affreux de quitter Chevron, et d’en être réduite à choisir entre la maison de la douairière ou sir Adam. Vous n’avez jamais pu vous décider au sujet de sir Adam et, maintenant, vous pouvez vous estimer heureuse de ne l’avoir pas fait. Si vous jouez bien votre jeu, vous serez maîtresse de la situation. Sébastien n’a pas l’air de remarquer ce qui se passe (Sylvia lui a fait plus de mal qu’on ne le pense) et la jeune fille n’osera jamais lever le doigt contre vous. Elle aura ses enfants pour la faire tenir tranquille. Elle a l’aird’une bonne pouliche, dit crûment Mme Lewison, et Sébastien la rendra certainement très malheureuse ; entre la maternité et les chagrins, elle ne vous donnera pas grand mal.
    — Vous avez toujours eu beaucoup de bon sens, Julia, déclara la duchesse.
    — Tandis qu’une bru vive et jolie mettrait tout sens dessus dessous. D’abord, Sébastien l’aimerait et prendrait toujours son parti contre vous. Vous n’auriez plus, ma chère, qu’à vous en aller.
    — C’est vrai, avoua Lucie avec franchise. Après tout, Julia, nous ne rajeunissons pas et on tient à ce que l’on a. Avec ces idées de socialisme, on ne sait pas ce qui peut arriver ; et maintenant que le roi est mort, je crois que tout va aller de mal en pis. J’ai toujours eu l’impression qu’il maintenait un certain état de choses, même sans le savoir. Ah ! mon Dieu, comme tout s’en va ! Romola en Chine, Sylvia disparue ! Harry devient assommant, les gens sont parfaitement désagréables avec sir Adam, maintenant qu’il n’a plus le roi derrière lui, et la cour va être d’une tristesse sans nom…
    — Les malheureux ! dit Mme Lewison, faisant sans doute allusion aux nouveaux souverains ; il faut que nous fassions de notre mieux pour les aider.
    — Oui, fit Lucie, incrédule, car elle ne savait pas jusqu’à quel point le roi George et la reine Mary goûteraient l’aide de Julia. En attendant, qu’allons-nous devenir ? Eadred Templecombe prétend que l’Angleterre court à la catastrophe. Ma foi, on le dirait, quand des jeunes filles comme Viola défient leurpropre mère et s’en vont vivre seules à Londres. J’ai toujours pensé que j’aurais dû me montrer plus ferme et

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