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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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main du pilote ».
    Il demeura quatorze ans avec lui.
    Le soir – à neuf heures trente – se succèdent les conseils : le primidi de chaque décade : Conseil général des Finances ; le quintidi : Conseil d’administration de la Guerre ; le septidi : Conseil d’administration de la Justice ; le 18, Conseil d’administration des Relations extérieures ; le 28, Conseil d’administration de la Police générale.
    Les réceptions sont également réglementées : le 2 et le 17 de chaque mois, on accueille le Corps diplomatique ; le 2 de chaque décade on reçoit des sénateurs et généraux, le 4, les membres du Corps législatif et le 6 les membres du Tribunat et de la Cour de Cassation.
    Peu à peu la simplicité, de mise au Luxembourg, évolue.
    « Lorsque à dix heures, la porte s’ouvrit, rapportera Élisabeth Pétrowna Divow, et qu’un huissier cria : « Le Premier consul ! », je puis assurer que si une mouche eût volé dans la chambre, on l’aurait entendue. Tout le monde se leva pour le saluer, et c’est dans ce moment que je lui fus présentée. Il causa pendant quelques minutes d’une manière bien aimable avec moi, et tout le monde alla à table. Chaque cavalier donnait le bras à une dame. »
    Il s’agit là d’un « petit dîner » qui se donnait chez sa femme, mais les grandes « cohues » réunissant deux cents personnes ont lieu tous les dix jours, au premier étage, dans la Galerie de Diane. Petit à petit, Bonaparte prendra l’habitude de passer le premier à table. Le repas est, bien sûr, toujours servi au pas de charge. Il se prolonge rarement au-delà de vingt minutes ou d’une demi-heure.
    — Si l’on veut manger vite, déclare alors Bonaparte, il faut venir chez moi ; manger bien, chez le second consul, et manger mal, chez le troisième.
    Les déjeuners sont plus animés et intimes. C’est ainsi qu’un jour on vient à parler d’une rafle de filles qui a été opérée au Palais-Royal. Les Parisiens s’imaginent qu’on va les expédier aux guerriers de l’armée d’Égypte... Roederer a noté la scène sitôt rentré chez lui : « J’ai été à midi et demi chez Bonaparte ; un aide de camp est venu de sa part me dire, dans le salon, de monter au déjeuner. Volney y était ; c’était le seul étranger. Bonaparte a dit :
    — Où diable a-t-on pris que je voulusse faire déporter en Égypte les filles arrêtées au Palais-Royal ?
    « Mme Bonaparte. — Le ministre de la Police m’a dit, ces jours passés, qu’elles étaient destinées pour l’Égypte.
    « Bonaparte. — C’est une horreur ! Diable, on ne déporte pas ainsi !
    « Moi. — Hier, Regnault m’a dit aussi que le ministre de la Police avait décidé leur déportation.
    « Bonaparte. — Et où a-t-il pris cela ? Citoyen Roederer, je vous prie de faire un bon article pour détruire ce bruit-là ; mais un article bien détaillé, pas de deux lignes, afin que la chose reste... On peut bien vouloir réprimer la licence du Palais-Royal, mais on ne déporte pas ainsi.
    « Volney. — Ces demoiselles veulent être élargies...
    « Bonaparte. — Citoyen Volney, (riant) ah ! c’est un peu fort ! Vous parlez là comme un vieux garçon ! Nos troupes n’ont pas besoin des filles de Paris en Égypte ; ils en ont, et de belles ; ils ont des Circassiennes. (Le Mameluk qui était derrière Mme Bonaparte sourit). Ah ! il m’entend bien. N’est-ce pas que tu m’entends ? (riant) N’est-ce pas qu’il y a des filles en Égypte ?
    Bonaparte se lève de table, répète sa question à Roustam et ajoute :
    — Tu entends le français à cette heure, n’est-ce pas ?
    « Il lui prend la tête dans ses deux mains, et la balance deux ou trois fois de droite à gauche. »
    Après les dîners officiels, les personnalités invitées en « cure-dents » envahissent les salons, et l’ennui tombe sur les Tuileries. Nouvelle revue, nouvelles présentations, nouvelles banalités... Lui n’est guère aimable. Il s’intéresse cependant aux robes de ses invitées, mais pour des raisons politiques. Hortense nous le rapporte : « Le Premier consul, pour faire revivre les manufactures de Lyon et nous affranchir d’un tribut payé à l’Angleterre, nous défendait de porter de la mousseline et jetait au feu tout ce qui lui paraissait de fabrique anglaise. Quand ma mère et moi entrions fort parées, sa première question était toujours :
    — Est-ce de la mousseline que vous portez là ?
    « On répondait souvent que c’était du

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