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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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redoutable héraïrarque, et le peuple s’avançait à sa rencontre.
    — Massacreur de Sarrasins ! Manglavite !
    De jeunes enfants se précipitaient pour toucher sa cape puis filaient sans demander leur reste. Deux vieillards voûtés trottinèrent à ses côtés sans oser lever les yeux, satisfaits de cette espèce de communication silencieuse. Une prostituée fit courir les doigts légèrement sur sa manche, la tête penchée en arrière, l’œil provocant ; elle était brune et très pâle, assez jeune pour être encore jolie. Sans raison, il en fut ému. Mais il poursuivit son chemin et songea même un instant à aller jusqu’au Stoudion pour voir les gens.
    Un tout jeune garçon, réduit à un torse, juché sur une petite carriole, roula vers lui. Haraldr regarda les yeux bruns de cette épave : ils étaient effrayants dans leur dénuement vorace, presque animal, mais leur sincérité toucha Haraldr plus qu’une prière lancée par des yeux de faon. Il prit sa bourse et donna à l’enfant une nomismata d’argent ; soudain les yeux de l’enfant brillèrent d’une innocence déchirante. Comme par magie, une douzaine de gamins apparurent. Haraldr distribua rapidement le reste de ses pièces, puis tendit sa bourse vide pour montrer qu’il n’avait plus rien. Les enfants disparurent en se querellant entre eux.
    Haraldr se souvenait du chemin, du passage derrière la rangée de bâtiments de bois. « Pourquoi revenir ici ? » se demanda-t-il un instant. Mais il savait déjà. Maria lui avait laissé un cœur brisé, blessé, mais son corps demeurait avide. La sensualité de la Ville impériale n’était pas uniquement celle de Maria, et chaque femme que Haraldr prendrait désormais dans ses bras serait une réponse à la traîtrise de Maria, un refus des caprices du destin et une tentative pour la réduire à l’anonymat de la chair pénétrée et rien d’autre. À la sortie du passage s’élevait la maison à la façade récemment plâtrée. Il se dirigea vers la porte de bois et frappa. Le judas glissa. Il dut attendre un instant et songea à rebrousser chemin, puis les verrous grincèrent et Anatellon le conducteur de char jaillit devant lui.
    — Haraldr Nordbrikt, estimé manglavite et massacreur de Sarrasins, lança Anatellon en prenant les bras de Haraldr dans ses poings durs comme des rocs. Quel honneur vous nous faites, messire ! Entrez, entrez, je vous en prie ! Ne me dites rien, ne me dites rien, ajouta-t-il avec son étrange rire sympathique. Vous êtes venu pour ma fille Alain.
    * *
*
    — Peu m’importe le fautif en cette matière. J’aurais dû être au courant. C’est une chose que le manglavite et moi aurions dû régler entre nous.
    Mar fit claquer ses deux mains à plat contre son bureau. Il toisa le centurion Thorvald Ostenson, puis s’adressa au Varègue en uniforme debout à côté d’Ostenson.
    — Vous avez de la chance que personne n’ait été gravement blessé. Mais je suis obligé d’imposer une punition, parce que je ne peux permettre que des hommes de la Grande Hétaïrie cherchent noise aux hommes de la Moyenne Hétaïrie. Je vais vous infliger deux semaines de prison et une amende de cinq nomismata d’argent. Mais vous pourrez dire à vos camarades qu’à l’avenir toute infraction de ce genre à la discipline coûtera considérablement plus cher. Nous ne sommes pas ici pour régler des querelles personnelles.
    Mar fit signe à Ostenson de raccompagner le Varègue. Quand celui-ci fut sorti, Ostenson referma la porte et se tourna vers Mar. L’étonnement sincère d’un bon garçon de ferme se peignit sur son visage rougeaud.
    — Puis-je dire le fond de ma pensée, hétaïrarque ?
    — Je ne vous ai pas nommé centurion parce que je vous prenais pour un idiot. Allez-y.
    — Hétaïrarque, c’était un incident très mineur et il n’a pas eu lieu dans l’enceinte du Palais. Plusieurs Varègues des deux hétaïries buvaient dans la même auberge et un des hommes du manglavite a attiré la pute de cet homme en lui faisant miroiter l’or de sa bourse, mais ce n’est pas seulement pour une prostituée qu’ils se battaient. Nos hommes sont jaloux de voir la plupart des membres de la Moyenne Hétaïrie plus riches qu’eux.
    — J’en suis conscient, centurion. C’est la raison pour laquelle je tiens à m’assurer que les sentiments de mauvaise volonté que l’on peut relever actuellement ne soient pas exacerbés.
    Ostenson parut plus

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