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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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encore avoir du mal à obtenir mon dû si l’on se montrait réticent. Mais c’est mieux que rien. Je l’accepte.
    — Vous n’aurez rien de plus, l’avertit Verney. C’est une promesse de remboursement à la conclusion de l’affaire, portant la signature des commettants. Vu qu’ils refusent que l’on prononce leurs noms même en privé, vous comprendrez qu’ils ne se soient guère empressés de signer, en dépit des précautions employées.
    — J’ai dit que j’acceptais, rétorqua Forster en pliant le document pour le ranger à l’intérieur de son pourpoint. Le fait qu’il me soit adressé et concerne une pareille somme pourrait intéresser certaines personnes. Je dispose donc d’un moyen de pression. Le paiement se fera rapidement ?
    — Bien sûr. Ce contrat était superflu, répliqua Verney d’un ton sec.
    Un long silence s’ensuivit, durant lequel tous trois consommèrent leur souper.
    Ankylosée à force de garder les pieds tournés pour ne pas toucher la tapisserie, je tentai de trouver un sens à ces remarques énigmatiques. Ils manigançaient quelque chose, un enfant de deux ans l’aurait compris, mais quoi ? L’objet central de la discussion était l’argent. Les membres de ce trio douteux n’étaient peut-être que des pions dans un complot visant à voler Dudley. Cet avare de Forster y étant impliqué, l’explication semblait plus que probable. J’avais entendu des choses que j’aurais dû ignorer et je frissonnais en pensant à ce qui m’arriverait s’ils me découvraient.
    J’avais hâte de m’échapper de mon perchoir, mais je n’osais déjà guère respirer. Je me rendis compte que j’avais faim. Le souper était alléchant. Au menu, en plus de la tourte, une salade, et des beignets à l’amande et à la crème pour le dessert. Les cuisines s’étaient surpassées, pour changer. Avec effroi, je sentis mon estomac protester. Par chance, ils n’y prirent pas garde.
    Au bout d’un certain temps, ils se remirent à causer, mais entre la fâcheuse habitude qu’avait Holme de parler la bouche pleine et les mugissements du vent, je les distinguais à peine. Les bribes que j’entendis paraissaient concerner l’achat et la vente de laine à des gens que je ne connaissais pas, puis la conversation s’orienta sur les perspectives prometteuses du verger à pommes. Le reste de ce souper sembla interminable.
     
    Je dus attendre que Forster et ses invités quittent la table et que les servantes débarrassent. Une fois les chandelles mouchées et la maison silencieuse, je m’aventurai enfin hors de ma cachette. Je m’aperçus alors que je n’avais pas réfléchi à la façon dont je regagnerais ma chambre. Dehors, la pluie crépitait et, de toute façon, les portes extérieures étaient fermées à clef dès la tombée de la nuit. Je ne pouvais donc traverser la cour. Il me faudrait passer par la maison dans l’obscurité, puisque je n’osais me munir d’une chandelle. Je m’approchai de la porte de la petite salle à manger et m’arrêtai, le cœur battant. Je n’avais nulle envie de sortir dans l’antichambre.
    Je ne suis pas pusillanime, mais rares sont ceux qui aiment le noir et cet ancien monastère n’avait rien de rassurant. De plus, je craignais de faire du bruit ou d’alerter les chiens, qui devaient être à l’intérieur, par ce temps. Et si l’un d’eux se mettait à aboyer ? Si l’on me prenait à rôder dans l’aile de Forster ou de Mrs. Owen par une nuit pareille, aucune excuse ne semblerait plausible.
    Néanmoins, il me fallait retourner chez Amy. Tremblante, je me mis en route. Par chance, les chiens me connaissaient bien. Ils vinrent me renifler dans le noir, et l’un d’eux laissa échapper un petit jappement amical, mais il se tut après une caresse. En traversant à pas de loup le salon de Mrs. Owen – la plupart des pièces étaient en enfilade –, je renversai un tabouret. Personne n’entendit rien, mais arrivée à la porte de ma chambre, le dos en sueur, j’entrai chez moi presque en courant.
    Dale veillait auprès de la chandelle, encore tout habillée, son inquiétude visible dans ses yeux.
    — Oh, madame ! Où donc étiez-vous ? Cette Pinto m’a harcelée de questions. Je l’ai renvoyée à Lady Dudley, qui lui a dit de ne pas s’en préoccuper et que tout allait bien. Mais je me suis fait un sang d’encre !
    — Eh bien, me voici saine et sauve ! Je ne peux vous expliquer où j’étais, Dale, mais

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