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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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de ces cités adoraient toutes sortes de dieux. Le père de cet Ibrahim fabriquait leurs apparences en pierre et en bois. Le plus souvent, ils ressemblaient à la fois à des hommes et à des animaux.
    « Un jour, Ibrahim déclara à son père que les dieux ne pouvaient pas ressembler à des figures si grotesques. La dispute entre le père et le fils s'envenima. Pour prouver que les dieux se moquaient de leur apparence en pierre ou en bois, Ibrahim entra une nuit dans l'atelier de son père pour briser et brûler toutes les statues qui venaient d'y être fabriquées. L'insulte était terrible. Tout le monde se mit à redouter la vengeance des dieux. Les autels furent couverts d'offrandes. Mais rien ne se passa. Rien de rien.
    « Alors Ibrahim vint sur la place sacrée de sa ville et déclara qu'il fallait être fou pour croire que les dieux endossaient ces formes mi-humaines, mi-animales.
    « Cette fois, c'en était trop ! Pour ne pas mourir lapidé, Ibrahim dut fuir avec sa femme. Ils marchèrent vers le nord, vécurent comme des Bédouins, poussant devant eux du petit bétail. Enfin ils arrivèrent devant une cité dont ils ignoraient le nom. Un matin, alors qu'il venait de se laver la figure à une source, Ibrahim entendit une voix. Autour de lui, personne. Les paroles redoublèrent. Ibrahim prit peur. “Tu as eu raison de détruire les idoles fabriquées par ton père”, dit la voix. “Qui me parle ?”, demanda Ibrahim. “C'est ton dieu qui te parle. Un dieu qui n'a aucune apparence. Aucune : ni homme, ni bête, ni chose. Un dieu qui possède la parole et peut être entendu de tous. ”»
    « Ibrahim pensa : “Je deviens fou.” Mais le dieu de parole dit à Ibrahim : “Tu n'es pas fou. Marche vers l'ouest et je te soutiendrai.”
    « Ibrahim obéit à son dieu. Il s'en trouva bien pendant longtemps, sauf pour une chose : son épouse ne lui donnait pas d'enfant. Elle était stérile.
    « Ibrahim vieillissait et craignait de se trouver sans descendance. Pour la première fois depuis leurs épousailles, il prit dans sa couche une autre femme que la sienne. Sa servante Hajjar. Avant peu, elle lui donna un fils. Ils le nommèrent Ismâ'îl.
    « La femme d'Ibrahim ne supporta pas de voir son époux avec le fils de sa servante. Un jour, alors qu'Ibrahim et son troupeau se trouvaient à l'ouest de ce qu'on appelle aujourd'hui le pays de Sham, elle chassa Hajjar et Ismâ'îl.
    « Ils prirent la route conduisant au sud à travers le désert de Maydan et du Hedjaz.
    « Apprenant que son épouse avait chassé Hajjar et son fils qui n'avait pas un an, Ibrahim fut empli de honte. Il loua des chameaux, les chargea de nourriture et d'eau, et se hâta de les rejoindre.
    « Une fois réunis, ils poursuivirent leur route vers le Sud, cherchant à chaque occasion une place favorable pour construire une maison où Ismâ'îl puisse grandir et devenir un homme.
    « Un jour, ils atteignirent une vallée qui parut propice à Ibrahim. Mais Hajjar lui fit remarquer que, si la vallée ressemblait à celle d'un grand wadi, on n'y voyait aucune source. Elle dit : “Sans eau, la vie ne sera pas possible.”
    « Ibrahim était un homme capable de beaucoup d'obstination. Il grimpa sur l'une des collines dominant l'emplacement où il avait laissé Hajjar et son fils. Sur Safâ, notre colline ! dit Waraqà, emporté par son histoire et la racontant avec force gestes et mimiques.
    « Donc, tout vieux qu'il fût, Ibrahim atteignit vite le sommet. De là, il ne vit que la poussière et le basalte du désert. Il redescendit, monta sur la colline opposée. Sur notre Marwa ! Même désolation ! Mais il s'obstina encore. Sept fois, il bondit de Safâ à Marwa. Pourtant, aussi loin que portaient ses yeux, il ne distinguait aucune plante indiquant une source.
    « La huitième fois, il ne remonta pas sur Marwa. Il redescendit près d'Hajjar pour lui dire qu'elle avait raison. Alors qu'il approchait, il entendit les cris de son fils qui réclamait à boire. Son cœur se serra. À quoi bon avoir parcouru tant de chemin pour que son fils n'ait pas de maison ?
    « Son petit Ismâ'îl était couché sur une grosse pierre noire à la forme étrange. Une pierre qui ne ressemblait à aucune autre des alentours. Et qui n'avait l'apparence ni d'un homme ni d'un animal. Dans sa soif et sa colère, Ismâ'îl frappait le sol de ses pieds. Tap , tap , tap , ses tout petits pieds de bambin cognaient dans la poussière. D'un coup, le sol

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