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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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retrouvés, faits de fil de cuivre. Notre grande Simone, blonde, fort jolie fille d’une vingtaine d’années, était douée et faisait des merveilles. Denise Guérin, premier prix de dessin invente pour ma fête un « petit bouquet » . Je l’ai sauvé des fouilles, des bombardements, de l’exode. Il est à l’exposition de Ravensbrück, ainsi qu’un mouchoir offert par Dédé Cavallo.
    Novembre arrive, il fait froid, nous n’avons toujours que notre robe de coton. Les poux font leur apparition. J’ai vu des Italiennes les arracher de leur corps et les jeter à terre, vivants ; d’autres les écrasent sur le rebord des fenêtres, ou les lancent au feu.
    11 novembre : d’un commun accord, unies dans un même souvenir, les Françaises décident de faire une minute de silence, à 11 heures, dans les ateliers. Les étrangères acceptent. Un signal ! Nous sommes toutes debout, dignes, silencieuses. C’est magnifique. Les machines sont arrêtées. Furieux, les chefs pensent à une rébellion. Edwige, notre interprète, la minute passée, dit en toute simplicité : « Nous sommes le 11 novembre, c’est l’anniversaire de l’armistice de 1918 ! » Ils haussent les épaules, ils ne veulent pas se souvenir de leur défaite.
    Le mois se poursuit, triste, morne. Les Aufseherinnen sont hargneuses. La « Carola » est enceinte d’un S.S. Elles frappent davantage, prolongent les appels. Elles sont enveloppées de chauds manteaux confortables, chaussées de bottes de cuir, avec à la main la schlague qui ne les quitte jamais. Elles visent en pleine figure celles qui portent des lunettes, surtout notre chère petite Marie Savin et la gentille Annie Hervé. Frappée très fort pendant l’appel du matin, Annie tombe, s’évanouit. Coups de pieds dans le ventre, dans les reins : elle ne bouge pas. Marie se jette sur elle pour la protéger. Elle est rouée de coups. Ses lunettes se brisent. Effrayées, grelottant de froid, de peur, la haine au cœur, nous prenons le chemin de Siemens, les larmes aux yeux.
    Pour avoir voulu cacher les cigarettes d’un colis, le premier reçu, Edwige se bat et tient tête à cette S.S. « platine », l’élégante. Elle est honteusement frappée ; nous la retrouvons la tête tondue. Tout la journée, par un froid glacial, elle est forcée de faire le tour du camp. Défigurée, cadavérique, elle quitte le camp la nuit pour travailler dans une usine de produits chimiques ; punition qui détruit sa santé complètement, malgré le lait qui lui est accordé.
    Début décembre, toujours en robe de coton, nombreuses sont les malades qui toussent ; l’avitaminose envahit bien des corps. Comme nous avons froid ! Comme nous avons faim ! et les alertes ! Les proches bombardements se succèdent. Les appels deviennent notre hantise. Quand les S.S. ne sont pas là, nous nous frottons mutuellement, gestes familiers que nous renouvelons sans cesse. Nous ne sentons plus nos membres engourdis.
    En rang, cinq par cinq, les petites en avant (j’en suis une) ! Il neige, je mets mes mains dans les manches de ma robe. La « baleine » (une brute S.S.) arrive, s’arrête devant moi. Elle est grosse, rouge, les yeux terribles, elle hurle, mais quoi ? Je me redresse, la regarde fixement, je remue la tête, je ne comprends pas. « Française » lui dis-je. « Françouze swein ! » et une retentissante paire de claques s’applique sur mes joues transies. Je vacille, mes oreilles bourdonnent. Deux mots m’échappent : « Sale vache. » Elle se retourne, arrache mes mains des manches. Elle n’a pas compris. Ses doigts restent marqués deux jours !
    Le même jour : bataille acharnée entre cette « baleine » et Blanche. Simone, en voulant la secourir, est fouettée. Elles sont de « piquet » toute la journée. Grâce à celles de nuit qui se sont jointes à elles en signe de protestation, la punition est levée par le commandant, pas trop féroce celui-là. Blanche a néanmoins sa belle chevelure brune tondue.
    La colonne des hommes renferme beaucoup de Russes, de Polonais, quelques Français. Nous nous sommes repérés. Ils se mettent en fin de colonne, et comme la nôtre les suit, nous échangeons quelques canulars… pleins d’espoir quand même !
    Mi-décembre, nous obtenons manteaux ou imperméables ayant appartenus aux Juives. L’étoile jaune est encore empreinte. Les manteaux sont chauds, mais sous la neige, la pluie, ils restent toujours mouillés. Les

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