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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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de toutes parts. Pour nous allaient commencer deux mois enchanteurs pendant lesquels nous allions réapprendre à vivre, à être heureux.
    Pourtant jusqu’au 16 juin, nous avons attendu des nouvelles de tous les nôtres. Nombreuses étaient les camarades qui avaient déjà reçu des nouvelles, alors que ma mère et moi nous n’avions rien. Enfin un télégramme nous a appris que le miracle était accompli. Que tous, père, frères, tante, tous étaient vivants. Que tous seraient là pour nous recevoir.
    Bien douce encore fut la minute où, au Bourget, le 2 juillet 1945, nous avons touché le sol de France. Quelques aviateurs vinrent nous accueillir. C’était un dimanche, des autobus nous emmenèrent à Ivry. De toutes nos forces nous chantions la Marseillaise. Cette Marseillaise que, si longtemps, il avait fallu chanter tout bas.
    Et depuis, voyez-vous, il y a trois chants que j’entends avec un respect et une émotion particulière, ce sont « Ô terre de détresse » que murmuraient là-bas ceux qui souffraient. « Ce n’est qu’un au revoir…» chanté par ceux qui partaient vers quelque destination inconnue. Et la Marseillaise telle que l’ont chanté bien haut ceux qui partaient à la mort, telle que l’ont chanté ; de toute leur joie ceux et celles qui, comme nous, allaient revivre xliii …
    *
    * *

VII
LUDWIGFELD
    Oranienburg partage avec Dachau le privilège d’être « le premier camp de concentration de l’histoire du Reich ». Tous deux ont vu le jour en 1933. Mais Oranienburg c’est autre chose qu’un camp. Situé à dix minutes de Berlin, il devient, dès 1936, le camp modèle, le camp directeur des autres camps, le camp archive centrale, le camp « Empire d’Himmler ». En huit ans, surgira du néant une ville de 75 000 âmes. Une capitale secrète à la dévotion du Reichsführer. Derrière les barbelés s’installent des planches à billets manœuvrées par les plus grands faussaires de tous les temps. Des millions de dollars, de livres, inonderont les marchés officiels ou parallèles du monde. Ici, on trie les bijoux récupérés, les œuvres d’art pillées. Ici, on réunit les savants enlevés qui mettent au point les armes terrifiantes de la « dernière chance ». Ici, sans doute, débutent les premières expériences médicales sur des cobayes humains. Ici, Himmler fait exécuter ses idées les plus folles : par exemple, dresser des milliers de chiens à porter sur le dos une charge de 15 kilos de dynamite et à courir droit devant eux malgré le sifflement des balles… Plus tard, on lancera ces chiens ainsi équipés sur les divisions ennemies. Ici, on traite le minerai d’uranium pour la première bombe atomique allemande. Ici, s’échafaudent tous les plans de victoire, toutes les illusions. Mais la masse des déportés s’échine dans les kommandos de terrassement, dans les usines d’armement, dans les ateliers de réparation et ignore les mystères de l’« Empire » . Cette masse est traitée comme partout ailleurs : abandonnée au bon plaisir des gardiens.
    Ludwigfeld, rattaché suivant les mois et les fantaisies de l’administration S.S., à Oranienburg ou à Ravensbrück accueille dans les premiers jours de l’automne 1944 un convoi de mille deux cent cinquante femmes venues de Ravensbrück.
    — Pendant xliv les huit premiers jours de notre arrivée, nous restâmes sans travailler. Toutefois il y avait continuellement des appels accompagnés de copieux matraquages. Nous recevions une soupe chaque jour. Les Allemands opérèrent des triages et échangèrent les numéros. Les triangles noirs furent nommés aux postes de commandement du camp. Dès le lendemain de notre arrivée, nous devions faire connaissance avec la cruauté : au moment de la distribution de soupe, une Polonaise qui avait voulu chercher un supplément de soupe, reçut un coup de pied de la « blockalteste » ; sa fille, venant lui porter secours, fut à son tour rouée de coups. J’étais juchée avec Micheline sur notre châlit et nous étions terrifiées par ses hurlements. Les triangles noirs s’acharnèrent sur la Polonaise jusqu’au moment où elle n’eut plus la force de crier.
    — Au début de la deuxième semaine, il y eut un grand rassemblement général, formation en colonne et départ au pas vers l’usine. Nous suivîmes d’abord une route en plein champs puis nous avons aperçu quelques maisons bombardées en nous approchant de l’usine.
    Les

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