Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
Catherine, l’hôtelière, toquait à la porte pour « savoir si tout allait bien ». Elle entrait, rougissante, et repartait confuse. Son époux, Gabriel, qui n’avait rien d’un archange – trapu et rubicond, disert mais bourru – montait quatre fois par jour les bûches nécessaires à l’entretien du foyer – ce que Tiercelet s’était proposé de faire. Vainement.
    Jamais Yolande et Bérengère, les filles, n’accédaient à l’étage. C’était Paindorge ou Matthieu qui montait les repas.
    Il semblait que le dauphin, prévenu de son empêchement, l’eût oublié. Il s’en félicitait. Il apprit, par Tiercelet, que Boucicaut était parti pour Rolleboise porteur d’un message destiné à Guesclin.
    – Hé oui, dit le brèche-dent, qui s’était assis sur le lit, face à Tristan rencogné dans un faudesteuil et couvert d’une houppelande fourrée de mouton prêtée par maître Gabriel. Le nouveau Fierabras n’a pas pris Rolleboise (362) .
    – Quel coup prépare le dauphin ?
    – Il paraît qu’il veut avant tout prendre Mantes.
    – Mais, si j’ai bien compris, les gens de la cité avaient ouvert leurs portes à la noblesse. Cela signifie qu’ils ne veulent pas engager les hostilités contre Charles et ses guerriers 122 .
    –  Va y démêler quelque chose : on dit que deux lieutenants du Mauvais, Guillaume de la Haye et Jean de Tilly ont prêté main forte aux gens d’armes du duc de Normandie lors du siège du Molay… On dit aussi que les pourparlers entre Charles de Blois et Jean de Montfort ont échoué (363) . On dit encore que le captal de Buch, Jean de Grailly – qui est le cousin germain du Mauvais – est arrivé en Poitou avec trente mille hommes, et que le cousin de Sacquenville. Pierre, est déjà passé aux actes dans le comté d’Évreux. Charles a donc réuni son Conseil.
    – Et qu’ont-ils décidé, ces gens de sens rassis ?
    – Que le Mauvais est un rebelle (364) .
    Tiens !… Ils semblent seulement s’en apercevoir !
    – Il paraît que nos hommes d’armes vont assaillir Mantes et Meulan.
    – Sans déclaration de guerre préalable ?
    – Oui. Il paraît qu’il leur faut occuper ces cités dès que possible. Et qu’ils y fassent le ménage.
    – Monseigneur Charles ne vaut pas mieux que Guesclin. C’est l’alliance de la maladie et de l’intempérance. Je sais bon gré à Dieu d’avoir été malade. Et je sens que je vais le rester quelque temps.
    *
    Le dimanche 7 avril, en sortant de La Main d’argent pour entendre la messe à Saint-Germain l’Auxerrois, Tristan aperçut Bohémond.
    – Holà ! Je ne te savais pas à Paris… Que viens-tu y faire ? Cherches-tu un soudoyer qui ait mal aux pieds ?
    Le trait ne perça pas la cuirie du sergent. Les narines rouges, gonflées, les poings serrés, il mit pied à terre et, caressant l’encolure de son cheval dont la robe noire fumait :
    – Non, messire. Je dois remettre une lettre à monseigneur le duc de Normandie. J’arrive de Mantes.
    – Mantes ? Cela signifie-t-il que Rolleboise es prise ?
    – Non, messire. Guesclin y a renoncé… Boucicaut est venu lui porter commandement de prendre Mantes et Meulan.
    – Prendre ?… Peut-être suffisait-il de demande aux manants d’ouvrir leurs portes.
    –  Prendre , messire. Depuis hier, les Bretons sont devant Mantes. Ils ont parmi eux des vassaux du roi de Navarre : Guillaume Carbonnel, Ligier d’Orgessin Regnaut de Bracquemont, le vicomte d’Equennes. Je les ai vus… Après Mantes, Meulan tombera, puis Vertheuil et Rosny.
    – On dirait que tu t’en réjouis.
    – Non, messire ! protesta Bohémond, une main sur le cœur. Mais Guesclin, oui !
    Le surlendemain, les Parisiens surent que Mantes était conquise. La prise de la cité avait donné lieu à des excès dignes des routiers. Les mieux informés ajoutaient, baissant la voix, que le régent du royaume avait souhaité qu’il en fut ainsi. Tristan, morose, reprit auprès de lui son service. Dans un Louvre glacial, il se remit à veiller sur certaines portes par lesquelles monseigneur Charles pouvait insinuer sa blafarde personne. Il entendit des commentaires contradictoires sur Guesclin et la façon dont il pratiquait la guerre. Aucuns s’en merveillaient, d’autres disaient que le Breton n’était qu’un malandrin et condamnaient l’émoi du dauphin lorsqu’on parlait de lui en sa présence : « Qu’est-ce que ce sera lorsqu’il deviendra roi ! » Les plus

Weitere Kostenlose Bücher