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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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assez forts en frégates pour prendre la Saale et la Méduse, le Bellerophon seul ne pourrait arrêter les deux   ! Belle évidence. Bien sûr, il faut regarder la vérité en face. Mes matelots ont beau surnommer le Bellerophon “Bill le Ruffian”, vous savez comme moi que c’est un ruffian qui a cent fois mérité de rejoindre ses invalides. Moins jeune, moins rapide et moins mobile que la Saale et la Méduse ; nous y reviendrons tout à l’heure...
    Ce matin j’ai reçu une nouvelle lettre de l’amiral Hotham. Je vous en donne lecture   :
    Les Lords de l’Amirauté ont de bonnes raisons de croire que Napoléon Bonaparte songe à s’enfuir de France, pour gagner l’Amérique, avec sa famille, et en conséquence je vous requiers et vous ordonne d’exercer la surveillance la plus étroite en vue de l’intercepter, et de visiter de la façon la plus minutieuse tous les navires que vous rencontrerez. Si VOUS AVEZ LA BONNE FORTUNE DE L’INTERCEPTER, VOUS LE TRANSFÉREREZ, EN COMPAGNIE DE SA FAMILLE, SUR LE BÂTIMENT QUE VOUS COMMANDEZ ET, LE TENANT SOUS BONNE GARDE, VOUS FEREZ ROUTE SUR LE PORT ANGLAIS LE PLUS PROCHE , Torbay étant à préférer à Plymouth, avec la plus grande diligence. À VOTRE ARRIVÉE, VOUS INTERDIREZ LES COMMUNICATIONS AVEC LA TERRE , sauf pour les mouvements indiqués ci-dessus. Vous serez tenu responsable de la conservation du secret...
    Le gouvernement anglais a reçu dans la nuit du 30 juin une demande adressée par les chefs de la France, à l’effet d’obtenir un passeport et un sauf-conduit pour que Bonaparte puisse se rendre en Amérique. Une réponse négative a été faite à cette demande et Lord Keith ordonne de redoubler de vigilance pour intercepter Bonaparte. D’après les mesures adoptées chez nous, on paraît s’attendre à ce qu’il mette à la voile d’un des ports du Nord   ; mon opinion est que Bonaparte a pris la route de Rochefort, et que, probablement, il s’embarquera sur une des frégates mouillées sous l’île d’Aix."
    Le capitaine Maitland jeta un regard circulaire sur ses auditeurs. Ils restaient de marbre.
    —  Il y a une heure, reprit Maitland, l’amiral m’a adressé son dernier message. Le voici   :
    « Le ministre de la Marine de France a reçu l’ordre de préparer des bâtiments de guerre qu’on a mis à la disposition de Bonaparte, et deux frégates ont été disposées pour lui et pour sa suite. On a annoncé aux deux Chambres qu’il avait quitté Paris le 29 juin à 4 heures et l’on croyait qu’il avait pris la route de Rochefort. Je ne doute pas que les deux frégates qui sont en rade de l’île d’Aix ne lui soient destinées. C’est à vous d’employer tous les moyens pour intercepter le fugitif, de la captivité duquel paraît dépendre le repos de l’Europe. »
    Frédéric Lewis Maitland secoua son fourneau et sourit   :
    —  Au cas où nous n’aurions pas compris l’urgence de la situation, nous devons espérer un nouveau message ce soir. Parce que vous l’avez peut-être remarqué, toutes ces communications répètent la même chose. À quelques nuances près.
    L’amiral Hotham a écrit à Lord Keith qu’il considérait que les parties de la côte entre Quiberon et Arcachon sont bien gardées avec — je le cite — « au large une assez bonne ligne de protection   ». Je considère cette estimation comme optimiste. Il ne faut pas vous faire d’illusions. Nous avons douze navires pour surveiller trois cents kilomètres de côte... Je vous rappelle la composition de l’escadre et la position de nos navires.
    Superb : en baie de Quiberon   ;
    Sheldrake : près de l’embouchure de la Loire   ;
    Opossum : croise à 60 miles dans le nord-ouest de l’embouchure de la Loire ;
    Cyrus : à l’entrée du pertuis Breton   ;
    Bellerophon, Myrmidon, Slaney : sous le phare de Chassiron   ;
    Daphné   : à l’entrée de la passe de Maumusson et aussi près de terre que le temps le permet ;
    Phœbea, Erne : à l’embouchure de la Gironde   ;
    Endymion : croise à une nuit de voile de l’embouchure de la Gironde   ;
    Cephalus : devant la Teste, près d’Arcachon.
    Ma véritable crainte, c’est que les deux frégates françaises nous abordent de front. En ce cas extrême, en attendant des secours hypothétiques, vous serez à des dizaines de miles de l’événement — sauf maintien du Slaney ou du Myrmidon à mes côtés.
    Voilà ce que j’ai décidé. J’ai prévu un entraînement

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