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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ce que je peux
faire pour vous, Mathilde. Rester ici est dangereux. Retourner chez votre mère
encore plus hasardeux. Vous avez assez vu Paris, Mathilde ! Voulez-vous
devenir une mendiante, vous joindre aux coquillards [5] qui
errent dans le Quartier Latin ? Attendre le jour où vous serez appréhendée
pour rixe, pour crime ou pour félonie ? Vous aussi, vous monterez dans la
charrette de Montfaucon. Ou un lanternier fera-t-il de vous sa ribaude ?
Je dois connaître votre décision : oui ou non ? J'avais jeté les dés.
J'avais choisi.
    — Je dois m'enfuir,
murmurai-je. Et le seul moyen est celui dont vous avez parlé.
    — Bon.
    Messire Simon poussa un soupir de
soulagement.
    — Vous partirez demain matin.
Avant l'arrivée de mes prochains invités, ajouta-t-il d'un ton mystérieux.
    Je m'éveillai avant l'aube. Des
valets, portant des seaux d'eau chaude, montaient à grand bruit
l'escalier ; d'autres, chargés du lourd cuveau de messire Simon, les
suivaient. On m'ordonna de me déshabiller, de me laver avec soin et d'enfiler
les habits sombres que Simon avait apportés : des chausses bleues, de
souples bottes d'Espagne, du linge de corps en lin, une robe bleu foncé avec
une fronce pourvue d'un repli pour glisser une dague, et un anneau pour ma
main.
    — Un cadeau, m'indiqua Simon.
    Il y avait enfin une épaisse chape
brun foncé qu'on attachait au cou par un fermail d'argent. Messire Simon me
remit aussi une ceinture pour mon pécule. Des bourses étaient cousues tout le
long de la bordure et chacune était pleine de pièces d'argent.
    — J'aimerais prétendre que
c'est aussi un cadeau de ma part, observa-t-il en hochant la tête. Mais cette
fortune appartenait à votre oncle. Vous en disposez à présent. Je ne peux rien
vous donner de plus. Souvenez-vous que vous êtes Mathilde de Clairebon, parente
éloignée de messire Simon de Vitry. Vous savez, je vous ai étudiée, Mathilde,
dit-il avec insistance en s'approchant et en me scrutant. Vous avez l'oreille
fine et la langue bien pendue ! Il sourit.
    — Votre connaissance de la
médecine, des herbes et des potions est tout à fait remarquable. Votre oncle
m'avait aussi dit que vous parliez italien et pouviez vous exprimer dans la
langue de la Cour ; il vous faudra peu de temps pour apprendre celle des
Anglais, vous instruire de leurs coutumes et adopter leurs façons.
    — Que serai-je ?
    — Ce que la princesse
Isabelle décidera. Vous serez présentée comme une demoiselle de chambre *.

 
     
    CHAPITRE II
     
     
     
    La perfidie règne et engendre le
mal.
    Chanson des temps anciens, 1272-1307
     
     
    Je déjeunai pour la dernière fois
dans cette demeure, et partis. Messire de Vitry portait les paniers contenant tout
ce que je possédais. L'Avent approchait. Des rameaux de verdure festonnaient
les montants des portes près des crochets où brillaient les lanternes de corne.
Des chevaux tirant d'énormes tronçons de bois avançaient avec peine dans les
rues. Un vendeur d'eau, silhouette décharnée, vantait en criant à tue-tête
l'eau la plus pure puisée à la plus pure des sources. Dans un coin, un homme
cuisait des tourtes sur le fourneau qu'il avait installé bien loin des yeux
vigilants des dizainiers [6] et des baillis du marché. Des scènes
de la vie que je ne devais jamais oublier. Nous nous hâtions dans les rues
pavées ; les enseignes des boutiques grinçaient dans le vent glacial. Nous
passâmes devant une église ; sur les marches, un chœur d'écoliers chantait
à pleine voix un cantique à la gloire de la Vierge qui avait donné naissance à
un enfant royal. J'étais encore à moitié endormie, comme si je marchais dans un
rêve. Nous franchîmes des ponts et débouchâmes sur la chaussée menant au palais
royal proche de l'église de la Sainte-Chapelle. Des hommes d'armes y
grouillaient ; un groupe de chevaliers passa dans un cliquetis de cottes
de mailles. Sous le porche béant du corps de garde, des mercenaires brabançons,
le visage presque entièrement dissimulé par le nasal de leur casque, nous
arrêtèrent. Nous montrâmes nos sauf-conduits et reprîmes notre chemin, suivîmes
des rues pavées, et, par un autre portail, entrâmes dans le dédale de corridors
et de couloirs qui reliait les bâtiments entre eux, passant de tourelles
élancées aux murs crénelés à des escaliers qui semblaient ne mener nulle
part ; l'endroit vous donnait le vertige. La brume s'élevait en volutes
comme la fumée

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