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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pendant deux jours. On en parle déjà.
    — Le mariage mettrait un terme à son ignorance des femmes, suggéra Berenguer, et aux commérages concernant ma nièce. Je jouerais ma vie que ces rumeurs n’ont aucune raison d’être, ajouta-t-il, mais chacun sait que le scandale se moque bien de la vérité.
    — Il est pauvre, fit remarquer Don Eleazar.
    — Mais issu d’une bonne famille, compléta le roi. Et ma fille semble se pâmer d’amour pour lui. Le problème tient cependant à ce qu’il a été convaincu de trahison.
    — Suite aux machinations de vos ennemis, sire, dit l’évêque.
    Don Eleazar s’éclaircit alors la voix, signe certain qu’il avait trouvé une solution. Chacun se tourna vers lui.
    — Un message clair, voilà ce qu’il faut, dit-il. Le pardon seul ne suffit pas. Toute sa vie, le nuage de la trahison planera au-dessus de sa tête, et cela peut rendre un homme dangereux. Décapitez-le demain, Votre Majesté, ou élevez-le sur-le-champ. Valence a besoin d’un nouveau gouverneur. Vos ennemis comprendront que leurs complots ont échoué si vous nommez Bellmunt à ce poste.
    Pendant quelques instants, le regard de Don Pedro se perdit dans le lointain.
    — Nous pourrions lui donner les terres et les biens de Castellbo. Ils ont été confisqués par la couronne.
    — Peut-être, Votre Majesté, la moitié suffirait-elle, murmura le secrétaire. Nous devons financer la campagne de Gênes…
    — Excellent, dit le roi. Voilà résolu le problème de sa pauvreté.
    Don Eleazar nota ce qui venait de se décider.
    — Nous enverrons Arnau à Valence avec lui – il est prudent et réfléchi. Et je ne l’aurai plus à mes basques. Tout cela, bien entendu, si Bellmunt y consent.
    Don Eleazar écrivit.
    — Et s’il n’y consent pas ?
    — Oh, je pense qu’il ne se fera pas prier. Mais il peut toujours choisir l’autre solution.
    Le roi se leva.
    — Ainsi, messires, Valence a un nouveau gouverneur. Ma fille en sera enchantée.
     
    Le trio revint dans la salle. L’évêque murmura quelque chose à l’oreille d’un intendant et, quelques secondes plus tard, des serviteurs apparurent avec des plateaux chargés de mets délicieux et des pichets d’argent ciselé emplis de vin. Don Eleazar s’approcha de maître Isaac pour lui parler de l’infant, et Berenguer de Tomas de Bellmunt.
    La tapisserie fut tirée afin de permettre à l’abbesse, dame Isabel et Raquel de se joindre aux autres. Les dames firent la révérence, les hommes les saluèrent. Tomas avait une mine épouvantable, le roi était resplendissant et dame Isabel affolée.
    — J’ai grand plaisir à vous voir, Don Tomas, assura l’évêque. Ma nièce s’est remarquablement remise au cours de ces derniers jours, n’est-ce pas ? Il faut dire qu’elle a une excellente constitution et un habile médecin.
    Tomas lui adressa un regard désespéré :
    — Elle est adorable au-delà de toute comparaison.
    — Tout flatteur pourrait parler ainsi, mais je suis de votre avis. Diriez-vous qu’elle semble également bonne et vertueuse ?
    — Nulle femme ne l’est plus qu’elle dans toute la Catalogne.
    — Je suis heureux que vous le pensiez, dit Berenguer. Car déjà l’on répand des calomnies à son sujet. On prétend qu’elle s’est enfuie délibérément avec Montbui et qu’elle est revenue contre son gré. Je crains que le couvent ne lui soit tout indiqué. À moins qu’elle n’accepte de se marier, et vite de surcroît, pour faire taire les mauvaises langues.
    — À qui est-elle promise ? demanda Tomas, sur qui les malheurs paraissaient s’amonceler.
    — À personne pour le moment. Regardez-la, elle est seule dans son coin et semble fort triste. Vous devriez lui parler et l’égayer un peu.
    — Je doute que les paroles d’un condamné la réjouissent beaucoup, Votre Excellence.
    — Ah, oui. Ce furent des chefs d’inculpation intéressants. Vous vous rendez compte, Don Tomas, que vous n’avez été condamné que pour une seule chose : avoir apporté de l’aide – par le truchement de votre serviteur, Romeu – à un groupe que vous auriez dû soupçonner de trahison. Bien sûr, vous avez agi par ignorance. Peut-être même de bonne foi. Mais il y a tout de même une faute à expier, dirons-nous.
    — Je n’ai plus beaucoup de temps pour l’expiation.
    — Cela dépend, dit Berenguer, les yeux perdus dans le lointain. En ce moment précis, Sa Majesté a grand besoin d’un

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