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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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fit tourner simultanément la tête vers un chemin bordé
d’arbres magnifiques dont les branches supérieures se rejoignaient pour former
un tunnel sombre et résonnant de murmures. Deux enfants surgirent en pleine
lumière et se dirigèrent vers eux ; Andrew et Laura, la fille de Julian,
avaient été voir les daims qui s’ébattaient dans un parc créé à leur intention
à l’est du château. Ils étaient suivis de près par leurs gouvernantes
respectives, Miss Meredith Lennox, portant son éternelle robe de crêpe noir et
son bonnet de lin blanc, et Miss Elizabeth Dunbar, mince jeune femme aux cheveux
châtains et aux yeux marron cernés de grosses lunettes à monture d’acier.
Toujours souriante, Miss Dunbar était un modèle de douceur et de gentillesse.
Cassandra la contempla avec une pointe de regret avant de reporter son regard
sur Miss Lennox. La gouvernante d’Andrew se tenait un peu à l’écart, droite et
compassée, surveillant les enfants d’un œil aigu auquel nul détail, et surtout
pas les plus compromettants, ne semblait échapper. De l’avis de Cassandra,
l’Ecossaise aurait fait une excellente gardienne de prison. Mais elle était
aussi, il fallait bien le reconnaître, une gouvernante chevronnée.
    Cassandra
était une femme cultivée. Ayant beaucoup lu et voyagé, elle possédait des
connaissances étendues dans de nombreux domaines. Malheureusement, l’éducation
n’en faisait pas partie. Bien qu’elle eût fait de louables efforts pour
s’intéresser au sujet, se plongeant dans des manuels fort instructifs mais
redoutablement ennuyeux, ses compétences en la matière étaient demeurées
limitées. À la vérité, elles se résumaient en une phrase : un enfant avait
besoin de règles. Encore que Cassandra eût été bien en peine d’expliquer en
quoi ces règles consistaient précisément.
    Dieu
merci, il existait des femmes dont la vie tout entière était vouée à la
résolution des problèmes posés par les enfants. Consciente de ses carences,
Cassandra n’avait été que trop heureuse d’embaucher une gouvernante pour
s’occuper d’Andrew. Ce qu’elle n’avait pas prévu cependant, c’était la
frustration qu’engendrerait cette situation. Car s’il est aisé d’accorder le
pouvoir à autrui, il est beaucoup plus difficile de le lui reprendre.
    Forte
de ses vingt ans d’expérience auprès d’enfants de la haute société, Miss Lennox
défendait jalousement ses attributions et repoussait avec une fermeté dédaigneuse
toute tentative de Cassandra d’empiéter sur son territoire. Du reste, elle ne
faisait pas mystère de la piètre opinion que lui inspiraient les aptitudes
maternelles de sa maîtresse, aptitudes dont elle avait évalué la médiocrité au
premier coup d’œil. Aussi Miss Lennox prenait-elle toutes les décisions
concernant Andrew, au grand dam de Cassandra qui n’était pas habituée à laisser
les autres agir à sa place, et encore moins à se laisser diriger par eux.
Lorsqu’elle se trouvait avec Andrew et sa gouvernante, elle avait parfois la
désagréable impression d’être une intruse dans sa propre demeure. Le moindre
désaccord concernant des détails aussi anodins que la nourriture ou l’heure du
bain donnait lieu à d’interminables discussions dont Cassandra ressortait laminée.
Ces scènes pénibles se terminaient invariablement de la même façon :
    –  Si
madame s’estime plus compétente que moi en la matière… assenait Miss Lennox
d’un ton qui défiait Cassandra de proférer une telle aberration.
    Ces
mots scellaient la défaite de la jeune femme. Elle n’avait alors d’autre choix
que de battre prudemment en retraite.
    –  Certes
pas, balbutiait-elle, partagée entre confusion et fureur. Vous avez
probablement raison, Miss Lennox.
    Tomber
de rideau, fin de la scène, retour à un semblant de paix. Jusqu’à la prochaine
velléité de rébellion qui se solderait, une fois de plus, par un échec aussi
lamentable qu’humiliant.
    La
jeune femme en était là de ses réflexions quand Andrew vint s’abattre contre
ses jupes. Hilare, le petit garçon tendit ses mains potelées vers elle, et
Cassandra, dans un remarquable instant de compréhension maternelle, en déduisit
que son fils voulait qu’elle le prenne dans ses bras. Elle le souleva donc
maladroitement et l’assit sur ses genoux. De son côté, Laura, qui venait
d’avoir sept ans, avait rejoint Julian. C’était une enfant intelligente et
affectueuse

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