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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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la porte. Il se laissa entraîner sans résistance,
les yeux rivés sur Aerith qui l’observait en souriant.
    –  N’écoutez
pas ce qu’elle vous raconte, lui ordonna Cassandra une fois dans le couloir. Il
est évident qu’elle cherche à vous manipuler, même si j’ignore dans quel but.
    Mais le mal était fait
et, l’espace d’une seconde, Cassandra ressentit une certaine admiration pour
cette femme qui, sous des dehors angéliques, était parvenue en quelques minutes
à peine à déstabiliser complètement Julian et Gabriel.
    *
    Julian
demeura enfermé dans sa chambre le reste de la nuit, puis durant la journée
entière. Il se refusa à parler à quiconque et ne toucha pas aux repas que les
valets lui apportèrent.
    Le
soir tombait quand Cassandra estima que sa retraite avait assez duré. Sous la
garde de deux domestiques armés, Aerith attendait toujours dans la bibliothèque
de parler à son ancien époux, et cette situation inconfortable pour tous les
habitants de Lynton Hall ne pouvait s’éterniser davantage. Aussi Cassandra
alla-t-elle au salon trouver Gabriel, plongé avec Laura dans la lecture d’un
ouvrage de Cuvier. À son entrée, elle avisa Elizabeth Dunbar qui brodait près
de la fenêtre.
    –  Miss
Dunbar, pourriez-vous s’il vous plaît emmener Laura dans sa chambre ?
    La
gouvernante prit la main de Laura qui quitta Gabriel à regret. Celui-ci regarda
Cassandra d’un air interrogateur.
    –  Vous
devez aller raisonner Julian, annonça-t-elle sans préambule. Cette situation ne
peut durer, il doit entendre ce que Aerith a à lui dire.
    Mais
Gabriel, blessé par la rebuffade qu’il avait essuyée de la part de Julian la
nuit précédente, n’était pas disposé à se montrer coopératif. Il secoua la
tête.
    –  Il ne veut parler à
personne.
    –  À vous il parlera si
vous insistez, vous le savez très bien.
    Le jeune homme hésita.
    –  Ne pensez-vous pas que
ce soit… dangereux ?
    Cassandra comprit sa
réticence. Lui aussi avait remarqué à quel point Julian semblait sérieux quand
il avait menacé de tuer Aerith si elle s’approchait de Laura. Plus inquiétant
encore, que signifiait cette phrase : « Et cette fois, j’irai jusqu’au
bout » ? Fallait-il en déduire que Julian avait déjà tenté
d’assassiner sa femme ? L’expression de son visage lorsqu’il avait
prononcé ces mots ne laissait guère de place au doute.
    –  Aerith restera ici tant
qu’elle n’aura pas vu Julian, se contenta-t-elle d’affirmer. Vous devez aller
le convaincre de s’entretenir avec elle, maintenant.
    Cassandra n’ajouta pas
qu’elle-même était fort curieuse de connaître la raison du retour d’Aerith.
L’évocation de la Russie avait éveillé son intérêt, et elle subodorait des
secrets d’une gravité insoupçonnée.
    Gabriel l’observait sans
mot dire.
    –  Ensuite, elle partira,
insista Cassandra, et vous et Julian reprendrez le cours normal de votre
existence.
    Le jeune homme
paraissait sceptique, mais il finit par acquiescer.
    *
    Lorsqu’il frappa à la
porte de la chambre, Gabriel n’obtint aucune réponse. Il frappa de nouveau,
appela Julian, sans plus de succès. Il se décida alors à entrer. La porte
n’était pas fermée à clé ; elle pivota sans un bruit quand Gabriel la
poussa.
    Une seule lampe était
allumée dans la pièce, à l’opposé de la cheminée devant laquelle était assis
Julian, un verre à la main. Une bouteille de whisky aux trois quarts vide
trônait près de lui sur un guéridon. Il n’avait pas même pris la peine de se
changer et portait toujours sa robe de chambre en cachemire gris perle. Les
traits de son visage étaient noyés dans la pénombre, et Gabriel n’aurait su
dire si son intrusion le contrariait. Néanmoins, il vint s’asseoir dans le
fauteuil qui côtoyait le sien.
    Durant un long moment,
aucun des deux ne souffla mot.
    –  Pardonne-moi,
dit enfin Julian d’un ton las, de t’avoir parlé si durement tout à l’heure.
J’étais bouleversé, et j’avais réellement besoin d’être seul.
    Gabriel,
qui ne possédait pas une nature rancunière, oublia d’un coup ses griefs.
Rasséréné, il se rapprocha de Julian et fut frappé par le profond abattement
qu’il lut sur son visage.
    Il
avait toujours existé une règle tacite entre Julian et lui : il ne
l’interrogeait pas sur son passé, et réciproquement. Chacun souffrait de
blessures qu’il souhaitait ne jamais raviver. Jusqu’à présent,

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