Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
gagner ma confiance !
Amusé, Nicholas croisa
les bras sur sa poitrine.
– Une mise en scène ?
À quoi bon vous garder en vie ?
Il se pencha vers elle
et ajouta d’un ton caressant :
– N’avez-vous donc pas
confiance en moi, Megan ?
Incapable de soutenir
son regard, la jeune fille se concentra sur sa bague.
– Pas la moindre,
riposta-t-elle.
Si
Nicholas fut déçu par sa réponse, il n’en laissa rien paraître. Il se contenta
d’afficher de nouveau son sourire ambigu, que rendaient plus terrible encore
les cicatrices qui couturaient son visage.
– Tant
pis. Mais dans ce cas, pourquoi restez-vous ici à discuter tranquillement avec
moi ?
– Admettons
que je vous croie, repartit vivement Megan qui ne voulait pas s’engager sur ce
terrain. Il y a toujours un point qui demeure obscur : pourquoi
chercherait-on à récupérer cette bague seulement aujourd’hui, alors que je la
porte depuis deux ans déjà ?
Sans
répondre, Nicholas se saisit une nouvelle fois de sa main et fit jouer le
chaton de la bague entre ses doigts. Sous l’effet d’un mécanisme secret, le
rubis qui portait l’ouroboros se souleva, révélant au-dessous un dragon de
perle noire serti dans une émeraude.
Megan en resta pantoise.
– Une deuxième pierre…
– Ce dragon ne vous
évoque-t-il rien ?
Les
sourcils froncés, la jeune fille scruta la chevalière à la lumière de la lampe.
– Non, absolument rien,
pourquoi ?
– Vous comprendrez
bientôt…
– Ce qui signifie ?
– Que
nous allons être amenés à passer beaucoup de temps ensemble dans les jours à
venir, ma chère.
– Et
pourquoi devrais-je passer du temps en votre compagnie ? se cabra Megan.
Vous êtes un menteur et un assassin !
Nicholas se renfonça
dans le siège avec un petit rire.
– Quoi
qu’il en soit, je vous raccompagne chez vous. Vous ne risquez rien là-bas, les
Chevaliers n’oseront pas vous y attaquer. Mais avec ce brouillard, le trajet
risque de durer des heures.
– Dans
ce cas, repartit Megan, comment dois-je vous appeler, puisque Ferguson n’est
pas votre vrai nom ?
– Le plus simple serait
que vous continuiez à m’appeler Nicholas, éluda-t-il avec un sourire.
*
À
l’angle de Baker Street et de Paddington Street, une voiture aux rideaux fermés
stationnait depuis l’instant où Megan et Nicholas avaient pénétré dans la
maison des Ward. Lorsque Nicholas réapparut quelques minutes plus tard sur le
seuil, un homme enveloppé d’un long manteau en descendit et le suivit jusque
dans une ruelle, déserte à cette heure avancée de la nuit. Il n’était plus qu’à
trois pas de Nicholas quand celui-ci prit conscience d’une présence dans son
dos. En alerte, il se retourna promptement, une main posée sur la crosse de son
pistolet.
Il
n’eut que le temps d’apercevoir le bout ferré d’une canne avant que le premier
coup ne l’atteigne à la mâchoire. Le choc fut si violent que Nicholas tomba à
la renverse et roula sur le sol où il demeura quelques secondes immobile. La
respiration saccadée, il tenta de se relever, mais un second coup, dans la
poitrine cette fois, le projeta de nouveau à terre. Il ne put retenir un
gémissement.
Durant
plus d’une minute, la canne s’abattit sans trêve ni relâche, et l’on n’entendit
plus dans la ruelle que les râles sourds de Nicholas auxquels se mêlait le
bruit incessant du bois meurtrissant la chair. Méthodiques, les coups
pleuvaient sur son corps désarmé. L’un d’eux toucha la naissance de son front
et fit jaillir en gerbes de minces filets de sang ; un autre s’écrasa
contre ses côtes avec un horrible craquement.
Enfin,
le châtiment cessa, mais Nicholas demeura étendu sur le pavé humide, le souffle
coupé. Son agresseur se pencha, le saisit brutalement par les cheveux et
approcha son visage ensanglanté du sien.
– Tu
m’as désobéi. Ta mission n’était pas de protéger Megan Ward contre mes hommes.
À l’avenir, rappelle-toi ce que tu me dois et ne me fais pas regretter ton
existence…
XVIII
– Je vous écoute, Stevens.
Assise
à son bureau, les bras croisés, Cassandra faisait face à son serviteur le plus
dévoué, un majordome quelque peu original puisqu’il s’agissait d’un ancien
bagnard à la peau recouverte de tatouages.
– Je
crains que les résultats ne soient décevants, Miss Jamiston (Stevens ne s’était
jamais résolu à appeler Cassandra par son nom de femme
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