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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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visage de l’Empereur, et, à l’autre
bout du vieux continent, lorsque les Celtes veulent parer un de leurs chefs d’un
titre exprimant sa toute-puissance, ils le nomment « Tête de Dragon »,
comme le père du roi Arthur, Uther Penndragon .
Et n’oublions pas qu’en Alchimie traditionnelle, le Dragon n’est autre que le
symbole du Mercure philosophal.
    Et pourtant, il est incontestable que le Dragon est très
souvent l’incarnation du Mal, ou tout au moins des forces mauvaises, négatives,
qui sont à la fois dans l’être humain et dans le monde. Au point de vue
astrologique, et aussi astronomique , la tête
et la queue du Dragon sont les nœuds lunaires, c’est-à-dire des points où se
croisent les trajectoires de la lune et du soleil, les points où se produisent
les éclipses : le Dragon est donc lié à tout ce qui est obscur ou caché, et,
dans ces conditions, il n’est pas étonnant de le rencontrer, dans la plupart
des légendes, comme le gardien des Trésors secrets enfouis dans les cavernes de
la terre.
    Dans les mythologies européennes, le point de départ du
thème du Dragon, identifié très nettement avec un animal ophidien, est
probablement le mythe connu, chez les Grecs, sous le nom d’Echidna, et dont
Hésiode parle abondamment dans sa Théogonie . Parmi
les héros fabuleux nés de la postérité d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre),
se trouve en effet l’abominable et terrifiante Echidna, « enfant
monstrueux, invincible, nullement semblable aux hommes mortels et aux dieux
immortels ». Nous voilà prévenus : il s’agit d’un être intermédiaire,
participant des deux mondes, mais cependant n’appartenant ni à l’un ni à l’autre.
Sa description, par Hésiode, est assez significative : « La divine
Echidna au cœur ferme, moitié nymphe aux yeux noirs, aux belles joues, moitié
serpent monstrueux, horrible, immense, aux couleurs variées, nourrie de chairs
crues dans les antres de la terre divine. Et sa demeure est au fond d’une
caverne, sous une roche creuse, loin des dieux immortels et des hommes mortels ;
car les dieux lui ont donné ces demeures illustres. Et elle était enfermée dans
Arimos, sous la terre, la morne Echidna, la nymphe immortelle, préservée de la
vieillesse et de toute maladie. » Le caractère tellurique de cet être est indéniable.
Et le nom d’Echidna, en grec, signifie tout simplement « vipère ». Et
si le Dragon revêt la plupart du temps un aspect mâle, pour ne pas dire
phallique, n’oublions cependant pas que dans de nombreuses langues, le serpent est
du genre féminin. En tout cas, Echidna est une femme-serpent, et il n’est guère
douteux que la célèbre Mélusine de la légende poitevine ait emprunté
quelques-uns de ses traits à la redoutable Vipère grecque dont Hésiode nous raconte
l’histoire.
    Car Echidna a une histoire : « On dit que Typhôn s’unit
d’amour avec elle, ce Vent impétueux et violent avec cette belle nymphe ».
Hésiode ne s’étend pas sur les circonstances de la rencontre entre l’élément
tellurique qu’est Echidna, enfermée dans sa caverne, et Typhôn, le vent des
tempêtes, élément céleste, mais perturbateur et incontrôlable, dont le domaine s’étend au-dessus de l’univers. Mais cette
rencontre n’est ni fortuite ni sans conséquence : « Elle devient
enceinte, et elle enfanta le monstrueux et ineffable Cerbère, chien d’Hadès, mangeur
de chair crue, à la voix d’airain, aux cinquante têtes, impudent et vigoureux. Et
puis elle enfanta l’odieuse Hydre de Lerne… et puis Chimère au souffle terrible,
affreuse, énorme, cruelle et robuste. Elle avait trois têtes : la première
d’un lion farouche, l’autre d’une chèvre, et la troisième d’un dragon vigoureux.
Lion par le front, dragon par derrière, chèvre par le milieu, elle soufflait
horriblement l’impétuosité d’une flamme ardente. Et puis Echidna enfanta la Sphinx,… et puis le Lion de Némée. »
    Les enfants d’Echidna sont dignes de leur mère. Ce sont des
monstres dont l’action se révèle, du moins apparemment, comme néfaste aux Dieux
comme aux hommes. C’est alors qu’Héraklès, l’homme à tout faire, sera chargé d’en
anéantir quelques-uns, en des combats grandioses qui sont évidemment construits
sur le même canevas mythologique que la lutte de saint Michel contre Satan.
    L’enfant le plus célèbre d’Echidna est certainement le
Sphinx, qu’Hésiode présente

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