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Le prix du sang

Le prix du sang

Titel: Le prix du sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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surprends parfois à trouver tout naturel que mes filles profitent aussi de ce droit, à vingt-et-un ans.
    â€” Je suis heureuse d’avoir cette influence sur toi… Mais ne compte pas sur moi pour convaincre tes collègues plus obtus.
    La main tenait maintenant fermement le sexe devenu raide et amorçait un léger mouvement de va-et-vient. L’enjeu du suffrage féminin s’estompa des esprits. Un bras puissant ramena le corps de Marie tout contre celui de son compagnon, une bouche parcourut son cou, chercha son oreille.
    * * *
    Même si la journée gardait un peu de la chaleur de l’été, la nuit se révélait fraîche. La mauvaise saison s’annonçait déjà; les vitrines ne présentaient plus que des paletots et des chapeaux de feutre. Au moment de quitter la rue d’Auteuil au bras de son amant, Marie demanda :
    â€” Tes filles se portent bien, m’as-tu dit tout à l’heure. Tu les as vues au couvent?
    â€” Ce sera ma routine pour toute la session législative. La messe le matin, et à deux heures, je me présente au parloir du pensionnat. À quatre heures, une vieille religieuse revêche vient me mettre dehors.
    Après un long silence, il poursuivit :
    â€” Toutes les deux paraissent résolues à tirer le meilleur parti de la situation. Amélie a ses amies, Françoise essaie d’apprendre le plus possible.
    Ils parcouraient le chemin Saint-Louis. Les rares passants, tous des hommes, hésitaient avant de les saluer. À cette heure, aucun couple respectable ne se trouvait encore dehors. Le Château Frontenac offrait toutefois des fenêtres brillamment illuminées. Même la nuit, le grand édifice ne s’endormait jamais tout à fait.
    Puis, le couple s’engagea bientôt dans la rue de la Fabrique, et se trouva devant le magasin ALFRED. Paul s’arrêta pour s’entendre dire :
    â€” Nous allons descendre jusqu’au coin, puis revenir vers l’arrière. Ce sera plus discret si je passe par la ruelle.
    Il regarda autour de lui. La rue paraissait déserte, les fenêtres des édifices présentaient autant de grands rectangles sombres. Toutefois, des voisins pouvaient se tapir dans l’obscurité afin de surveiller les environs. Cela méritait un petit détour.
    Dans la cour arrière, la protection d’un mur un peu branlant leur permit d’échanger un dernier baiser brûlant.
    â€” Dans ma routine du dimanche, s’enquit Paul, après le monastère des ursulines, pourrais-je compter te voir?
    â€” Le curé le matin, les religieuses l’après-midi, la pécheresse en soirée. Tu ne crains pas pour ton âme?
    L’homme serra ses bras sur le corps gracile et murmura avec une pointe d’impatience dans la voix :
    â€” Ne dis pas ce mot… pécheresse. Plus jamais.
    Marie fut émue par cette protestation et apprécia encore plus les mots suivants :
    â€” Je ne pense pas cela de toi, je ne pense pas cela de ce que nous vivons ensemble.
    â€” Je retire ce mot, consentit-elle d’une petite voix. Tu as raison, et à moins d’un contretemps, je t’offrirai tous les dimanches que tu désireras…
    Leurs lèvres se soudèrent à nouveau. Marie grimpa ensuite l’escalier de service plutôt raide en se tenant à la rampe, chercha sa clé dans son sac un moment. Le bruit métallique du loquet tiré la fit sursauter. La porte donnant sur la cuisine s’ouvrit pour révéler une Gertrude un peu échevelée, en chemise de nuit.
    â€” J’ai entendu du bruit, grommela-t-elle en se tassant un peu de côté pour laisser passer sa patronne.
    â€” Plutôt, vous êtes restée debout à m’attendre… Comme je vous soupçonne de l’avoir souvent fait à l’époque des frasques d’Alfred.
    La domestique ne daigna pas répondre. Elle s’approcha du poêle et vérifia l’état du feu en approchant sa paume de la surface de fonte.
    â€” Je peux vous faire du thé, si vous voulez.
    â€” Non, cela m’empêcherait de dormir. Bonne nuit.
    Elle s’apprêtait à sortir de la pièce quand Gertrude demanda dans un souffle :
    â€” Il est bien? Je veux dire… comme personne.
    Puis, reprenant ses sens, elle s’empressa d’ajouter :
    â€” Je m’excuse, Madame. Je ne sais pas

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