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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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du linoléum qui luisait de propreté. Carole
avait étalé une bonne couche de pâte à cirer Johnson et l'avait sûrement
frottée avec énergie pour qu'il brille autant.
     
    - Qu'est-ce qu'on
fait, m'man? demanda l'adolescente qui finissait de mettre le couvert. Est-ce
qu'on mange ou on attend Jean-Louis et Richard? Il est presque six heures et
demie. C'est sûr que Richard viendra pas manger et Denise a apporté des
sandwichs à matin pour souper au magasin.
     
    - On va manger
tout de suite, décida Laurette.
     
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    La mère et la
fille se servirent une portion de sauce blanche dans laquelle flottaient des
morceaux d'oeufs à la coque et des pommes de terre et elles se mirent à manger
en silence. Au moment du dessert, Carole se leva pour aller prendre un sac de
biscuits au coco dans le garde-
    manger.
     
    - À cette heure
que le carême est fini, on peut au moins manger du sucré, dit-elle à sa mère en
déposant le sac au centre de la table. J'aime ben mieux ces biscuits-là que les
biscuits Village qui goûtent rien.
     
    - Ils coûtent
plus cher, laissa tomber Laurette en prenant un biscuit qu'elle se mit à
tremper dans sa tasse de thé.
     
    Au moment où la
mère de famille se levait pour aider sa fille à laver la vaisselle sale, la
porte d'entrée s'ouvrit sur Jean-Louis Morin. Le jeune homme avait l'air de
sortir d'un catalogue de chez Dupuis frères, son employeur, tant sa tenue était
impeccable. De taille moyenne, les cheveux bruns soigneusement séparés par une
raie, le commis aux comptes avait un visage aux traits fins barré par une
petite moustache rectiligne et éclairé par des yeux pers.
     
    - Ote tes
souliers, je viens de cirer les planchers, lui cria sa soeur du fond de la
cuisine.
     
    Son frère ne
répondit rien et retira ses souliers avant d'enlever son imperméable beige
qu'il suspendit à un cintre, derrière la porte de sa chambre à coucher. Il fit
de même avec son veston bleu marine et sa cravate bleue avant de venir
rejoindre sa mère et sa soeur dans la cuisine.
     
    - Tu pourrais
peut-être nous dire bonsoir en entrant, lui fit remarquer l'adolescente au
moment où son frère s'assoyait à table.
     
    - Laisse-moi
tranquille, toi, ordonna-t-il à la cadette de la famille. J'ai eu une journée
de fou. Je suis pas d'humeur à me faire écoeurer.
     
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    - Nous autres
aussi, imagine-toi, fit sa soeur sur un ton cassant en prenant sa mère à
témoin.
     
    - Bon. Qu'est-ce
qu'on mange?
     
    - T'as juste à te
lever et aller voir dans les chaudrons sur le poêle, s'empressa de répondre
Carole.
     
    - C'est correct.
     
    - Si c'est
correct, va te servir toi-même. Je suis pas ta servante.
     
    Le jeune homme
lança un regard à sa mère, comme pour la prendre à témoin, mais cette dernière
lui tournait le dos, occupée à récurer un plat. Elle n'avait pas encore ouvert
la bouche. Ce comportement était pour lui signifier son mécontentement. Le
matin même, son fils avait encore tenté de négocier à la baisse le montant de
sa pension hebdomadaire en arguant qu'il soupait chez son ami Cormier deux ou trois
fois par semaine.
     
    - T'as juste à
venir manger à la maison, avait rétorqué sa mère, furieuse. Au cas où tu
l'aurais oublié, t'es pas un étranger ici dedans et tu pourrais peut-être nous
donner un coup de main de temps en temps. J'ai de la misère à arriver,
comprends-tu ça? Essaye donc de faire ta part au lieu de toujours penser à tes
maudites cennes! avait-
    elle ajouté avant
qu'il ne quitte la maison pour aller travailler.
     
    Jean-Louis se
leva après avoir poussé un soupir d'exaspération.
     
    Il tira de sa
poche le montant exact de sa pension qu'il déposa sur le comptoir, près de sa
mère toujours occupée à récurer le même plat. Cette dernière ne leva même pas
les yeux pour vérifier la somme.
     
    - Le même montant
que d'habitude, se contenta-t-il de dire à sa mère avant de s'emparer d'une
assiette propre dans l'armoire.
     
    Il se servit et
regagna sa place à table. Il connaissait suffisamment sa mère pour savoir que
sa bouderie serait de
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    courte durée et
qu'elle consentirait à lui parler de nouveau durant la soirée.
     
    - Maudit que j'ai
mal aux jambes, se plaignit Laurette.
     
    J'arrive pas à
m'habituer à passer toutes mes journées debout, ajouta-t-elle à l'endroit de sa
fille qui essuyait la vaisselle à ses côtés.
     
    - Vous pouvez pas
demander de changer de place avec une autre, m'man? demanda

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