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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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a oubliées et
elles débordent.
     
    Son fils se
contenta de hocher la tête en mordant dans la rôtie qu'il venait de tartiner de
marmelade.
     
    Gilles et Denise
se levèrent quelques minutes après le départ de leur mère et déjeunèrent en
prenant soin de ne pas réveiller leur père. A huit heures, quand ce dernier
ouvrit les yeux, la maison était étrangement silencieuse. Il n'entendait que le
bruit diffus de ce qu'il supposa être le moteur d'une laveuse chez les nouveaux
voisins qui habitaient l'appartement situé à l'étage. Il jeta un coup d'oeil au
réveille-matin et se dépêcha de se lever. Il était seul dans l'appartement.
     
    Après un rapide
déjeuner, il sortit un instant sur le balcon. Il faisait déjà chaud. Il quitta
le balcon et alla s'appuyer contre la petite clôture qui limitait la cour des
Morin pour voir de plus près la grande cour commune. Il respira avec plaisir
les odeurs familières en provenance de la Dominion Rubber et de la Dominion
Oilcloth. Il était chez lui, dans son monde. Il avait bien cru ne jamais
pouvoir y revenir. En revenant vers le balcon, une goutte d'eau frappa son
épaule. Il leva la tête pour s'apercevoir qu'elle provenait de vêtements que la
nouvelle voisine venait d'étendre sur sa corde à linge.
     
    Au même moment,
la porte de ses nouveaux voisins s'ouvrit pour livrer passage à une grosse et
grande femme chargée d'un lourd panier de vêtements mouillés. Gérard la salua
de la tête et rentra chez lui, non sans avoir eu le temps de remarquer que Rose
Beaulieu avait pratiquement la même corpulence que sa Laurette, tout en étant
un peu plus grande.
     
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    Peu après, il
quitta son appartement. À sa vue, la voisine de droite, Catherine Bélanger,
occupée à balayer le pas de sa porte, eut un sursaut. Ignorant délibérément son
air étonné, Gérard Morin la salua avec bonne humeur avant de se diriger sans
trop se presser vers la Dominion Rubber, sur la rue Notre-Dame. Avant d'arriver
au coin de la rue, il se retrouva face à face avec Cécile Paquin en grande
conversation avec une inconnue. La veuve lui adressa un large sourire.
     
    - Bonjour,
monsieur Morin. C'est votre femme qui doit être contente de vous revoir.
     
    - Elle a pas
l'air trop fâchée, fit Gérard, pressé de mettre fin à cette conversation devant
l'autre voisine qu'il voyait pour la première fois. Vous m'excuserez, il faut
que je me dépêche. Je dois aller à la compagnie.
     
    Il ne tenait pas
à ce que la veuve lui demande des nouvelles de sa santé. Il dépassa les deux
femmes et s'empressa de tourner sur la rue Fullum. Si Laurette avait caché sa
maladie aux gens du quartier, ces derniers allaient sûrement se demander d'où
il sortait. La plupart avaient dû finir par croire qu'il avait abandonné sa
femme et ses enfants.
     
    Quelques minutes
plus tard, il poussa la porte du bureau du personnel de la Dominion Rubber.
Revoir les lieux où il avait travaillé tant d'années lui faisait chaud au
coeur, mais il se sentait mal à l'aise de se trouver dans ce bureau où il
n'avait mis les pieds qu'à une ou deux reprises. Il n'avait qu'une hâte,
remettre son sarrau gris et se retrouver derrière le comptoir du magasin en
train de gérer les pièces soigneusement rangées et étiquetées sur les tablettes
de son département.
     
    Dès son entrée
dans le bureau, Joseph Lanctôt, le petit homme à demi chauve qui avait
accueilli Laurette trois ans plus tôt, vint à sa rencontre. L'ancien magasinier
se
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    présenta, mais
rien dans la réaction de Lanctôt n'indiqua qu'il le reconnaissait.
     
    - J'ai arrêté de
travailler ici il y a trois ans parce que j'étais malade, dut expliquer Gérard.
J'ai été magasinier vingt-deux ans. À cette heure, je suis guéri. Je me
demandais s'il y aurait pas de l'ouvrage pour moi, ajouta-t-il avec la gênante
impression de quémander.
     
    L'employé parut
soudain se souvenir et se fit alors un peu plus chaleureux.
     
    - Je me rappelle.
Attendez. On a dû garder votre dossier dans les filières. Assoyez-vous. Je vais
le sortir et aller voir si monsieur Gingras peut vous recevoir.
     
    - Monsieur
Gingras?
     
    - Oui. C'est
notre nouveau directeur du personnel depuis un an.
     
    Sur ce, Joseph
Lanctôt ouvrit un tiroir de classeur dans lequel il fouilla avant d'en tirer
une chemise cartonnée beige. Il adressa un sourire rassurant à Gérard avant
d'aller frapper à la vitre dépolie d'une porte au fond de la pièce.
     
    Il

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