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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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des Romains,
les oiseaux, les loirs [3578] ou les poissons dont la taille excède la grandeur ordinaire, excitent la
plus sérieuse attention : on apporte des balances pour s’assurer du poids ; et,
tandis que quelques convives, plus sensés détournent leurs regards de cette
fastidieuse répétition, des notaires sont mandés et viennent dresser un
procès-verbal de ce merveilleux événement. La profession de joueur est encore
un moyen sûr de s’introduire dans la familiarité des grands. Les confédérés
sont unis par un lied indissoluble d’attachement, ou plutôt par une sorte de
conspiration ; et un degré de science supérieure dans l’art tessérarien (qu’on petit regarder comme le jeu de trictrac) [3579] est un moyen
sûr d’acquérir de l’opulence et de la réputation. Un maître de cet art sublime,
qui, dans un souper ou dans une assemblée, se trouve placé au-dessous d’un
magistrat, fait voir dans son maintien cette surprise et cette indignation qu’a
pu éprouver Caton lorsqu’un peuple capricieux lui refusa son suffrage pour la
préture. L’envie de s’instruire prend rarement à des nobles, qui abhorrent
toute espèce de fatigue et méprisent tous les avantages de l’étude. Les satires
de Juvénal, les verbeuses, et fabuleuses histoires de Marius Maximus, sont les
seuls livres qu’ils se permettent de lire [3580] . Les
bibliothèques qu’ils ont héritées de leurs pères sont fermées comme des
sépulcres, et le jour n’y pénètre jamais [3581] ; mais ils
font fabriquer pour leur usage de dispendieux instruments de théâtre, des
flûtes, d’énormes lyres, des orgues hydrauliques et les palais de Rome
retentissent sans cesse de la voix des chanteurs et du son des instruments.
Dans ces palais, on préfère le son au bon sens ; et l’on s’occupe beaucoup plus
du corps que de l’esprit. On y adopte pour maxime que le plus léger soupçon
d’une maladie contagieuse est une excuse qui dispense les plus intimes amis de
se rendre visite ; et si, dans ces occasions, l’on envoie par décence un
domestique savoir des nouvelles, il ne rentre dans la maison qu’après s’être
purifié par un bain. Cependant cette crainte égoïste et pusillanime cède, dans
l’occasion, à l’avarice, passion plus impérieuse encore. L’espoir du moindre
gain conduira jusqu’à Spolète un sénateur riche ; et l’espoir d’une succession
ou même d’un legs fait disparaître l’arrogance et la fierté. Un citoyen riche
et sans enfants est le plus puissant des Romains. Ils sont très experts dans
l’art d’obtenir la signature d’un testament favorable, et même de hâter le
moment de la jouissance. Il est arrivé que, dans la même maison, le mari et la
femme ont appelé séparément chacun son notaire dans un appartement différent,
et, dans la louable intention de se survivre l’un à l’autre, ont fait au même
instant des dispositions tout à fait opposées. La détresse, qui est la suite et
la punition d’un luxe extravagant, réduit souvent ces nobles orgueilleux aux
plus honteux expédients. S’agit-il d’emprunter, ils deviennent bas et rampants
comme l’esclave dans la comédie ; mais quand le malheureux créancier réclame
son argent, ils prennent le ton tragique et impérieux des petits-fils d’Hercule ;
si le demandeur les importune, ils obtiennent aisément d’un des vils agents de
leurs plaisirs une accusation de poison ou de magie contre le créancier
insolent, qui sort rarement de prison sans avoir donné quittance de toute la
dette. Aux vices honteux dont les Romains sont infectés, se joint une
superstition ridicule qui déshonore leur jugement. Ils écoutent avec crédulité
les prédictions des aruspices, quel prétendent lire dans les entrailles d’une
victime les signes de leur grandeur future et de leur prospérité ; il s’en
trouve un grand nombre qui n’oseraient ni prendre le bain, ni dîner, ni
paraître en public, avant d’avoir consulté avec soin selon les règles
l’astrologie, la position de Mercure et l’aspect de la lune [3582] . Il est
assez plaisant de découvrir cette crédulité chez des sceptiques impies, qui
osent nier ou révoquer en doute l’existence d’un pouvoir céleste .
    Dans les villes très peuplées, où fleurissent le commence et
les manufactures, les habitants de la classe mitoyenne, qui tirent leur subsistance
du travail ou de l’adresse de leurs mains, et se produisent en plus grand
nombre que les autres, sont

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