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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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avoir
trépassé peu de temps après s’être retiré, vers neuf heures du soir.
    – Il a bien été empoisonné ?
    Athelstan jeta un coup d’œil inquiet au coroner qui
venait d’avaler deux gobelets de vin coup sur coup et, affalé dans sa chaire, berçait
sa coupe comme une mère bercerait son bébé, les yeux clos, un sourire béat aux
lèvres.
    – Oh oui, répondit Gand en haussant le ton comme
pour réveiller le magistrat. Bouche et langue décolorées, pâleur de marbre et
marques sur le ventre et les cuisses.
    – Et comment a-t-on administré le toxique ?
    Jean de Gand se gratta la poitrine et regarda le coroner
avec irritation.
    – Si je le savais, mon père, répondit-il, agacé, vous
ne seriez point céans. La chambre était fermée de l’intérieur. Un garde se
tenait au bout du couloir. Il n’y a ni fenêtre – mis à part une meurtrière – ni
entrées dérobées ; rien. Serriem avait absorbé un peu de vin avant de se
retirer mais, quand Limbright a forcé l’huis, en présence de témoins, il n’y
avait nulle trace de poison dans la coupe. On a fouillé la pièce de fond en
comble. On n’a rien trouvé de suspect.
    – Et quand Sir Guillaum avait-il soupé ? s’enquit
Athelstan.
    – Vers sept heures, avec le reste de la compagnie.
Ils ont tous bu et mangé la même chose, puis ont joué aux échecs dans la
grand-salle.
    – N’aurait-on pas pu administrer le poison à ce
moment-là ?
    – J’en doute. Ils ont partagé le même pichet de
vin et il ne s’est rien passé d’insolite.
    Le magistrat ouvrit les yeux et se rencogna. Il posa
sa coupe devant lui sur la table et commenta :
    – Bien entendu, les Français sont indignés, à
présent ?
    – Ah, Sir John, je suis heureux que vous soyez
revenu parmi nous !
    – Monseigneur, je ne vous ai jamais quitté.
    Le régent eut un petit rire.
    – C’est vrai, John. Vous pouvez deviner ce qui
est arrivé. En accord avec les lois et les usages de la guerre, nous détenons
les prisonniers jusqu’à l’obtention d’une rançon. Les Français exigent
réparation et justice.
    – Mais il y a autre chose, n’est-ce pas ?
    – Oui, John, il y a autre chose. Voilà une
semaine, nous avons conclu une trêve, tout à fait à notre avantage, avec la
France. Plus de combats, ni sur terre ni sur mer.
    – Et si la France croit, l’interrompit le
dominicain, que nous tuons des otages, des hommes de qualité…
    – C’est exact ! Elle pourrait y voir un casus belli, un prétexte pour reprendre la guerre, et la trêve, que les
légats du pape ont établie avec tant de peine, serait rompue.
    – Vous estimez que Serriem a été assassiné, n’est-ce
pas ? insista Athelstan. Ce n’était ni un accident ni un suicide ?
    Gand fit une grimace et un signe de dénégation.
    – Serriem avait épouse et enfants en France et
désirait par-dessus tout rentrer chez lui.
    Il se retourna et claqua des doigts.
    – Maurice, voulez-vous aller quérir messire de
Fontanel ? Non seulement, ajouta-t-il d’un ton las, il faut que justice
soit faite, mais il faut encore que ce soit au vu et au su de tous !
    Le chevalier sortit. Le régent fixa d’un air morne les
parchemins qui jonchaient la table. Il ne bougea même pas quand Sir John se
leva pour remplir son gobet. Athelstan embrassa la pièce du regard. Il se
demanda ce qu’il en était vraiment de cette histoire. Gand était fuyant comme
un poisson et Athelstan savait que le coroner et lui étaient sur le point de se
lancer à la poursuite d’un fils de Caïn aux mains tachées de sang, d’un
assassin, d’un meurtrier. Ils allaient pénétrer dans le domaine des démons pour
faire jaillir la vérité et rendre justice, mais ce n’était jamais simple.
    Il s’apprêtait à poser des questions quand il ouït un
bruit de pas. Sir Maurice entra dans la salle. L’homme qui le suivait portait
une houppelande et, retenue à la taille par une ceinture d’argent, une longue
tunique à col haut qui lui arrivait sous les genoux. Il était chaussé de
heusses souples décorées de boucles d’argent et une fleur de lys en pierres
fines, suspendue à une chaîne d’or, ornait son cou. Il avait des cheveux d’un
roux éclatant, un visage blanc et bouffi, et un nez busqué. Ses arrogants
petits yeux étaient rapprochés, ses lèvres minces et exsangues. Ce devait être
un homme emporté, se dit Athelstan, rusé et malin comme la fouine à laquelle il
ressemblait. Mais aussi un

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