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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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Leunois, qui en rend compte
dans la Révolution prolétarienne du 25 septembre, y a étudié les
conditions de travail et les salaires. Il n’y a ni travail aux pièces, ni prime
de rendement, ni allocation pour charges de famille. Les victimes d’accident du
travail touchent leur salaire intégral pendant sept jours, au lieu de cinq
avant la révolution. Le travail se fait à la chaîne, mais sur un rythme lent.
Le Comité ouvrier a fixé aux salaires un plafond : 1 500 pesetas mensuels,
ce que reçoivent directeur et sous-directeur. Les ouvriers gagnent 22,4 à 36
pesetas par jour de travail effectif, les employés de 500 à 1 200 pesetas par
mois. Tous subissent une retenue de 13 % destinée aux chômeurs et aux trente
ouvriers de l’usine qui sont au front comme miliciens. Le Comité ouvrier a
maintenu l’ancienne échelle des salaires au-dessous de 1 500 pesetas, car « les
catégories qui auraient été touchées par une unification des salaires
protestèrent : elles considéraient comme inadmissible d’avoir fait la
révolution pour aboutir à une diminution de salaires ».
    La Fomento de Obras y construcciones, entreprise de
travaux publics au capital de 75 millions de pesetas, comptait 600 ouvriers
avant la révolution. Elle est dirigée par un Comité ouvrier provisoire de
militants C.N.T. et U.G.T. proportionnellement au nombre d’adhérents des
centrales. Il y a plus de 300 ouvriers dans les milices. Ceux qui restent
travaillent 40 heures et reçoivent le salaire de 48 augmenté de 15 %. Le
Libertaire du 23 octobre rapporte que les livres de compte ont été ouverts
et que c’est la suppression des « rongeurs » qui a permis d’augmenter les
salaires. Il n’y a plus de contremaîtres, mais des responsables élus sur les
chantiers, et, sur les plus importants, des « techniciens manuels » n’ayant
aucun droit de regard sur le rendement.
     Les ateliers de construction navale de l’Union naval de
Levante à Valence qui comptent 1 400 ouvriers, syndiqués en proportions
égales à l’U.G.T. et à la C.N.T., sont dirigés par un Comité ouvrier de sept
membres élus pour six mois et qui siègent, pour toutes les décisions avec deux
techniciens, le directeur technique et le chef des ateliers. Dès la révolution,
l’entreprise abandonne la construction pour se consacrer aux réparations.
    L’industrie de la pêche a été collectivisée à Gijon sous la
direction d’un Comité de contrôle syndical qui remet le poisson aux Comités
ouvriers de ravitaillement. Ni les ouvriers ni les pêcheurs ne reçoivent de
salaire : les Comités de ravitaillement leur remettent les produits
alimentaires sur présentation d’un carnet de consommation. A Laredo, toutes les
embarcations ont été saisies sous la direction d’un Comité d’économie de douze
membres, six de la C.N.T., et six de l’U.G.T. C’est par lui que passe tout le
poisson pêché. Une fois retenues les dépenses et 45 % pour l’amélioration du
matériel, le reste du produit de la vente est partagé également entre tous les
« travailleurs de la mer ». Le pêcheur de Lareda gagne 64 pesetas par
semaine, beaucoup plus que du temps des armateurs et des grossistes.
    La collectivisation des salles de cinéma de Barcelone a été
à la fois proposée comme modèle par le C.N.T. et tournée en ridicule par ses
adversaires. Toutes les salles de la, capitale sont groupées dans une
entreprise unique dirigée par un comite de dix-sept membres, dont deux sont
élus par l’assemblée générale et les quinze autres par les travailleurs des
différentes catégories professionnelles. Les élus, dégagés de leur travail,
reçoivent le salaire de leurs camarades de même qualification. Les salaires
varient avec les entrées hebdomadaires, la recette étant répartie suivant un
coefficient différent pour chaque catégorie (1 pour la préposée aux W.-C., 1,5
pour un opérateur). Le plafond hebdomadaire est fixé à 175 pesetas, les
bénéfices éventuels allant à la caisse du syndicat. Chaque travailleur est
considéré comme propriétaire de son emploi : il faut une majorité des trois
quarts en assemblée générale pour décider d’une sanction. Il est prévu un mois
et demi de vacances annuelles, dont quinze jours en hiver. En cas de maladie ou
de chômage le travailleur touche intégralement son salaire normal, et, en cas d’invalidité,
un salaire proportionnel à ses charges ne pouvant en aucun cas être inférieur à
75 %

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