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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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abasourdi.
    Julian était également sous le choc. Partagé entre
incrédulité et appréhension, il ne pouvait détacher ses yeux du jeune homme.
    —  Gabriel…
    Le rouge monta aux joues de Werner, et son visage se
crispa comme s’il venait de subir un terrible affront.
    —  Gabriel ?
Depuis quand as-tu un nom ? siffla-t-il d’un air outragé en décochant un
regard venimeux à Julian. Décidément… Ne te fais aucune illusion néanmoins, ta
pathétique intervention ne m’empêchera pas d’éclairer ton amant sur ton compte.
Où en étais-je déjà ? Oui, Gabriel, puisque vous l’appelez ainsi, a mené
une vie fort peu honorable jusqu’à présent…
    —  Non,
implora Gabriel, pâle comme la mort.
    Werner demeura sourd à cette supplique déchirante.
    —  Il
apprendra la vérité, que cela te plaise ou non ! rugit-il, inflexible.
    Il se tourna vers Julian, les yeux luisants d’un plaisir
mauvais.
    —  Je
l’ai trouvé dans une maison close, un bordel ! éructa-t-il triomphalement.
Il s’y prostituait depuis l’âge de huit
ans ! Que dites-vous de cela, Lord Ashcroft ? Êtes-vous
offusqué ? Déçu ? Je tiens toutefois à vous rassurer : seuls des
hommes de qualité, de véritables gentlemen, fréquentaient l’établissement au sein
duquel il travaillait. Je vais peut-être vous décevoir, Milord, mais vous
n’êtes pas le premier aristocrate à partager son lit, loin de là ! Si cela
peut vous consoler, Gabriel était le pensionnaire le plus demandé de la
maison ; tous les clients en étaient fous. Il faut dire qu’il est très
beau, vous ne me contredirez pas sur ce point, je suppose ? Ce visage
d’ange… cette peau qui marque si facilement… ces cicatrices délicieusement
excitantes… Et rendre la vie à ses yeux éteints, quel défi pour les habitués de
la maison !
    Anéanti, Gabriel s’était affalé contre le mur et ne
regardait personne. Julian s’était figé, bouleversé par ces révélations ;
chaque mot prononcé par Werner s’enfonçait comme un poignard dans son cœur. Mal
à l’aise, Cassandra oscillait pour sa part entre le dégoût, la confusion et la
colère.
    Impitoyable, le vieil homme continuait à distiller son
poison avec une jouissance croissante.
    —  J’ai
moi-même été un de ses habitués les plus assidus durant plusieurs années.
Lorsque le Cercle du Phénix a été créé, j’ai tout de suite pensé qu’il ferait
un fabuleux homme de main, et je ne m’étais pas trompé. Il faut voir les choses
en face, Lord Ashcroft, aussi douloureux que cela puisse être : les deux
seuls talents de ce garçon sont la prostitution et le meurtre.
    Gabriel laissa échapper un gémissement sourd.
    —  J’espère
vous avoir édifié sur la personnalité de votre protégé, conclut Werner avec
délectation. Réfléchissez bien avant de vous engager plus sérieusement avec
lui, car ce garçon pourrait vous attirer maints ennuis, même si je suis le
premier à reconnaître qu’il possède des qualités inestimables… dans l’intimité
tout du moins.
    Il éclata d’un rire cruel, conscient du mal qu’il avait
infligé et s’en réjouissant sans vergogne.
    Littéralement exsangue, Gabriel semblait prêt à
défaillir. Près de lui, Julian s’était statufié.
    Werner, le regard fou, ajouta d’une voix très
basse :
    —  Certains
le trouvaient froid, et avaient l’impression de faire l’amour à un morceau de
marbre, mais sa remarquable beauté suffisait à pallier ce léger inconvénient,
et…
    Il ne put achever sa phrase : les yeux flamboyants,
Julian marcha sur lui et lui décocha un violent coup de poing dans la mâchoire.
Sous l’impact du choc, Werner vacilla et dut se retenir au mur pour ne pas tomber.
Après lui avoir jeté un dernier regard débordant de haine et de mépris, Julian
fit volte-face et sortit de la pièce d’un pas précipité. Gabriel resta un
instant immobile, indécis, puis s’empressa à son tour de quitter les lieux.
    Une expression d’intense douleur contracta alors les
traits de Werner. Surprise, Cassandra le scruta avec attention. Était-ce du
désespoir qu’elle lisait sur son visage d’ordinaire si impavide ? Mais
l’impression fut fugitive. Déjà, Werner avait revêtu son manteau de glaciale
impassibilité, et la profonde détresse qui l’habitait une seconde plus tôt
s’était évaporée. Un peu de sang coulait de sa lèvre inférieure, et il l’essuya
avec son mouchoir. Pour la première

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