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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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spectacle de ses molosses affamés, il consent à leur accorder leur nourriture. Au bout d’une pique de bois, il introduit dans les cages, un par un, les morceaux sanguinolents, déclenchant un sursaut de férocité dans sa meute. Les bêtes se battent entre elles pour se disputer la viande. Bientôt, on n’entend plus dans la clairière que des grondements sourds et un furieux bruit de mastication. L’homme les regarde faire un moment, puis regagne sa chaumière
    Brusquement, il s’étrangle et suffoque. Le bras de Touvenel vient d’enserrer son cou. Il se débat, soulevé de terre. Il gigote si bien qu’il parvient à se libérer et, se retournant d’un seul coup contre son agresseur, réussit à le faire chuter. Il ramasse sa pique et la pointe sur le chevalier. Touvenel roule sur lui-même, se relève et sort sa dague. Les deux adversaires se font face et tournent en rond, se surveillant, cherchant à savoir qui attaquera le premier. L’homme surprend Touvenel en levant brusquement sa pique et en l’abattant sur son cou. Le chevalier titube. L’autre en profite pour se lancer, cette fois, pointe en avant, visant le ventre. Mais Touvenel, d’un bond de côté, saisit la pique, la lui arrache des mains et la jette au loin. Il s’approche, la dague menaçante, les lèvres crispées.
    — Ho ! l’inconnu ! lui crie l’autre. Tu me sembles noble, à ton habit. Un noble se battrait-il avec une lame contre un manant désarmé ?
    Piqué par la réflexion, Touvenel desserre les doigts et laisse tomber sa dague à ses pieds.
    — Alors, ce sera à mains nues ! rétorque-t-il. Et ce que je veux, canaille, tu ne vas pas tarder à le savoir.
    Tous deux se jettent l’un sur l’autre. Ils s’agrippent hargneusement. Leurs pieds glissent dans la terre boueuse labourée par les porcs. Ils perdent l’équilibre. Son adversaire entraîne Touvenel dans sa chute. Ils roulent l’un sur l’autre, jouant des jambes et des mains, se frappant comme ils peuvent au visage et au ventre, avec des cris sauvages. Son rival enfin immobilisé, allongé dos dans la boue, sa main serrée sur son cou, Touvenel se penche pour lui souffler au visage :
    — Maintenant, bâtard, tu vas me dire…
    Mais, comme il relâche sa pression pour permettre à l’autre de parler, celui-ci, dans un soubresaut, relève la tête et lui mord l’oreille. Touvenel hurle de douleur. Il lui faut toute sa force, en lui enfonçant les doigts dans les yeux, pour lui faire lâcher prise. Il parvient enfin à le retourner ventre contre terre, la face écrasée dans la boue. À genoux sur ses reins, il pèse de tout son poids sur lui, jusqu’à ce que l’autre ne bouge plus. Alors seulement, il lui tire la tête en arrière, prêt à lui briser les vertèbres du cou. L’homme halète, un tremblement de panique l’agite.
    — Ton nom ? demande Touvenel
    — Germain.
    — Germain comment ?
    — Germain Lopin.
    — Tu es d’ici ou d’ailleurs ?
    — D’ici.
    — Tu connais les terres de Carrère ?
    — Non !
    De sa main libre, Touvenel détache sa bourse, y plonge la main et en sort les deux boucles d’oreilles récupérées chez Baruch.
    — Regarde ça. Tu te souviens ?
    Il desserre son étreinte. Son adversaire retrouve péniblement sa respiration.
    — Non. Qui es-tu ?
    — Bertrand de Touvenel, seigneur de Carrère. Tu vas me raconter.
    — Va au diable ! se contente de répondre Germain.
    Sans émotion, Touvenel pèse de nouveau sur lui et tord son bras en arrière jusqu’à entendre le bruit de l’os cassé. Germain hurle de douleur. Touvenel s’empare de l’autre bras et commence à le tordre de la même façon.
    — Non ! supplie l’homme.
    — Alors, fais un effort de mémoire, canaille.
    Touvenel lâche son bras, le saisit par sa tignasse et le fait rouler sur lui-même pour mieux voir son visage. Bien que grimaçant de souffrance, Germain ne se résout pas à parler.
    — Avec qui étais-tu lors de l’expédition contre mon château ? insiste Touvenel. Je veux leurs noms !
    — J’ai oublié, gémit Germain, la bouche ouverte, les lèvres tremblantes, cherchant désespérément à aspirer une bouffée d’air.
    — Dépêche-toi ! lui conseille Touvenel. Un nom ! Un seul, si tu veux. Mais le bon.
    — Roland de Carnule, halète Germain.
    — On le trouve où ?
    — Au cimetière de Limoux, parvient-il à dire avec un rire sardonique.
    Touvenel, de rage, lui enfonce une nouvelle fois le

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