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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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les vêtements des enfants, de la beauté inquiétante de l’automne sibérien, et d’autres détails de la vie loin des combats.
    Tania se pencha en avant, curieuse de savoir qui écrivait à Vassili Grigorievitch Zaïtsev. Il tripotait l’enveloppe en semblant admirer le courage qu’il lui avait fallu pour arriver jusqu’à lui. Il la tint devant lui à deux mains.
    — C’est de mon unité, dans la marine du Pacifique. De Vladivostok.
    Tous les yeux convergèrent vers le Lièvre et sa première lettre. Il commença à lire à voix haute :
    — » Cher Vasha. Nous avons eu de tes nouvelles en lisant Pour la défense de notre pays. Qui aurait prédit que notre ami, le petit comptable, deviendrait un héros ? »
    Pardessus la lettre, Zaïtsev jeta un coup d’œil aux autres.
    Tania vit Shaïkine et Koulikov retenir un rire.
    — Oui, j’étais gratte-papier, confirma Zaïtsev d’une voix calme. Ça veut dire que je connais l’alphabet, que je sais faire des additions et des soustractions. Ça vous dérange ?
    Il revint à la lettre, répéta « un héros », regarda de nouveau rapidement les autres et poursuivit :
    — » Ici au bout du monde, nous nous souvenons de toi avec affection et nous portons des toasts à ton nom. Nous nous tenons au courant de tes exploits en lisant le journal et nous avons affiché ton tableau de chasse sur un mur de la cuisine. Chaque fois qu’on parle de toi dans le journal, nous buvons au dernier Boche que tu as tué. Tu nous fais sacrément boire, Vasha, mais on peut encore encaisser. Nous avons lu cet article où on dit que tu portes encore ton maillot de marin. N’oublie jamais que tu es un marin comme nous. Tu tiens ta force des vagues bleues et de l’écume blanche, si loin de nous que tu combattes maintenant. Nous savons que toi et tes camarades arrêterez les nazis à Stalingrad. À nous la victoire. Bonne chance. Nous te serrons dans nos bras. »
    Zaïtsev replia la lettre, la glissa dans l’enveloppe. Selon l’usage, les tireurs d’élite applaudirent. Il n’est pas gêné, pensa Tania, il s’est habitué aux feux de la rampe.
    Le Lièvre s’assit ; Danilov s’avança au milieu de la casemate avec la deuxième missive.
    — J’ai là une lettre d’une jeune fille de Tcheliabinsk. Il est écrit sur l’enveloppe qu’elle doit aller au soldat le plus courageux. Qui ça peut être ?
    Tania parcourut le bunker des yeux, arrêta son regard sur Anatoli Tchekov. Comme elle, il n’avait pas reçu une seule lettre depuis qu’il avait quitté sa maison. Sa famille vivait en Ukraine, derrière les lignes allemandes. Sachant qu’elle aussi avait de la famille dans une République occupée, il confiait souvent ses inquiétudes à la jeune femme. Ces derniers temps, il montrait des signes d’abattement. La tension cernait ses yeux, ridait son front. Dans cette scène lamentable avec Tchebibouline, on ne retrouvait plus le braconnier courageux et facile à vivre. Tchekov craquait. Tania et Shaïkine avaient justement parlé de lui la veille : il buvait de plus en plus, avait des sautes d’humeur imprévisibles. Le régime imposé au tireur d’élite était très différent de celui du fantassin : la solitude, le manque de sommeil, le danger permanent des missions sur le front, la rivalité entre tireurs (malgré les efforts de Zaïtsev et de Danilov pour souder l’unité dans l’attachement aux idéaux socialistes) et les tueries. Même de loin, en silence, ils voyaient le sang grossi par la lunette, ils voyaient l’ennemi surpris agiter les bras et tomber. Tout cela minait l’esprit. Tania savait combien était désolé le refuge intérieur où le tireur cherchait un moment de réconfort. Aussi morne et dévasté que la ville bombardée qui les attendait dehors dans la nuit froide. La pression ne cessait jamais, on n’y échappait qu’un court instant en appuyant sur la détente. Ces dernières semaines, Tchekov avait noyé ses visions cauchemardesques dans la vodka. Tous les lièvres continuaient à l’aimer, pourtant. Si l’alcool ombrageait sa bonne humeur, il n’éteignait pas son ardeur à se battre.
    — Anatoli ! s’écria Tania. La lettre est pour lui, bien sûr.
    Plusieurs tireurs approuvèrent de la tête, Zaïtsev aussi, Danilov s’approcha de l’endroit où Tchekov était assis, les jambes étendues devant lui. Les pointes de ses bottes s’agitaient nerveusement. Le commissaire lui tendit la lettre, lui fit signe de se lever.
    Tchekov

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